Le printemps des deux Richard

2011/04/22 | Par Ginette Leroux

Le printemps sera doux et apaisant, ardent et romantique. Le 19 avril, Richard Desjardins revient avec L’existoire, son huitième album, le premier depuis Kanasuta, sorti en 2003.

Ce nouvel opus réunit quatorze chansons et pièces musicales où s’entrecroisent des personnages, héros aux histoires épiques qui ont vu, souffert et appris rudement la vie. Comme ce naufragé « en dérive, en que’que part sur l’Atlantique Nord », échoué en Irlande dans les bras d’Irene. Comme la serveuse du snack-bar du coin qui en a vu d’autres, ne demande pas grand-chose, seulement quelqu’un de pas trop rock’n’roll, peut-être aussi pas trop rose avec « juste un petit tatou sur son épaule ». Parce que « Quesse ça donne d’être heureux si t’es pas en amour », demande Roger Guntacker dans la chanson du même nom.

Que d’amours inquiètes, désespérées, arrachantes chez Richard Desjardins. Toutes les filles comme Elsie qui pleurent le départ du gars qu’elles aiment : « Paraît que ton contrat achève. Tu r’prends l’avion à’fin du mois. Écoute un peu, je serai brève. Tu vas m’manquer, pas juste à moi ». Une chanson que lui a inspirée Élisapie Isaac.

« Dans le Dolorama de ma rue dormaient des œufs de Chinoise / Pâques sur terre / Le gérant m’invita dans son hangar voir son océan turquoise / extraordinaire », paroles extraites de L’existoire, la pièce charnière de l’album, propose un texte surréaliste, parsemé d’images fantasmées, une sorte de prière « ô Dieu grand protecteur des bêtes à croire ».

C’est tellement, tellement beau qu’on se laisse glisser sans retenue, abandonnés à la voix et aux paroles harmonieuses du grand « loup alpha » du Nord, entouré d’une gang de musiciens de grand talent et de ses deux choristes.



L’appel à la paix

Le 14 avril dernier, Richard Séguin lançait Appalaches, son 17e album. Onze chansons inspirées au fil de ses déambulations à Saint-Venant-de-Paquette, son village d’adoption estrien, un coin de pays qui, depuis plus de trente ans, habite ses chansons.

Les paroles sont imprégnées du geste de marcher, qui, chez lui, revêt une valeur métaphorique à la base de sa création. Il fait ainsi référence aux marches de protestations où s’expriment, dans la rue « l’usure des mondes » dans la magnifique chanson De colères et d’espoir dont voici un extrait : « Marcher, marcher / Le tonnerre en mémoire / Marcher, marcher / De colères et d’espoir ».

Sur les paroles de Marc Chabot, la Lettre au PM est une chanson sur la militarisation de la société, une mesure chère au gouvernement Harper qui ne cesse d’augmenter les dépenses consenties à l’armée. Celles-ci dépassent, et de loin, celles des besoins en éducation, en santé et en culture, dénonce Richard Séguin en entrevue à la Première chaîne de radio de Radio-Canada.

Dans cette lettre, il crie son indignation face à un gouvernement qui recrute des jeunes « Demain ma grande fille / Partira pour la guerre / Tristesse humanitaire / C’est une idéaliste / Et même une pacifiste », devant un premier ministre qui se moque de la démocratie « Même en démocratie / Vous n’voulez d’mon avis ». Un véritable plaidoyer pour la paix.

L’auteur-compositeur-interprète propose des textes plus murmurés que scandés à la manière des protest songs américaines des années 1960. Pour créer un maximum d’effets, il s’accompagne à la guitare acoustique.

« Écris, écris » Richard, ta grogne nous fait du bien. Elle nous tient en éveil, nous aide à résister.

Les deux Richard, Richard Desjardins et Richard Séguin, deux frères d’armes, gens de paroles et virtuoses de l’essence québécoise, nous ressemblent et nous rassemblent.

Sur étiquette Foukinic, L’existoire est disponible chez les disquaires et en téléchargement dès le 19 avril.

Sur étiquette Spectra Musique, Appalaches est disponible en magasin.