Programme de procréation assistée

2011/04/28 | Par IRIS

C’est le secteur privé, et non les patientes, qui sort grand gagnant du programme de procréation assistée mis en place par le gouvernement. Voilà ce que révèle une note socio-économique de l’Institut de recherche et d’informations socio-économique (IRIS) publiée aujourd’hui.

Ce programme de procréation assistée finance largement des soins ultra-spécialisés dont les conséquences coûteuses sont après coup renvoyées au public.

Pour venir en aide aux personnes qui ne peuvent avoir d’enfant, le gouvernement a fait le pari de financer non pas le traitement et la prévention de l’infertilité, mais plutôt un contournement de celle-ci par des techniques de procréation médicalement assistée (PMA), principalement la fécondation in vitro. Or, le secteur qui offre ces services spécialisés est constitué à 75% de cliniques privées.

« Le programme actuel se consacre donc à financer les cliniques privées existantes plutôt que de créer une expertise publique. Pour ces cliniques, il s’agit d’une véritable manne. Elles sont subventionnées pour la fécondation elle-même, elles peuvent tarifer d’importants frais accessoires, et quand il s’agit de faire le suivi de grossesse et d’accoucher la patiente, elles la renvoient dans le système public. L’entreprise privée obtient ainsi un financement important et des conditions de pratique privilégiées sur le dos d’un programme public dont les coûts sont largement sous-estimés » déplore Julie Depelteau, auteure de la note socio-économique.

« On nous répète que le programme, bien que son coût soit important, ne constitue pas une nouvelle dépense en santé, car il suscite des économies dans d’autres domaines, comme les soins aux nouveau-nés. Or, cet argument est contestable, puisque les économies réalisées sont entièrement captées par les nouvelles techniques utilisées par l’industrie pour réduire le nombre de grossesses multiples (jumeaux, triplés et plus) qu’elle engendre. Les économies sont réelles, mais elles ne permettent pas de contrebalancer les coûts du programme de procréation assistée : elles défraient seulement les coûts des nouvelles techniques utilisées par l’industrie pour solutionner le problème qu’elle crée elle-même. Bref, le financement public permet de régler le problème causé par le secteur privé tout en maintenant, et même en accroissant, ses marges de profit », affirme Julie Depelteau, auteure de la note.

Comme le souligne la note socio-économique, le cas de l’avortement a bien montré que la santé reproductive des femmes gagne à être un service pleinement intégré au secteur public. « C’est grâce à une réorganisation vers le secteur public au début des années 2000 qu’on a pu commencer à régler le problème de l’accessibilité de l’avortement. Les cliniques privées se concentrent systématiquement à Montréal, où une masse critique de patientes leur permet de dégager des profits. Comme le réseau public est implanté dans toutes les régions du Québec, il permet d’offrir un accès plus équitable à ces soins. Le programme de PMA devrait s’inspirer des leçons tirées de cette expérience » souligne Julie Depelteau.

La note socio-économique Le privé et la santé reproductive des femmes est disponible gratuitement au : www.iris-recherche.qc.ca