Premier défi pour le NPD : les modifications à la carte électorale

2011/05/05 | Par Pierre Dubuc

Ce matin, 4 mai 2011, à l’émission Maisonneuve sur les ondes de Radio-Canada, Thomas Mulcair donnait la réforme de la carte électorale fédérale comme exemple de la façon dont le NPD va défendre les intérêts du Québec à Ottawa.

« Nous sommes pour une augmentation du nombre de sièges en Ontario et dans l’Ouest du pays afin de respecter le principe de la représentation selon la population, mais nous nous sommes également engagés à l’ajout de sièges au Québec pour maintenir le poids politique de la province au sein du Canada », déclarait-il en substance.

Que M. Mulcair ait cité cet exemple n’est pas le fruit du hasard. Le matin même, dans un éditorial, intitulé « Federal election NPD : Sovereigntist spectre », le Globe and Mail rappelait les propos de M. Layton sur cette question lors d’une rencontre avec le comité éditorial du journal au cours de la campagne électorale. Le chef néo-démocrate aurait alors déclaré qu’il voulait également « maintenir le poids actuel du Québec ».

Le Globe écrit : « Ça ne marche pas. On peut avoir la représentation selon la population, ou on peut donner plus de sièges pour le Québec. Mais pas les deux. »

« Le projet de loi C-12, un projet de loi qui accorde une meilleure représentation aux provinces en croissance démographique, doit être réintroduit rapidement par le gouvernement conservateur et M. Layton doit l’appuyer, comme il l’a fait lors de la dernière session. S’il recule, il doit expliquer à tous les Canadiens pourquoi les votes en Ontario et dans l’Ouest valent moins que ceux du Québec », poursuit le Globe

Tout en rappelant à M. Layton que le spectre de la souveraineté a disparu, le journal conclut sur une note de défi: « M. Layton ne peut faire fi des promesses faites aux Québécois; elles lui ont permis, après tout, de finir en seconde place. Mais, avec son nouveau statut de chef de l’Opposition officielle, il doit présenter la même vision du Canada à tous les Canadiens. C’est un premier test pour M. Layton, un homme très habile politiquement. »

Ce dilemme s’incarnera peut-être dans les deux dirigeants du parti, c’est-à-dire dans un Jack Layton, qui sait que, pour prendre le pouvoir à Ottawa, il doit faire des gains dans les autres provinces, ce qui lui commande de jouer son rôle de chef de l’Opposition officielle comme le lui rappelle le Globe and Mail.

D’autre part, son lieutenant québécois, Thomas Mulcair, semble plus préoccupé par la nécessité de conserver sa base au Québec, ce qui expliquerait l’empressement qu’il a mis à réitérer son appui au maintien du poids de la représentation du Québec à la Chambre des communes.

Question de forcer peut-être la main à son chef.


Photo : Jacques Nadeau