Martine Desjardins, la nouvelle présidente de la FEUQ

2011/05/06 | Par Maude Messier

La Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) a fait peau neuve à l’occasion de son assemblée générale annuelle, les 8, 9 et 10 avril derniers.

Pour la deuxième fois en un peu plus de vingt ans d’existence, les membres de la FEUQ ont choisi une femme pour tenir les rênes d’un des plus importants groupes jeunesse au Québec.

L’aut’journal a rencontré Martine Desjardins, une militante engagée et résolument déterminée à tenir tête au gouvernement Charest dans ce qui pourrait bien s’avérer être la plus importante bataille du mouvement étudiant depuis les années 1990.

Officiellement en fonction depuis le 1er mai dernier, elle arrive à la tête de la Fédération dans une conjoncture particulière, la FEUQ ayant bénéficié d’une exposition médiatique importante au cours des derniers mois, notamment en raison du dossier de la hausse des frais de scolarité.

Cette soudaine exposition lui fait-elle peur? « Non, il n’y a pas grand-chose qui me fait peur », répond-t-elle du tac au tac.

Elle souligne qu’elle compte bien profiter de cette exposition pour continuer à mettre en lumière les incohérences des politiques en matière d’éducation du gouvernement Charest « pour que tous, peu importe leur milieu socioéconomique, puissent entamer et poursuivre des études universitaires. »

D’emblée, Martine Desjardins reconnaît que la hausse des frais de scolarité et l’accessibilité aux études postsecondaires seront évidemment au cœur de son mandat. « On fait face à la plus grosse attaque depuis les années 1990. 75 % d’augmentation des frais de scolarité, c’est incroyable! »

De toute évidence, cet affront du gouvernement Charest aura eu un effet persuasif sur la militante. « Je me suis dit, c’est le temps ou jamais. Le défi est intéressant et stimulant. Mais surtout, je travaille en éducation, c’est primordial pour moi. De voir qu’on s’y attaque, qu’on s’en prend à l’accessibilité, c’est inacceptable. »

Actuellement étudiante en dernière année au doctorat en éducation à l’Université du Québec à Montréal, Martine Desjardins reconnaît qu’elle devra mettre en veille la rédaction de sa thèse, l’espace d’un an, pour assumer pleinement les responsabilités qui lui incombent.

« Être officier à la FEUQ, ça signifie être disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. C’est clair qu’il est très difficile de conjuguer le mandat et les études. C’est très exigeant comme routine. »

Pleinement consciente de la tâche qui l’attend au cours des mois à venir, elle souligne l’importance d’avoir une équipe solide et expérimentée à ses côtés. « J’ai une équipe et des employés ici, ce que je n’avais pas avant. Ils ont un bagage et il y a une expertise qui s’est construite au fil des ans, enrichie par des gens qui viennent de tous les secteurs, de partout au Québec. La FEUQ, c’est une équipe solide. »

Après avoir complété des études universitaires de premier cycle en adaptation scolaire, Martine Desjardins a évolué dans le milieu communautaire de Ville St-Michel pendant trois ans comme travailleuse sociale.

Puis, de retour sur les bancs d’école, elle s’est impliquée au sein de l’Association des étudiantes et des étudiants de la Faculté des sciences de l'éducation de l'UQAM (ADEESE), où elle a notamment occupé la présidence jusqu’à son élection à la FEUQ en avril dernier.

À ce jour, le mouvement étudiant a généralement été dirigé par des hommes. Quand on lui demande s’il est difficile de faire sa place dans cet univers masculin, elle sourit. « On m’a posé la question déjà, mais pour moi, ça se fait très naturellement. Je viens de la faculté d’éducation où il y a beaucoup de filles et donc, être une fille dans une association étudiante, c’est naturel. » Tout simplement.

Autre nouveauté, elle précise que, pour l’année à venir, les différentes associations membres de la FEUQ seront majoritairement dirigées par des femmes.

La nouvelle présidente indique que les semaines à venir seront surtout consacrées à l’installation en poste des nouveaux élus, puis à la préparation du plan d’action des prochains mois, lequel sera soumis aux membres dès le mois de juin.

Le printemps, c’est aussi la fin de session pour les étudiants. Il n’y aura donc pas d’action à proprement dit d’ici l’automne. Ceci dit, « nous profiterons de toutes les tribunes disponibles pour dénoncer les politiques du gouvernement Charest qui n’ont pour effet que d’hypothéquer l’avenir du Québec. On y va à pleins pieds, on fonce. »

Des rencontres sont également prévues avec la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et l’Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante (ASSÉ) dans le but d’entreprendre des actions communes dès septembre prochain.

« Nous serons sur tous les fronts, ça, c’est sûr! On a des moyens et des champs d’action spécifiques, mais c’est essentiel d’avoir une base commune, on n’a plus le choix. » Car la concertation des différents groupes est plus que jamais devenue une nécessité selon Mme Desjardins.

Sur le développement de solidarités, Martine Desjardins souligne également tout le travail qui a été fait dans la dernière année du côté de l’Alliance sociale. « Il s’agit d’une collaboration à renouveler. Ça constitue bien entendu un appui majeur pour le mouvement étudiant dans le dossier de l’accessibilité aux études postsecondaires. »

La FEUQ devra également se pencher sur différents dossiers en parallèle de la lutte qu’elle livrera au gouvernement. « Il y a le regroupement des fonds subventionnaires de recherches que nous suivrons de près pour s’assurer qu’un secteur ne sera pas avantagé au détriment d’un autre, comme les sciences et la technologie au détriment de l’éducation par exemple. On ne peut pas faire abstraction non plus de toute la question de l’imputabilité et de la gouvernance des universités, l’aide financière aux études, puis les frais institutionnels obligatoires qui seront aussi à surveiller. On ne manque pas de travail! »