Brèves syndicales

2011/05/13 | Par Maude Messier

Mandat de grève au Château Frontenac

Réunis en assemblée générale mercredi soir, les syndiqués du Château Frontenac ont rejeté massivement les dernières offres patronales, dans une proportion de 90,5%. Par la même occasion, ils ont également doté leur comité de négociation d’un mandat fort (89%) pour entamer des moyens de pressions, au moment jugé opportun, pouvant aller jusqu'à la grève.

Pour Jean-Luc Harel, conseiller syndical à la CSD, les syndiqués ont ainsi envoyé un message clair à l’employeur. « Quand 90 % des membres d'un syndicat se prononcent contre des offres patronales et [accordent] un mandat de grève, c'est qu'il y a une grogne sérieuse quelque part ».

Sans contrat de travail depuis le 31 décembre 2010, les négociations ont débuté au début de l’année 2011. Les parties ne s’entendent pas sur les questions monétaires et certains aspects du normatif font toujours l’objet de litige selon ce qu’a appris l’aut’journal.

La CSD déclare qu’elle ne révélera pour le moment aucun détail sur les aspects spécifiques des pourparlers afin de ne pas nuire aux négociations.

Le Syndicat démocratique des salariés du Château Frontenac compte 300 membres réguliers, mais franchit le cap des 500 membres en pleine période estivale. Le mandat de grève tombe donc à point, au moment où s’annonce la haute saison pour l’établissement hôtelier de Québec.

« C’est un poids particulier, ce n’est pas anodin, effectivement », atteste M. Harel, pourtant confiant qu’il est encore possible d’en arriver à un règlement négocié sans avoir recours à ce moyen de pression ultime.

Une rencontre entre le syndicat et l’employeur est d’ailleurs prévue ce vendredi. « Les discussions continuent. Ce qu’on souhaite, c’est évidemment en arriver à un règlement. »

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Commission de la construction : diversion et attaque antisyndicale

La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) et le Syndicat des employées et employés professionnels-les et de bureau (SEPB-Québec) ont réagi fortement au projet de loi no 15, déposé ce mercredi par le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil.

Sous le couvert de la lutte contre la corruption, l'article 50 du projet de loi a toutefois pour conséquence d'empêcher l’accréditation syndicale des inspecteurs et des techniciens de la Commission de la construction du Québec (CCQ), interdisant « … d'être affiliée à une association représentative ou à une organisation à laquelle est affiliée une telle association, ni conclure une entente de service avec l'une d'elles. »

Ce à quoi le président de la FTQ, Michel Arsenault, et le directeur exécutif du SEPB-Québec, Serge Cadieux, ont vivement répliqué, alléguant qu’il s’agit d’« une attaque sans précédent à la liberté d'association ».

Pour Serge Cadieux, le fait que les quelque 300 inspecteurs de la CCQ soient syndiqués depuis 1972 n’a jamais posé aucun problème. Il juge inadmissible qu’on leur retire aujourd’hui le droit de choisir leur syndicat.

Le dirigeant syndical va plus loin et soutient que cet article constitue ni plus ni moins qu’une mesure de représailles contre le SEPB-Québec. « Nous avons contesté le programme qui demandait aux inspecteurs un consentement pour vérifier s'ils avaient un casier judiciaire, ou policier et même de vérifier leur  vulnérabilité financière. Aujourd'hui, la CCQ se sert du législateur pour arriver à ses fins. »

Pour la FTQ, loin de lutter efficacement contre la corruption dans l’octroi de contrat dans le secteur public, ce projet de loi n’est rien d’autre qu’« une tentative de diversion de la part du gouvernement pour éviter une commission d'enquête ».

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Grève des travailleurs de Tembec

Les 100 travailleurs syndiqués de l’usine de Tembec à Matane ont déclenché la grève mardi dernier, après avoir rejeté massivement les dernières offres de leur employeur.

Georges Verreault, représentant national du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier (SCEP-FTQ), déplore que l’entreprise « tente de profiter du contexte difficile du marché pour arracher toujours plus de concessions aux travailleurs. »

D’après le syndicat, Tembec agit de mauvaise foi à la table de négociation en prenant uniquement ce qui fait son affaire dans le contrat modèle négocié dans l'industrie du papier. « L'usine Tembec de Matane exige toutes les concessions que les travailleurs ont accordées dans le dernier pattern sans cependant donner les avantages qui vont avec ».

Une situation injustifiée, compte tenu de la bonne santé financière de l’entreprise. « Tembec n'est pas dans la même situation que d'autres entreprises ont connu dans le secteur papier, mais ils tentent de tout rafler, ce n'est pas correct », s’indigne M. Verreault.

D’après le syndicat, Tembec aurait réalisé des profits de 7 millions $ lors de son dernier trimestre, dont 4,5 millions proviendraient de l’usine de Matane.

Le SCEP dénonce également le chantage et le marchandage de l’entreprise qui menace d’utiliser une subvention environnementale octroyée par le gouvernement fédéral pour la production de la liqueur noire, un sous-produit de la transformation de pâtes et papiers utilisé comme carburant, dans une autre usine si les syndiqués ne se plient pas à ses demandes.

Sur la question salariale, le syndicat réclame des augmentations de 2,5% par année pour la durée de la convention collective. La partie patronale exige un gel des salaires pour les 3 premières années, suivi de hausses de 1% et de 1,5%. « L’employeur est inflexible sur ce point. C’est une fin de non recevoir pour toute hausse de salaire. »

De plus, les conditions salariales des nouveaux employées seraient abaissées de 30% par rapport aux travailleurs actuels, explique M. Verreault, et ils n’auraient droit qu’à un régime de retraite à cotisations déterminées peu avantageux. « Alors que notre régime à prestations déterminés est solvable à 103%! ». Une concession d’autant plus inacceptable qu’elle serait lourde de conséquences pour la relève dans la région, estime Georges Verreault.

« L’entreprise n’est pas sous la LACC [Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies], mais on veut nous passer le même traitement. Il n’y a plus rien à négocier à ce stade-ci, c’est à l’employeur de nous contacter. »

Les travailleurs sont donc en grève pour une duré indéterminée. Aucune rencontre n’est pour le moment prévue entre les parties.

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Négos qui piétinent pour les Ressources intermédiaires et de type familial

Les ressources intermédiaires (RI) et les ressources de type familial (RTF), affiliées au SCFP, pourraient déclencher des moyens de pression et de visibilité sous peu.

Gilles Murphy, conseiller syndical au dossier, précise que les usagers ne seront aucunement affectés par ces actions, le syndicat préconisant plutôt des moyens symboliques, tels que le port de chandails et les manifestations publiques.

À l’instar des responsables de services de garde en milieu familial (RSG) et des familles d’accueil, les RI et les RTF négocient actuellement leur toute première entente collective avec le ministère de la Santé et des Services sociaux.

Travailleurs et travailleuses au statut hybride, ni salariés ni entièrement travailleurs autonomes, ils revendiquent une rémunération globale qui tienne réellement compte de l’intensité des services qu’ils fournissent aux usagers dont ils ont la charge. Ils souhaitent également l’instauration d’un filet social leur donnant accès notamment au Régime des rentes du Québec, au Régime québécois d’assurance parentale et à des mesures de prévention pour une grossesse sans risque (CSST).

M. Murphy souligne également la nécessité d’améliorer les échanges entre les partenaires sociaux (ministère, établissements et ressources). « Les ressources ne se sentent pas traitées comme des partenaires en ce moment », indique-t-il, tout en spécifiant qu’il s’agit aussi d’une question de reconnaissance des compétences, de l’expertise et du travail accompli.

La création d’un mécanisme d’arbitrage pour éviter de recourir aux tribunaux en cas de mésentente complète le tableau des revendications syndicales.

M. Murphy indique que les négociations, entamées en septembre 2010, vont plutôt bon train. « On a avancé sur bien des points. Le problème, c’est qu’on n’arrive pas à concrétiser les discussions et les propositions par un dépôt patronal. Les négociateurs nous disent qu’ils sont d’accords sur tel ou tel point, mais ils n’ont pas de mandat du ministère pour mettre ça par écrit. »

Devant l’impasse, les RI et les RTF veulent envoyer un message clair, à savoir qu’ils souhaitent un règlement avant la fin de la session parlementaire. C’est pourquoi une série d’actions de visibilité pourraient être déployées sous peu.

Assurant des services auprès de plus de 750 personnes adultes atteintes de déficience intellectuelle, les RI et les RTF fournissent un lieu de vie adapté à leurs besoins, assurent une présence 24 heures sur 24, prodiguent des soins de base en plus de faciliter leur intégration et leur fonctionnement social.

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Chantiers Davie : un pas en avant

L’entente de principe survenue 29 avril pour le renouvellement de la convention collective des travailleurs des Chantiers Davie, à Lévis, a finalement été entérinée cette semaine à 93% par les membres du Syndicat des travailleurs du chantier naval de Lauzon (CSN).

Le président du syndicat, Paul-André Brûlotte, a fait savoir dans un communiqué que si les membres ont accepté cette entente, c’est principalement dans le but d'obtenir une convention collective permettant de garantir le maintien des activités au chantier. « Ce fut cela le vrai débat au cœur de l'assemblée. »

La convention collective, qui s’échelonnera sur cinq ans, comporte des augmentations salariales globales de 8 %. Certains groupes à la production ainsi que les stagiaires subiront cependant une perte salariale. Des clauses de mobilité de la main-d'œuvre seront également incluses au nouveau contrat de travail.

Rappelons que des négociations avec un consortium d'entreprises italiennes intéressées à acquérir Chantiers Davie sont en cours. Chantiers Davie doit d’ailleurs se présenter devant la Cour supérieure du Québec le 19 mai prochain pour rendre compte des négociations en vue de la vente de l'entreprise, placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers depuis plus d'un an.

La conclusion de la transaction pourrait permettre à l’entreprise de participer à l'appel d'offres pour l'octroi de contrats de 35 milliards $ du gouvernement fédéral pour la construction de navires et de frégates. « Maintenant, nous croyons que le consortium italien détient ce qu'il lui faut pour acquérir rapidement Chantiers Davie », a déclaré M. Brûlotte.