François Legault convie le Québec à un débat borné

2011/05/24 | Par Robin Philpot

Ainsi, François Legault nous convie à la réflexion sur l’avenir du Québec, chose qui nous ferait défaut, semble-t-il, sans lui et sa coalition. Pour le faire, il laisse entendre que le Québec se résume à quatre champs d’activité : l’éducation, la santé, la culture et l’économie, et que, avec les bonnes personnes au pouvoir, après un débat vigoureux, on peut « changer les choses. »

Toutefois, en préfaçant chacune de ses interventions d’un refus catégorique de discuter du statut politique du Québec, il démontre les limites, ô combien étroites, dans laquelle il veut débattre.

N’en déplaise à M. Legault, le Québec, comme l’Écosse, comme l’Irlande, comme la Norvège, embrasse beaucoup plus large que les quatre compétences « provinciales » qu’il identifie.

Qui plus est, en restreignant la portée de la réflexion dont il fait le chantre, il entame gravement sa capacité – et la nôtre – de résoudre les problèmes que lui-même identifie dans ses quatre compétences provinciales.

Pensons seulement aux milliards de nos taxes et impôts consacrés au budget militaire canadien, lequel croît sans cesse sous un gouvernement conservateur qui gouverne maintenant sans le Québec.

Autant de notre argent qui ne peut aller, et qui n’ira pas, à la culture, à la santé, à l’éducation et au développement économique du Québec.

À son provincialisme poussé, qui, malheureusement, déteint même parmi des souverainistes au Parti Québécois et au Bloc Québécois, on devrait opposer une vraie politique québécoise nationale et indépendante.

Comme celle exprimée, par exemple, par le chef du Scottish National Party, nouvellement élu premier ministre de l’Écosse, Alex Salmond. Le 18 mai, M. Salmond a réitéré que l’Écosse aurait sa propre armée et sa propre politique étrangère, que les armes nucléaires du Royaume-Uni seraient exclues du territoire écossais et que jamais l’Écosse serait entrainée dans une guerre illégale comme celle en Irak.

En outre, il a précisé que le droit international donnerait à une Écosse indépendante près de 90% des revenus du pétrole de la mer du Nord. Notons que tous ces sujets sont hors d’ordre dans le débat de MM. Legault et Sirois.

Déjà en 1999, le chef du parti indépendantiste écossais Alex Salmond a démontré ses couleurs. En mai 1999, à titre d’observateur pour le compte de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal lors des premières élections écossaises depuis la dissolution du parlement écossais en 1707, j’ai eu le privilège d’interviewer Alex Salmond, alors chef du Scottish National Party en pleine campagne électorale.

Au moment de l’interview, Alex Salmond se faisait attaquer vivement par des Travaillistes et l’ensemble des médias britanniques parce qu’il avait dénoncé sans détour l’intervention militaire de l’OTAN en ex-Yougoslavie.

Au nom de la souveraineté des États, un objectif qu’il tenait à cœur, il insistait que l’OTAN n’avait aucun droit d’intervenir et de bombarder la Serbie et qu’une Écosse indépendante n’y prendrait pas part.

À court, terme sur le plan électoral, Alex Salmond a peut-être souffert de cette déclaration. Mais les Écossais y ont vu un homme de courage et de principe avec une vraie vision pour l’Écosse une fois devenue un indépendant.

Au lieu de perdre notre temps dans le débat borné que nous propose ce pauvre François Legault, passons à la vraie réflexion sur l’avenir du Québec indépendant !


Photo : Jacques Nadeau