Sale lundi : publication des salaires des patrons

2011/05/31 | Par Pierre Dubuc

Le Globe and Mail de Toronto vient de publier, dans son édition du 30 mai 2011, la rémunération des patrons des entreprises cotées à la Bourse de Toronto. En tête de liste, on retrouve un dénommé Edward Sampson de la compagnie Niko Resources Ltd avec un salaire de 705 028 et un boni de 720 029 pour un total de 1 million 425 mille 57 dollars pour l’année 2010.

Mais le total est en fait un sous-total auquel il faut ajouter 15 490 559 dollars pour avoir exercé des options d’achat d’actions pour un grand total de 16 millions 474 mille 616 dollars. Rappelons que les patrons aiment mieux être rémunérés en gains en capital qui ne sont imposés qu’à 50% contrairement aux salaires qui le sont à 100%.

Mais la famille Stronach, propriétaire de Magna International, fabricant de pièces d’automobile, s’en tire encore mieux, si on tient compte du système de partage des profits en vigueur dans l’entreprise. Le papa, Frank, a ainsi pu ajouter une somme de 41 millions $ à sa rémunération pour un total de 62 millions $ et sa fille, Belinda, ancienne députée conservatrice, puis libérale, a touché un « maigre » 21 millions $!

Dans cette liste, on retrouve quelques patrons d’entreprises québécoises bien connues : 14. Jeffrey Orr (Financière Power Corporation) : 10 356 186 $; 45. André Desmarais (Power Corporation) :5 752 916 $; 48. Paul Desmarais Jr (Power Corporation)5 371 416 $; 65. Pierre Beaudoin (Bombardier) : 3 892 312 $; 76. Éric Laflèche (Métro Inc.) 3 103 644 $; 80. Lino Saputo Jr (Saputo Inc.) : 2 917 469 $; 87. Alain Bouchard (Alimentation Couche-Tard Inc) : 2 532 666 $. Ce dernier a défrayé les manchettes dernièrement avec son opposition à la syndicalisation de ses employés.


Revenus en hausse

Selon le Globe and Mail, le revenu moyen (incluant le salaire, les bonis, les parts, les options d’achats et autres éléments) d’un patron, dont l’entreprise figure dans la liste des 100 plus importantes entreprises au Canada est de 6 millions $, en hausse de 13% par rapport à 2009.

Le salaire de base est de 938 995 $ et le boni moyen associé à la performance est de 1,6 millions $. Preuve, s’il en est une, que nos entreprises sont performantes! La valeur moyenne de toutes les compensations versées aux dirigeants d’entreprises est de 541 millions $ !

Qu’est-ce que vous voulez! Le coût de la vie augmente!

On souligne au passage que les augmentations obtenues par le Front commun du secteur public sont de 0,5% pour 2010-2011, 1% pour 2011-2012 et 1% pour 2012-2013.


Merci Stephen !

Pour permettre à ces mêmes entreprises de verser, au cours des prochaines années, de plus juteuses rémunérations, le gouvernement Harper a prévu que les taux d’imposition des entreprises passeront de 18% en 2010 à 16,5% en 2011 et à 15% en 2012.

Le discours justifiant ces politiques est bien connu : les réductions d’impôts vont permettre aux entreprises d’investir, créer de l’emploi et relancer l’économie. Mais nous savons qu’il n’en est rien. Les dernières études montrent que, malgré la force du dollar canadien, les entreprises ne réinvestissent pas.

Les diminutions d’impôts sont plutôt versées aux actionnaires ou aux dirigeants d’entreprises. Et l’argent prend rapidement le chemin des paradis fiscaux. En 2002, la vérificatrice générale donnait une idée de l’ampleur du problème lorsqu’elle mentionnait que la « valeur des investissements directs effectués par des Canadiens à la Barbade a augmenté, passant de 628 millions de dollars en 1998 à 23,3 milliards de dollars en 2001, soit une augmentation de plus de 3 600 %.

D’autre part, le gouvernement Harper va prendre prétexte de la réduction des revenus de l’État par suite de ces diminutions d’impôts pour imposer des compressions dans la fonction publique et les programmes sociaux, et privatiser des sociétés d’État.

À ce sujet, suivons de près le conflit qui se prépare à la Société des postes.