Gaz de schiste : Les gazières cherchent à déterminer la valeur économique de leurs titres miniers

2011/06/03 | Par Louis-Joseph Benoît

Le 22 avril à Saint-Denis-sur-Richelieu puis le 28 mai à La Présentation, en Montérégie, ont eu lieu des évènements publics contre les gaz de schistes. Martine Ouellet, députée du Parti Québécois de Vachon et ancienne membre du conseil d’administration du SPQ-Libre, y était. L’aut’journal l’a contacté pour une brève entrevue.

L.-J. Benoît : Quels sont vos liens avec le comité citoyen ayant organisé manifestation de Saint-Denis-sur-Richelieu et à quel sujet s'adressait-elle exactement relativement à cette municipalité? Comment s'est passé la manifestation et de manière plus générale, comme députée, comment vous ressentez la réaction des citoyen-ne-s sur cet enjeu?

Martine Ouellet : La manifestation à St-Denis sur Richelieu s'est très bien déroulée.  Malgré la pluie, il y avait environ 300 personnes. Ce sont principalement des gens de la place qui ont participé avec l'appui du maire de St-Denis. Le député de Verchères du Parti Québécois, Stéphane Bergeron était également présent.

À St-Denis sur Richelieu, le forage est réalisé, mais pas la fracturation hydraulique.  Les citoyens ont donc organisé une manifestation pour un arrêt complet de la fracturation hydraulique. Je me suis rendue sur place pour appuyer leurs revendications.  En tant que porte-parole en environnement, je suis particulièrement sensible aux risques de contamination de l'eau souterraine et de surface ainsi qu'à l'augmentation des GES liés à l'exploration de gaz de schiste.

L.-J. Benoît : Et concernant la manifestation à La Présentation?

Martine Ouellet : À La Présentation, il y a eu également une manifestation samedi, le 28 mai.  Encore une fois, organisé par un comité de citoyens. Malgré un temps incertain et gris, plus de 500 personnes ont participé à la marche. Pour l'occasion, une remorque style char allégorique, avec une vache qui pétait du feu et soufflait de la fumée faisait allusion au gaz à effet de serre de la ministre Mme Normandeau.  Étaient présents à nos côtés : le maire, Christian Vanasse des Zapartiste, Dominic Champage et quatre députés du Parti Québécois (Stéphane Bergeron, Émilien Pelletier, Pierre Curzi et Scott McKay).

À La Présentation, le puits a été fracturé et il y a des fuites importantes de méthane. C'est le premier cas documenté de migration du méthane dans la masse rocheuse suite à une fracturation hydraulique.  Même les gazières ne savent pas quoi faire pour colmater la fuite. Il y a des risques de contamination de la nappe d'eau souterraine.

L.-J. Benoît : Vous avez dénoncé le mandat du BAPE lorsqu'il a été annoncé par Pierre Arcand cet automne. Malgré tout, le BAPE a pu faire ses recommandations et le gouvernement a mis un moratoire sur l'exploitation des gaz de schistes. Dernièrement, vous avez dénoncé ce moratoire comme étant un faux moratoire et une manifestation s'est tenue comme vous nous l'expliquiez plus tôt. Pourriez-vous apporter des précisions sur l'attitude du gouvernement Charest dans le dossier et sur votre position ainsi que celle du Parti Québécois?

Martine Ouellet : Sur le dossier des gaz de schiste, il n'y a pas de moratoire.  Le forage et la fracturation se poursuivent.  Les prochaines fracturations seront autorisées pour des raisons dites « scientifiques ».  Cet argument a été démenti par 47 scientifiques au Québec et même par l'industrie gazière elle-même dans une allocution de M. Binnion de Questerre.

Il y a actuellement suffisamment d'information avec les 18 puits fracturés au Québec et les milliers de puits fracturés aux États-Unis. Ce que cherchent les gazières, avec la complicité du gouvernement, c’est de déterminer la valeur économique des titres miniers qu'ils possèdent pour augmenter la valeur de leurs actions. C'est donc plutôt de l'information commerciale qu'ils recherchent.

L.-J. Benoît : Finalement, selon vous, en quoi est-il important pour le mouvement souverainiste/progressiste de s'intéresser à cette question et d'être pour un vrai moratoire sur l'exploitation des gaz de schistes? À quel ou quels titre(s) trouviez-vous important de participer et d’appuyer ces initiatives?

Martine Ouellet : Pour le Parti Québécois, c'est clair, il faut un arrêt complet du forage et de la fracturation du gaz de schiste le temps des études sur l'environnement, la santé et des impacts économiques.  Le gouvernement libéral nous mène en bateau et essaie de nous endormir au gaz!

Il laisse entendre qu'il y a un moratoire alors que le forage et la fracturation se poursuivent. Il nomme les gazières sur le comité d'Évaluation environnementale stratégique et leur permet donc d'être juges et parties. La complicité entre le gouvernement et les gazières est évidente.  On se demande pour qui travaille le gouvernement libéral : les gazières ou les citoyens? En fait, poser la question c'est d'y répondre.