Quand un Chinois vous tombe dessus

2011/08/18 | Par Ginette Leroux

Imaginez qu’un jeune Chinois, qui ne parle pas un mot de votre langue, entre subitement dans votre vie. Vous le conduisez au poste de police local. Là, les autorités ne peuvent que l’incarcérer puisqu’il n’a nul endroit où aller. Vous vous insurgez contre cette décision, que vous trouvez injuste, et vous vous retrouvez soudainement avec un inconnu sur les bras. C’est ce qui arrive à Roberto, un célibataire endurci, habitué à vivre seul dans l’arrière-boutique de sa petite quincaillerie de Buenos Aires, quand, vidé brutalement d’un taxi, Jun, originaire de la province chinoise de Fucheng, atterrit dans sa vie. Dépassé par la situation, l’homme de principes, un quasi maniaque qui entretient une passion qui le fait se jeter sans réserve sur les journaux à la recherche de récits insolites qu’il collectionne depuis son retour de la guerre des Malouines, fait tout pour se débarrasser de ce « pedazo de gnocchi » qui lui colle aux basques. Viendra jeter du lest, Mari, l’amoureuse en attente d’un Roberto qui défend son célibat bec et ongles.

ARGENTINE/ESPAGNE. 1h40. s.t.a.

Note :

Immense succès en Espagne et en Argentine, cette comédie dramatique du réalisateur argentin Sebastián Borensztein se savoure comme une crème glacée en été ou une bière fraîche sur une terrasse de la rue Saint-Denis un jour de canicule. Rafraîchissantes, les situations sont cocasses. Ricardo Darin, dans le rôle de Roberto, est si sympathique qu’on lui pardonne volontiers ses colères, qu’on s’attendrit lorsqu’il se sent désemparé, qu’on souhaite même que son « invité » apprenne l’espagnol. Ignacio Huang incarne un jeune Chinois, avec toute la souplesse, l’ingéniosité et la retenue que demande un personnage confus, tout à tour, rempli de bonne volonté et joyeux puis envahi par le désespoir. Mari, interprétée par Muriel Santa Ana joue avec aplomb et fraîcheur une prétendante pétillante, usant de mille ressources pour conquérir l’homme qu’elle aime. Les scènes, écrites d’une plume alerte, intelligente et fine, forment un scénario impeccablement structuré. Un film qu’il ne faut pas rater. Une heure quarante de pur bonheur.

Trois bonnes raisons de voir ce film : Ricardo Darin, Ignacio Huang et Muriel Santa Ana sont exceptionnellement attachants. La première scène qui tient lieu de prologue est particulièrement réussie et absolument époustouflante. Pour les valeurs présentes dans ce film que sont la survie, la main tendue, l’espoir de croire qu’il y a toujours une chance de s’en sortir, advienne que pourra.

Un Cuento chino est présenté les 24 et 27 août au cinéma Quartier Latin et le 28 août au cinéma Impérial.




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