Blessures invisibles

2011/08/19 | Par Ginette Leroux

Nira travaille comme monteuse à la télévision israélienne. Lors du visionnement d’un documentaire sur l’attaque surprise de l’armée contre un groupe de paysans palestiniens cueillant des olives sur des terres interdites d’accès, elle reconnaît Lily, une militante engagée, qui tente de repousser la charge des soldats, comme l’une des seize victimes d’une agression sexuelle commise par un violeur en série vingt ans auparavant. Nira et Lily, mères, l’une célibataire l’autre mariée, constatent à quel point elles sont restées stigmatisées par ce drame qui a bouleversé leur vie. Afin d’exorciser le mal, Nira s’engage à retrouver les autres victimes et à recueillir leur témoignage car, dix ans après les faits, le violeur a retrouvé la liberté tandis qu’elles resteront captives de leurs souvenirs, indélébiles meurtrissures de l’âme et du corps.

ISRAËL. 1h30. s.t.a.

Note :

« Il est estimé que, dans le monde, une femme sur cinq sera victime de viol au cours de sa vie », nous apprend le film. Malgré cette statistique alarmante, le réalisateur israélien Michal Aviad fait ressortir que le viol d’une femme en Israël reste un sujet tabou. À tel point qu’il est convenu que la femme violentée reste en quelque sorte responsable de l’agression dont elle a été victime. Dans le film, Lily (la grande actrice israélienne Ronit Elkhabetz) raconte que le gynécologue qui l’a examinée après les faits ne la croyait pas. Il reporte sur elle le blâme. Trop sexy, trop belle. La rencontre de Nira (Evgenia Dodina) avec le policier qui l’avait interrogée à l’époque est aussi éclairante. Il lui affirme que le dossier a été égaré, mais ajoute, sans gêne, qu’il se souvient d’elle comme d’une très belle femme. Tous les éléments sont présents pour convaincre le spectateur de l’importance du sujet traité, mais l’absence de ressort dramatique alourdit le film. Dommage.


Invisible est présenté les 21,22, 23 août au cinéma Quartier Latin.

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