Les Noces des Figaro à l’Opéra de Montréal

2011/09/23 | Par Marie-Paule Grimaldi

Pour inaugurer sa 32e saison cet automne, l’Opéra de Montréal choisit un classique grand public, comique et joyeux, faisant toute place aux voix émergentes de l’art lyrique. Inspiré de la pièce de Beaumarchais, signé Mozart/da Ponte, Les Noces de Figaro, avec son humour grinçant brodé de critique sociale, finit par charmer, par plaire, et, sans éblouir, le spectacle réjouit. Entre la distribution jeune, belle et enthousiaste et cette histoire où l’amour sort victorieux, l’Opéra de Montréal a joué la carte de l’irrésistible.

Il est bien difficile de ne pas aimer Figaro, toujours plein d’esprit et d’humour face aux épreuves. Sur le point d’épouser Suzanne qui, tout comme lui, est au service de Comte Almaviva et de sa femme, sa fiancée lui apprend que le Comte la courtise avec véhémence. Figaro entend se jouer de lui et l’en empêcher.

Cherubino, jeune page également de la maison, s’est fait prendre auprès d’une servante, se fait renvoyer, vient se plaindre auprès de Suzanne et se retrouve mêlé à leur histoire.

La Comtesse tant qu’à elle s’attriste des infidélités de son mari et de son intérêt perdu. S’ajoutent à l’intrigue le maître de musique qui attise autant la jalousie que les désirs du Comte, et Marcellina, la vieille gouvernante, envers qui Figaro a une dette et qui espère plutôt être remboursée en le mariant. Tant d’obstacles un jour de si belles noces!

Mais entre ruses, quiproquos et revirements incroyables, Figaro et Suzanne seront mariés, le Comte rappelé à l’ordre et tous seront réconciliés. Les Noces de Figaro chantent l’amour sous toutes ses déclinaisons, l’amour-joie, l’amour loyal, l’amour volage, trahi, jaloux, l’amour-querelle, l’amour filial, matrimonial, amical, passionné et l’amour clément. Et bien que les interprètes donnent dans un jeu un peu caricatural et manquant parfois de vérité intrinsèque, oui, on y croit!

Il faut dire que la distribution ne manque pas de talent ni de voix magnifiques. Phillip Addis, qui avait défendu le difficile Werther pour baryton la saison dernière, campe un Comte crédible, mais c’est surtout la Comtesse, interprétée par la soprano américaine Nicole Cabell, que l’on retient. Chacun de ses solos est un véritable moment de grâce enrobé par sa voix veloutée.

Les duos avec la Québécoise Hélène Guilmette, interprète de Roxanne, sont également réussis, tout en complicité. Hélène Guilmette est par ailleurs excellente, dévouée et énergique. Et, pour ses débuts à la compagnie, le baryton-basse Robert Gleadow épate avec un Figaro vif et craquant, en phase avec sa partenaire – la querelle au quatrième acte est savoureuse.

La mise en scène de Tom Diamond agite toute cette jeunesse, la rend fébrile, la fait courir, et bien qu’on s’énerve un peu trop, l’atmosphère est mise comme une table et, avec peu d’originalité, se révèle efficace. Le chef d’orchestre Paul Nadler, entre autres habitué du Metropolitan Opera, choisit de relever les nuances et la complexité de la partition de Mozart plutôt que sa brillance et son éclat, un choix impeccable qui demeure un rien trop sage. Les décors comme les costumes sont justes, d’époque et évocateurs.

Avec Les Noces de Figaro, l’Opéra de Montréal offre une valeur sûre pour son ouverture de saison, met encore une fois l’accent sur plusieurs talents d’ici et s’adresse aux amateurs comme à un public moins aguerri. On y va pour entendre ou réentendre un grand classique porteur d’un vent de fraîcheur.

Jusqu’au 24 septembre à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts

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