La revue de l’actualité

2011/09/30 | Par Pierre Dubuc

 

Duchesneau à TLMEP

Finalement, la « question qui tue » que Guy A. Lepage aurait dû poser à Duchesneau est la suivante : « Avez-vous joué au golf avec Jean Charest? »

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À propos des médias sociaux et des manifs et assemblée de la fin de semaine dernière

Quelque 2000 personnes ont manifesté à Montréal contre le gouvernement Charest. Une manifestation organisée à partir des médias sociaux, nous disent les organisateurs. À Québec, cependant, à peine 40 personnes se sont déplacées pour l’assemblée du NMQ. Son porte-parole, Jocelyn Desjardins, attribue, selon Le Devoir, cette participation décevante au fait que les radios-poubelles de Québec n’ont pas relayé l’information.

Les deux événements nous permettent de pousser un peu plus loin la réflexion sur l’impact réel des médias sociaux. Les médias sociaux ont certes été à l’origine de la manifestation de Montréal, mais l’information a été relayée par les médias traditionnels. Pour ne prendre que l’exemple de la Première chaîne de Radio-Canada, on en a parlé, les journées précédant l’événement, à chaque bulletin de nouvelles.

L’inspiration pour de telles actions nous vient, bien entendu, du printemps arabe où on a trop rapidement laissé croire que le mouvement d’opposition est le fruit exclusif de facebook et twitter. Sans minimiser leur rôle, des analyses plus poussées montrent que le facteur décisif, au plan médiatique, a été la télévision de Al-jazeera.

La télévision demeure, et de loin, le média le plus puissant. Sans les reportages de l’émission Enquête, le scandale de la construction n’aurait pas pris une telle ampleur, cela dit sans rien enlever aux articles du Devoir ou de La Presse.

Alors, célébrons l’arrivée des médias sociaux, utilisons-les, mais que cela ne nous détourne pas de la nécessité de revendiquer un rôle accru pour Télé-Québec au plan de l’information. Que Radio-Canada malmène Charest, c’est très bien. Mais on ne peut mettre tous nos œufs dans ce panier, n’est-ce pas, chers amis indépendantistes.

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Al-jazeera, le Qatar et le Monde Diplomatique

L’implication militaire du Qatar en Libye aux côtés des forces de l’Otan nous amène à réexaminer le rôle de Al-jazeera, la télévision hébergée et financée au Qatar, dans les révolutions arabes.

Les événements en Libye, en Syrie, au Yémen et à Bahreïn montrent que le succès du printemps arabe en Tunisie et en Égypte découle du fait que l’armée de ces deux pays a largué Ben Ali et Moubarak.

Les réseaux sociaux, et surtout Al-jazeera, ont joué un rôle important dans la mobilisation de la population, mais le succès ultime de ces « révolutions » dépend d’un autre média : le téléphone!

En effet, c’est l’appel téléphonique du chef d’État major américain, Michael Mullen, aux généraux de ces deux pays, les intimant d’« accompagner » le peuple plutôt que de lui tirer dessus qui a été le facteur déterminant.

La collaboration entre le Qatar et Washington, nous aide à comprendre pourquoi la secrétaire d’État Hillary Clinton a déclaré devant la commission des relations étrangères du Sénat :

«Que vous l’aimiez ou non, (la chaîne Al-Jazira) est vraiment efficace. Et son auditoire s’élargit aux États-Unis parce qu’elle offre de la vraie information. Vous n’êtes peut-être pas d’accord avec ce qu’elle dit, mais vous avez l’impression d’avoir de la vraie information 24 heures sur 24 plutôt qu’un million de commerciaux et des débats entre des têtes parlantes qui ne sont pas très informatifs pour nous, sans parler des étrangers.»

Que dire maintenant du Monde Diplomatique? On se serait attendu à ce que ce journal, éternel pourfendeur de l’impérialisme, soit à l’avant-garde de la dénonciation de l’intervention de l’Otan en Libye, d’autant plus que la France, et plus particulièrement le philosophe Bernard Henry Lévy, ont joué un rôle prépondérant dans cette affaire.

Mais, il n’en fut rien. Cela n’est sans doute pas étranger au fait que, dans son édition du mois de septembre 2011, on retrouve un supplément publi-reportage de quatre pages vantant les succès d’un petit émirat du golfe Arabo-Persique : le Qatar!

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Chrétiens et Juifs : Une alliance confirmée

Un sondage Ispos Reid à la sortie des bureaux de vote lors de la dernière élection fédérale nous apprend que 52% des Juifs ont voté en faveur du Parti Conservateur, 24% pour les Libéraux et 16% pour le NPD.

Cela constitue un virage majeur de l’électorat juif, traditionnellement acquis aux Libéraux. Bien entendu, le chef libéral Michael Ignatieff n’était pas très populaire auprès des Juifs. Son arrière-grand-père, Nicolas, avait été responsable des pogromes contre les Juifs en Russie, alors qu’il était ministre de l’Intérieur.

Mais, la cause principale de ce revirement est sans conteste la politique résolument pro-Israël du gouvernement Harper. Ce changement confirme l’alliance qui s’est forgée au sein du Parti conservateur entre la droite chrétienne et le lobby juif.

Cela nous promet des interventions diplomatiques alignées sur les positions d’Israël comme cela fut le cas la semaine dernière à l’ONU à propos de la Palestine, mais également la participation du Canada à de plus en plus d’interventions militaires favorables à Israël, comme celle en Libye.

Ajoutons que le sondage Ipsos Reid nous apprend également que les électeurs musulmans avaient bien décodé la politique du gouvernement Harper. Seulement 12% des électeurs musulmans ont voté pour les Conservateurs, alors que 46% votaient libéral et 38% pour le NPD.

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Exposition « L’école d’antan » : À voir pour les fans d’Éric Bédard

Le musée du Château Dufresne à Montréal présente une exposition intitulée « L’école d’antan 1860-1960 ». Tous ceux qui, comme l’historien Éric Bédard, qui vient de publier « Recours aux sources » (Boréal), ne voient pas de véritable rupture entre le Québec des années 1960 et celui enfanté par la Révolution tranquille, auraient tout intérêt à visiter cette magnifique exposition.

Du « p’tit catéchisme », comme base centrale de l’éducation, à tous les manuels scolaires imprégnés d’imagerie religieuse, d’un internationalisme qui se limite à Rome, aux lieux d’évangélisation de nos missionnaires et à l’achat de petits chinois, d’abord à 10 cents, puis à 25 cents, de toutes ces organisations qui encadraient la vie des élèves, des croisillons aux croisés, des enfants de Marie aux cadets et à la JEC, du crucifix et images de saints et de saintes omni présentes aux bannières de la Fête-Dieu qui ornaient les murs des classes, l’école d’antan était digne d’une théocratie.

Les plus âgés, qui servaient la messe et recevaient en cadeau à Noël un autel miniature et son calice, son ciboire, sa patène et un surplus pour se préparer à une éventuelle « vocation », auront l’occasion de rebrasser de vieux souvenirs.

Les plus jeunes découvriront un excellent antidote au discours des Éric Bédard, Lucia Ferretti et autres nostalgiques de cette époque.

Félicitations à Robert Cadotte et à son équipe pour cette initiative

L’exposition a lieu du 28 septembre au 23 février. Pour informations : 514-259-9201


En complémentaire

Comme complément, on suggère l’exposition « De l’idée à l’action, histoire du syndicalisme enseignant » présentée à l’Écomusée du fier monde. On y apprend qu’en 1936, une enseignante en milieu rural gagne à peine 200$ par année, soit cinq fois moins que les instituteurs (ce qui était déjà très peu), et ce, pour le même travail. Cette même année, Maurice Duplessis, le héros du père d’Éric Bédard, répond aux demandes des commissaires d’école qui se plaignent que les institutrices coûtent trop cher. Il baisse alors de 50$ leur salaire annuel.

Une institutrice, Laure Gaudreault, crie haut et fort son indignation. Elle réussit à convaincre ses consoeurs de se réunir pour fonder le premier syndicat d’institutrices rurales. C’est le début du syndicalisme enseignant.

L’exposition est présentée du 22 septembre au 4 décembre. Pour infos : 514-528-8444

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Cachez ce voile…

Dans une libre opinion publiée dans Le Devoir du 29 septembre, la présidente de la Fédération des femmes du Québec, Alexa Conradi, réplique à l’excellente critique de Louis Cornellier des livres de Djemila Benhabib , Les Soldats d'Allah à l'assaut de l'Occident, et Le Facteur Armageddon de Marci McDonald parue dans Le Devoir du 24 septembre.


Se portant à la défense de la position de FFQ, malmenée par Mme Benhabib dans son livre,

Alexa Conradi nous dit que la FFQ « prend au sérieux l’influence grandissante de discours religieux conservateurs – toutes religions confondues – sur les choix de société », mais elle évite soigneusement toute mention de la question qui est au centre du débat, le voile islamique, et se rabat sur les problèmes d’intégration des immigrants au marché du travail.

Dans un article publié sur notre site Internet, intitulé Québec solidaire et la Fédération des femmes et les accommodements religieux , notre collaboratrice Louise Mailloux a montré toute la fraude intellectuelle de ce tour de passe-passe. À lire.


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