Des militaires dans nos établissements scolaires, même à la maternelle

2011/10/12 | Par Karen Juliette Lalonde

Pour que vous compreniez bien mes intentions en vous adressant ces mots, je dois vous apporter quelques explications à propos du contexte actuel dans lequel moi et bien d’autres citoyens nous nous trouvons. Ces quelques mots, vous les trouverez peut-être grandiloquents ou teintés d’une naïveté juvénile, et imparfaits, qu’il en soit ainsi, je ne suis pas une de ces grandes actrices du milieu de la politique, je suis une citoyenne qui vous fait part de son point de vue sur la situation politique actuelle.

Je m’appelle Karen Juliette et je suis née, le 23 décembre 1980, l’une de ces journées très froides du Québec, en Montérégie, dans un petit village près de la frontière ontarienne.

Je suis, depuis un peu plus de trois ans, impliquée dans une campagne nationale d’opposition au recrutement militaire dans nos établissements scolaires, nommée Opération Objection. Nous savons que la précarité économique et la perception d’un avenir sans opportunité peuvent facilement pousser nos jeunes à s’enrôler dans les Forces, à défaut d’autres financement pour leurs études et inspirations de carrière, mettant ainsi leurs vies en danger, et ce, pour des interventions aux raisons purement capitalistes, surtout les cartels du pétrole.

Nous savons aussi que des directions d’écoles, des enseignants et des conseils d’établissements, donc, par le fait même, le ministère de l’Éducation, des Loisirs et du Sport du Québec, permettent à des militaires en uniforme de visiter nos écoles et de s’adresser directement à nos jeunes. Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’armée a un programme d’intéressement à la ligue navale des cadets, spécialement conçu pour les 9 à 12 ans. Tout récemment, j’ai aussi appris qu’un autre de leur programme est destiné aux tout petits de la maternelle.

Nous croyons que la jeunesse québécoise devrait avoir accès à une éducation financée par le gouvernement et qu’elle demeure dans un but civil, mais les coupures budgétaires dans l’éducation de votre gouvernement ne font qu’aggraver la situation.

Quoiqu’impliquée dans cette cause depuis ces quelques années, je ne peux fermer les yeux sur d’autres causes défendues par d’autres citoyens et qui me tiennent tout autant à cœur. Certaines que je connais bien, d’autre que je ne connais que depuis quelques semaines.

Mardi dernier, j’ai assisté au lancement du DVD double du documentaire Chercher le courant. J’ai eu le plaisir d’y rencontrer des gens impliqués, sérieux à qui les intérêts des Québécois et Québécoise tiennent à cœur. Je dois vous avouer qu’avant la publication de la lettre ouverte du producteur monsieur Denis McCready, je ne connaissais que très vaguement les enjeux du projet de la rivière Romaine. En visionnant le documentaire, j’ai tout de suite compris l’indignation des ces gens, et comme eux, je crois qu’il n’est pas trop tard pour rebrousser chemin et d’éviter une catastrophe économique et écologique.

J’ai aussi fait la connaissance, il y a quelques semaines, de plus d’un millier de citoyens indignés qui nous parlaient de corruption, de collusion dans le milieu de la construction et que vous n’y seriez pas étranger. D’une enquête sur la question que vous refusez toujours de déclencher.

J’ai aussi vu un préposé aux bénéficiaires de 36 ans indigné, à la fin de l’année dernière, lancer une pétitions demandant votre démission qui a récolté 247379 signatures. Apparemment, le milieu de la santé se meurt.

Des écologistes réclamaient un moratoire sur les gaz de schiste, d’autres dénoncent le Plan Nord, l’exploitation minière et la foresterie dans des zones protégées au nord du 49e parallèle.

Toutes ces dénonciations interconnectées ont un point en commun : vos décisions, Monsieur Charest. Lorsque vous dites, entre autre, le projet de la Romaine (enfin que tout projet hydroélectrique) servira à financer la santé et l’éducation, nous avons bien la preuve à travers ces dénonciations et l’indignation de citoyens, de spécialistes à qui vous refusez d’accorder le crédit qui leur revient, de qui vous refusez d’entendre l’expertise, que ce que vous avancez ici n’est que de la poudre aux yeux. Monsieur Charest, dites-moi si tous ces gens ont tort ou si vous n’auriez pas, par hasard, négligé de prendre leurs intérêts à cœur.

Je fus de ceux et celles qui criaient avec colère, réclamant votre démission, cependant, et ce, même si je ne vote pas Libéral et que je ne souhaite pas que vous restiez au pouvoir, je ne peut plus accepter la noirceur que cette colère engendre. Je ne veux donc aucunement être de ceux et celles qui s’endormiront, ce soir, un sentiment d’amertume au cœur. Je ne me range pas derrière vous, mais je ne veux pas d’une lutte acharnée, je désire que tous nous y trouvons notre compte. Que les citoyens obtiennent justice et que vous, vous retrouviez votre intégrité.

Nous ne voulons pas votre tête sur un bucher. Nous ne la voulons pas non plus dans le sable. Nous la voulons consciente, et sur vos deux épaules. Mon sentiment est que la population québécoise vous sera clémente si, la tête haute, avec la dignité d’un homme politique digne de ce nom, vous avouez vos erreurs et les rectifiez, incessamment.

S’il vous plait, mettez un terme à toute cette hargne venant des deux partis. Ayez du cœur, et faites vous reconnaître, à travers l’histoire de notre province, comme cet homme politique qui a su retrouver son intégrité et non comme celui qui, lui aussi à laissé les lobbies mener votre barque dans un courant tumultueux, dans des eaux troubles. Ne prenez pas la voie facile tracée par la peur.


Karen Juliette Lalonde

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