Manif contre la hausse des frais de scolarité

2011/11/08 | Par L’aut’journal 

Une large coalition de 130 groupes sociaux appelle la population à se mobiliser contre la hausse brutale des frais de scolarité prévue à partir de 2012. La Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics l’invite notamment à se joindre en grand nombre à la manifestation étudiante qui aura lieu le jeudi 10 novembre, à Montréal.

Selon François Saillant, du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), « on aurait tort de penser qu’il n’y a que les étudiantes et les étudiants qui s’appauvriront avec la hausse des frais de scolarité qui, à terme, atteindra 1625 $ par an ; leurs familles seront aussi affectées, en particulier celles ayant des revenus plus modestes ».

Il ajoute que « la hausse pèsera d’autant plus lourdement sur ces familles qu’elle s’inscrit dans une série de mesures injustes comprenant la taxe santé de 200 $ par an, l’accroissement de 2 % de la Taxe de vente du Québec et l’augmentation prévue des tarifs d’hydro-électricité à partir de 2014 ».

Marie Blais, de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), soutient, pour sa part, que l’augmentation des droits de scolarité ne règlera même pas le problème du financement des universités : « Au lieu de mettre en danger l’avenir des jeunes, le gouvernement pourrait, par exemple, limiter la coûteuse concurrence entre les universités, empêcher leurs projets immobiliers pharaoniques ou encore réduire la rémunération excessive de certains cadres ».

Dominique Peschard, de la Ligue des droits et libertés, rappelle qu’en endossant, en 1976, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, le Québec s’est formellement engagé à ce que l’enseignement supérieur soit « rendu accessible à tous et à toutes en pleine égalité, en fonction des capacités de chacun et chacune, par tous les moyens appropriés et notamment par l’instauration progressive de la gratuité ».

ll ajoute que, « lors de son dernier rapport sur le respect des droits économiques, sociaux et culturels au Canada, l’ONU a justement qualifié l’augmentation des frais de scolarité survenue dans plusieurs provinces de discriminatoire à l’égard des personnes à revenus modestes. Rappelons que le Pacte n’autorise aucune mesure régressive s’agissant du droit à l’éducation, tout comme pour les autres droits qui y sont énumérés. En augmentant les frais de scolarité, comme il le fait, le Québec agit en violation de ce droit que l’ONU qualifie, par ailleurs, de droit fondamental ».

Nesrine Bessaïh, qui représente à la fois l’R des centres de femmes du Québec et la Fédération des femmes du Québec (FFQ), estime que la hausse des frais de scolarité sera d’autant plus discriminatoire qu’elle affectera en particulier les femmes : « Les femmes ont davantage accès aux études supérieures que par le passé. Or, cet accès des femmes à l’éducation risque grandement d’être compromis avec la hausse des frais ».

Enfin, pour Régine Laurent, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), la décision du gouvernement Charest n’a rien d’étonnant. Celui-ci applique la même vieille recette : il sous-finance un service public, pour ensuite se sentir légitime de tarifer à outrance.

Pourtant, des alternatives existent. « Il est urgent que les décideurs s’ouvrent les yeux. Pourquoi le gouvernement ne fait-il pas le choix d’aller chercher l’argent dans les bonnes poches ? La mise en place de mesures permettant de mieux contrôler le coût des médicaments en est un excellent exemple. Le gouvernement pourrait ainsi aller chercher plusieurs centaines de millions de dollars.  C’est ce genre de choix que le gouvernement doit faire afin de financer adéquatement les services publics comme l’éducation et la santé », souligne-t-elle.

La manifestation du 10 novembre débutera à 14h00, à la Place Émilie-Gamelin. Un contingent de groupes sociaux se donne rendez-vous à partir de 13h30, près de la sortie « Saint-Denis et de Maisonneuve » du métro Berri-UQÀM.


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