Qu’est-ce que la « décroissance conviviale » ?

2011/11/09 | Par Jacques Fournier

L’auteur est organisateur communautaire retraité

Avez-vous entendu parler du Mouvement québécois pour une décroissance conviviale (MQDC) ( www.decroissance.qc.ca ) ?  C’est un mouvement qui préconise que l’on accorde moins d’importance à l’économie et à l’argent dans nos vies et que l’on mette davantage l’accent sur le bien-être des personnes, partout sur la planète.

C’est une manière de voir qui préconise une baisse de la croissance quantitative dans les pays du Nord et une croissance plus importante dans les pays du Sud.

C’est une vision qui prend en compte l’écologie et les limites physiques réelles de notre petite planète bleue. On pourrait aussi dire que c’est le prolongement collectif et politique du mouvement individuel pour la simplicité volontaire ( www.simplicitevolontaire.info ).

Pour en savoir plus, j’ai participé à une soirée d’échanges à ce sujet organisée par la revue Relations le 26 septembre dernier.

Voici quelques notes que j’y ai prises. La décroissance n’est pas un pas en arrière, mais un pas de côté par rapport au chemin dominant. Des anthropologues ont démontré, à partir de recherches sur les sociétés de chasseurs-cueilleurs, que le concept des « besoins illimités », c’est culturel et non naturel. Ce n’est pas exact de dire : il est dans la nature humaine de toujours vouloir posséder davantage et consommer plus. C’est la société actuelle qui nous « conditionne » dans ce sens.

On n’a plus le temps parce qu’on passe notre temps à vouloir être de notre temps. L’autonomie d’une personne, c’est sa capacité à se donner des limites

Certains peuples ont ce qu’on appelle un « retard historique », par exemple des peuples très pauvres et peu développés. Mais ce « retard » d’un peuple peut éventuellement lui permettre de se préparer pour un futur autre que la voie dominante.

J’ai lu aussi le numéro des Nouveaux cahiers du socialisme portant sur  Ecosocialisme ou barbarie? (no 6, 2011) ( www.cahiersdusocialisme.org ). En voici quelques extraits :

« Il s’agit donc de substituer à la croissance quantitative du capitalisme d’accumulation une autre logique que l’on pourrait nommer croissance qualitative, laquelle implique une importante décroissance quantitative avant tout dans les pays capitalistes dominants » (Richard Poulin).

« Évidemment, décroître pour décroître, c’est absurde – mais ni plus ni moins que croître pour croître. Bien entendu, des tas de choses doivent croître, comme la joie de vivre, la qualité de l’eau et de l’air, la qualité de vie, tous ces biens non marchands que la société de croissance a détruits. (..) En toute rigueur, il conviendrait de parler d’une a-croissance, comme on parle d’a-théisme. C’est d’ailleurs très précisément de l’abandon d’une foi et d’une religion qu’il s’agit (…) » (Serge Latouche).

« La décroissance rouvre l’aventure humaine à la pluralité des destins (…). La société de sobriété choisie qu’implique l’abandon de la religion de la croissance supposera de travailler moins pour vivre mieux, de consommer moins mais mieux, de produire moins de déchets, de recycler plus, bref de retrouver le sens de la mesure et une empreinte écologique soutenable » (Serge Latouche).

« La décroissance travaille à miner l’autonomie de l’économie par rapport à la société. La décroissance, ce n’est pas la décroissance économique, ce n’est pas la récession (gare au malentendu !), c’est plutôt la décroissance de l’économie elle-même » (Louis Marion).

Vous vous demandez : que veulent ceux et celles qui « occupent Montréal » et d’autres villes dans le monde ? Ils veulent une plus grande égalité dans la distribution des revenus, une transformation profonde du système économique mondial, ce qui, je crois, rejoint les objectifs de la décroissance conviviale.

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