L’indépendance: notre seul avenir

2011/11/18 | Par Victor-Lévy Beaulieu

On pourra désormais dire de moi que je suis un chien perdu sans collier mais avec médaille. Si j’ai accepté d’être ainsi honoré par l’Assemblée nationale du Québec, c’est évidemment par respect pour Madame Lisette Lapointe, députée indépendantiste et indépendante de Crémazie, pour Madame Louise Beaudoin, M. Pierre Curzi et M. Jean-Martin Aussant qui ont démontré, en démissionnant du Parti québécois, qu’ils mettaient les intérêts supérieurs de la nation au-dessus de toute partisannerie électoraliste.

Ils ont démontré également que l’idée d’indépendance est d’abord une passion et que toute passion ne doit s’accommoder d’aucun compromis. Ils ont ainsi entériné ce mot de Samuel Butler qui a dit : « Pas de nationalité sans littérature et pas de littérature sans nationalité. »

J’admire le courage qui est le leur, car il est le courage de notre être identitaire, qui est profondément enraciné, autant dans la terre que dans le ciel québécois.

Les premiers députés qui ont siégé au Parlement, dois-je le rappeler, ont dû eux aussi faire preuve de beaucoup de courage, ne serait-ce que pour faire de la langue française, après de durs débats, la langue d’usage de ce qu’on appelait alors l’Assemblée législative.

Cet entêtement a permis à Jean-Antoine Panet d’être élu orateur de la Chambre malgré le fait qu’il était unilingue français dans une assemblée que les Anglophones dominaient.

Sans cet entêtement, le Québec serait-il aujourd’hui une société dont la langue officielle est le français? Et sans l’entêtement de Louis-Joseph Papineau, qui succéda à Jean-Antoine Panet, l’idée d’indépendance serait-elle encore cette utopie qu’il faut réaliser si nous ne voulons pas disparaître dans les débris de l’histoire des autres?

Le visionnaire Nicolas Ledoux a dit : « Il ne faut pas désespérer, car le chaos progresse. » Et le chaos progresse d’autant mieux quand on dit oui à la vie, à soi-même et aux autres, à l’intelligence et à l’émotion, à la raison et à la passion.

Quand nous mettrons enfin tout cela dans la grande marmite de notre utopie, n’ayez aucune inquiétude : l’indépendance se fera, l’utopie d’un monde tout à fait nôtre se réalisera : nos mots chanteront et danseront, portés par ce courage, par cette vaillance et par cet acharnement qui sont le prix de la liberté!

Je m’en voudrais de terminer ce petit mot sans rappeler que l’Assemblée nationale du Québec n’a toujours pas réparé l’énorme injustice qu’elle a faite au parlementaire M. Yves Michaud en adoptant à l’unanimité, et sans même la discuter, une motion de blâme à son endroit, ce qui est inadmissible dans une institution dont le devoir « est de soutenir dans toute occasion l’honneur et la dignité de la Chambre, les droits et les privilèges du peuple ».

Cet honneur et cette dignité, l’Assemblée nationale l’a perdu en condamnant l’un de ses parlementaires injustement : on agit injustement quand on condamne quelqu’un sans même prendre le temps de lire les propos qu’on lui reproche!

Il m’apparaît donc urgent que tous les parlementaires de notre Assemblée nationale réparent l’outrage sans précédent fait par-devers M. Yves Michaud qui a droit, beaucoup plus que plusieurs d’entre nous, à sa dignité et à son honneur.


Victor-Lévy Beaulieu, mercredi le 23 novembre
À l’occasion de la remise de la Médaille de l’Assemblée nationale du Québec

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