L’Homme de Vitruve

2011/11/24 | Par Pierre Curzi

Ce soir, je veux vous parler spécifiquement de quatre choses. Je veux vous parler de ce que nous sommes, c’est-à-dire de nos valeurs. Je veux vous parler aussi de ce que nous possédons, de nos avoirs, de nos richesses collectives, du sous-sol, de l’eau, de l’air. Je veux vous parler des institutions démocratiques et des réformes aux institutions démocratiques qui m’apparaissent nécessaires, et je veux vous parler aussi des pouvoirs, des pouvoirs que nous possédons et des pouvoirs que nous ne possédons pas et, au centre de tout cela, je veux vous parler de vous, de moi, de nous, des citoyens, des pouvoirs des citoyens et évidemment, fondamentalement, je veux vous parler de l’indépendance du Québec.

Ces quatre thèmes qu’on a simplifiés en disant l’être, l’avoir, les institutions, les pouvoirs, dans mon petit groupe, dans mon comté avec mes conseillers politiques et mes adjoints, on a appelé ça la croix. Je me suis dit je vais utiliser ce symbole de la croix, et quand j’ai imaginé que je mettais quelqu’un au centre de la croix, tout à coup, l’athée en moi s’est éveillé et je me suis dit, c’est une image bizarre, parler du citoyen blessé au centre de la croix. Et j’étais pris avec ce phénomène, et ce phénomène n’est pas banal, c’est un phénomène d’image, et une image vaut mille mots et comme j’en avais peu, je me suis dit : profitons de cette image. Et ce qui m’est venu, c’est le dessin de Léonard de Vinci. Tout à coup, je me suis dit : mais nous on voit toujours ça comme étant une croix, donc quatre points, et puis tout d’un coup, je me suis souvenu que ces points étaient en relation et que finalement, il ne s’agissait pas du tout d’un carré, ni même d’une croix, mais au contraire qu’il s’agissait d’un cercle et là, j’ai revu dans ce cercle le dessin de Léonard de Vinci. Donc, à l’intérieur d’un carré qui est aussi le centre d’un cercle, il y a un homme, cet homme qui est debout, c’est l’Homme de Vitruve et Vitruve est aussi le symbole du nombre d’or, c’est-à-dire de l’harmonie parfaite de ce qu’on a appelé l’analogie.

Ça semble ésotérique mais je vais conduire et conclure mon discours avec cette image.

L’an dernier, Joseph Facal a pris la parole ici et il a fait un constat de la morosité qui existait au Québec et il s’est posé la question : comment allons-nous passer de 35 % d’indépendantistes à un juteux 52, 55 % d’indépendantistes capables de faire le pays d’une façon claire et il s’est aussi dit qu’il faut sortir de l’obsession référendaire, il faut avoir d’autres façons de faire si nous ne voulons pas ravoir les mêmes résultats.

Depuis ce temps, il y a eu plusieurs événements. Je ne reviendrai pas sur les événements, mais on peut quand même mentionner qu’il y a eu la défaite du Bloc, qu’il y a eu l’arrivée de François Legault et qu’il y a eu les départs du caucus du Parti québécois. Pourtant, pendant les quatre années que j’ai été au Parti québécois, j’ai fait pas moins de 75 assemblées où j’étais invité à prendre la parole. À chaque fois j’ai parlé avec le plus d’intelligence, avec le plus de conviction, le plus d’énergie de l’indépendance. Mais partout, toujours, je parlais à des gens qui étaient des convertis, des indépendantistes qui sont partout à travers le Québec, ceux-là, ceux qui font partie des 35 %.

Pendant ce temps, dans ma circonscription, j’étais invité à des événements, des rassemblements citoyens pour manifester contre le gaz de schiste, des soirées extrêmement intéressantes, et même une journée de la francophonie et jamais, à aucun moment, je n’ai pu prendre la parole parce qu’on ne voulait pas qu’il y ait un discours partisan. C’est vous dire à quel point à mon sens, il y a un éloignement de la classe politique de la vie citoyenne et des préoccupations citoyennes. Pourtant, en même temps, il y avait l’organisation de ce mouvement pour s’opposer à l’exploration et à l’exploitation des gaz de schiste. Pourtant, en même temps, il y a actuellement Occupons Montréal, en même temps, il y a une mobilisation énorme pour obtenir une enquête publique contre la collusion et la corruption. Il y a actuellement des documentaires, celui d’Hugo Latulippe, République :Un abécédaire populaire, celui de Desjardins Trou story, il y a un documentaire sur Gérald Godin, il y a un documentaire sur la Romaine, Au fil du courant, il y a des livres qui sont publiés et il y a des mouvements qui naissent par dizaines. Autrement dit, il y a actuellement quelque chose qui fermente au Québec, il y a un désir évident de basculer vers une reprise par l’ensemble des citoyens du pouvoir politique. Les gens, paraît-il, ne veulent pas entendre parler tant que ça de souveraineté ou d’indépendance, ce sont des mots qui semblent leur faire peur, mais ce dont ils veulent entendre parler, c’est qui prend donc les décisions quant à leur destin économique, qui prend donc les décisions sur leur environnement, qui prend les décisions au niveau de l’agriculture, au niveau de la diversité des cultures, au niveau de la distribution de la richesse. Et à force de travailler, de réfléchir et de constater cela, je me suis rendu compte, que ce dont il fallait parler maintenant pour être en phase avec la vie des citoyens, c’est qu’il fallait leur parler aussi de nos dépendances.

Il faut tout à coup qu’on se rende compte au Québec, et dans notre parole citoyenne et dans notre parole d’indépendantiste, que les gens sont soucieux de ceux et de ce dont ils dépendent, et cette dépendance, elle est de plus en plus à l’extérieur du Québec, à l’extérieur du Canada, et qu’elle est décidée à Washington, à Genève, un peu partout. Il y a un peu partout dans le monde des forums où nous n’avons pas voix, auxquels nous n’avons pas accès, qui prennent des décisions sur notre économie, sur les flux des capitaux, sur l’environnement, sur la mondialisation, sur l’anglicisation des cultures, sur les migrations des populations pour des causes naturelles, pour des causes de guerre. Nous sommes de plus en plus dépendants dans plusieurs de nos choix, dans plusieurs de nos décisions, de décisions qui se prennent ailleurs, hors de chez nous. Le fait d’être dépendants ne fait pas de nous des victimes, mais il n’empêche, nous sommes dépendants et je me suis dit : il faut commencer à parler de ces dépendances. Il m’apparaît que c’est une manière intéressante de parler de notre indépendance.

 

Nos avoirs

Je veux commencer en vous parlant de notre dépendance dans le cas des ressources naturelles et des ressources minières. On sait que le Québec, comme pays et comme plusieurs autres pays, réussit à l’échelle planétaire. On peut nommer des réussites chez les scientifiques, des réussites dans le milieu culturel, dans le milieu de l’ingénierie, dans l’éducation, dans tous les milieux il y a des réussites. Nous réussissons au Québec et nous réussissons à partir de ce que nous sommes, à partir de notre faculté à être nous-mêmes culturellement, linguistiquement. Nous réussissons partout dans le monde. Nous sommes des résistants qui refusent de s’effacer, qui s’affirment. Il n’empêche que nous sommes de plus en plus dépendants d’un néolibéralisme qui est agressif, qui est prédateur et que nous n’échapperons pas au flux des capitaux. Actuellement les États-Unis et l’Union Européenne sont dans de mauvaises situations budgétaires et financières et quand les États-Unis souffrent économiquement, nous en subissons les conséquences, nos exportations diminuent et notre économie en pâtit. L’Union européenne est traversée par des problèmes majeurs au point où plusieurs pays de l’Union européenne ont de la difficulté à rembourser leur dette et sont incapables de convaincre leur population qu’ils sont porteurs d’une solution à moyen terme pour leur propre économie et non pour la santé des gens qui vivent dans ce pays.

En même temps on voit des pays comme, le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, la Corée du Sud, qui émergent et qui sont de plus en plus vigoureux, et qui non seulement offrent des possibilités de délocaliser nos entreprises, mais qui sont en train de commencer à investir massivement dans les matières premières et dans les ressources naturelles d’autres pays, dont le nôtre. Quand on regarde le développement du nord du Québec, quand on sait les richesses au niveau des ressources minières qu’il contient, on voit bien que ces richesses-là sont convoitées par le grand capital. Et notre réflexe semble bien être de nous déposséder pour nous développer. Il semble bien que malgré toute notre histoire, nous soyons en train de dire à ces grands capitaux : « mais venez, venez développer chez nous, nous sommes prêts à vous céder notre soussol, nos richesses, nous vous abandonnons ce développement. » Il semble bien qu’actuellement nous abandonnions aux grandes corporations notre développement alors qu’elles ne se soucient absolument pas de notre destin collectif. En même temps, nous voyons que le Canada est en train de négocier avec l’Union européenne une entente dont nous ne connaissons rien, mais dont nous savons pertinemment qu’elle va toucher les marchés publics, c’est-à-dire l’eau, probablement Hydro-Québec, l’agriculture et la gestion de l’offre, la culture, les ressources minières et les ressources naturelles. Ce sont des objets de convoitise pour ces capitaux et cet accord contient des clauses troublantes sur les investissements, sur la libéralisation des investissements, sur le fait que bientôt nous serons confrontés à des clauses qui s’appellent le traitement national, qui s’appellent la libre circulation des capitaux, qui s’appellent la clause de la nation la plus favorisée, à des clauses qui éventuellement nous empêcheront d’appliquer nos politiques environnementales, nos politiques d’emploi. Et cela se passe parce que nous sommes actuellement agenouillés devant des investisseurs et la venue de capitaux financiers.

Pourtant, quand on se souvient de notre histoire économique, quand on se souvient de la nationalisation de l’électricité qui s’est faite à un moment où le capital d’investissements privés et publics était quasiment larvaire au Québec. Quand on se souvient que nous avons fait cela et que nous avons réussi, on se dit comment se fait-il que nous ayons encore ce vieux réflexe archaïque de penser que pour nous développer, nous devons nous déposséder. Comment se fait-il qu’après avoir créé des outils aussi puissants que la Caisse de Dépôt, qu’après avoir créé le Fonds de Solidarité, qu’en connaissant la richesse des fonds de retraite privés, donc un accès réel à un capital d’investissement privé, nous soyons encore en train d’abandonner la possession de notre avoir à des gens qui se soucient peu des investissements nécessaires pour avoir accès à ces ressources et qui ne se soucient absolument pas des conséquences de ces investissements qui ne se soucient pas de l’environnement, qui ne se soucient pas de laisser une économie durable et donc ni de la deuxième ni de la troisième transformation.

Quand on regarde par exemple les déclarations de Lucien Bouchard qui nous dit que l’État devrait prendre une participation dans l’exploitation et l’exploration des gaz de schiste alors que la décision même de la pertinence d’exploiter les gaz de schiste n’a  pas encore été faite, on reste songeur. On reste songeur parce qu’il y a là un détournement. La mission de l’État et l’investissement et la propriété de l’État, l’actionnariat de l’État comme principe de base pour faire fructifier l’exploitation de nos matières premières, elle est avantageuse, il faut la souhaiter, mais ce que M. Bouchard nous dit semble être d’un autre ordre. Cet actionnariat de l’État, il est non seulement souhaitable, mais c’est une des seules manières que nous puissions avoir à l’égard de l’exploitation un comportement éthique, suivre un processus qui soit moral et qui soit bénéfique pour ce que nous sommes.

Vous connaissez probablement l’exemple de la Norvège. En Norvège, l’État contrôle la Statoil à hauteur de 66 %. Par l’intermédiaire de cette société, l’État a donc des parts dans toutes les compagnies pétrolières. Non seulement l’État possède, mais les profits nets des pétrolières sont imposés à la hauteur de 78 %. En plus, il y a des limitations à la production des gaz à effet de serre et en plus on ajoute une taxe sur la production de carbone, et quand vous ajoutez tout cela, c’est-à-dire le prix de vente, les profits liés à la vente du pétrole, les taxes et en plus les redevances, la Norvège a réussi à se constituer un fonds souverain de 600 milliards pour une population de 4,6 millions de Norvégiens. Ce fonds est réservé aux générations futures et les investissements du fonds sont régis par des règles éthiques extrêmement strictes. Ici, nous avons le savoirfaire, nous avons les capitaux pour développer nos filières minérales et énergétiques. Il faut cesser de confier à d’autres la transformation de nos matières premières. Il faut s’assurer que nous allons mettre en oeuvre nous-mêmes le développement durable par différents types d’économie. On peut imaginer qu’il y aurait bien d’autres modèles qui nous sont proches. On peut imaginer des modèles coopératifs et des modèles d’économie sociale. Ce n’est pas inimaginable de voir le développement des ressources naturelles et de matières premières par des outils que nous connaissons bien, que nous avons fabriqués, qui font partie de notre historique.

Il y a d’autres exemples qui sont clairs. Quand on regarde l’industrie du bois au moment où il y a eu la crise dans les industries des pâtes et papiers, on a constaté que les scieries et les usines de pâtes et papiers avaient un taux de chômage de 20 %. Pourtant, les usines qui fabriquaient des meubles, elles avaient réussi à avoir un taux de chômage de 10 %. On voit que l’innovation, la recherche et l’investissement qu’on fait dans la connaissance, dans l’expertise, dans nos collèges et dans nos universités, sont un modèle rentable, utile, un véritable modèle de développement. En plus, quand on fait ce type de développement on s’occupe d’une manière dynamique et d’une manière durable tout le territoire et ça, c’est fondamental. Un pays n’est jamais plus fort que chacune de ses régions. Donc, c’est l’apologie de la prise en main de notre développement des ressources naturelles et des ressources minières avec des outils que nous avons créés et mis au monde.

Une des conditions aussi pour réussir, c’est évidemment, de sortir de notre dépendance au pétrole. Nous savons tous, le pétrole c’est environ entre 12 et 16 milliards, qui chaque année s’en vont. Or, nous avons ici la possibilité de pallier à cet achat d’énergie fossile par notre capacité inouïe de développer des énergies non fossiles. Vous les connaissez, il y a l’hydro-électricité évidemment, l’éolien, la géothermie, la biomasse, la biométhanisation et d’énormes réservoirs de vent. Nous avons absolument tout ce qu’il faut pour procéder dès maintenant à un retrait de notre dépendance au pétrole. Et, quand on a des projets, comme le fabuleux projet du mono rail suspendu animé par des moteurs-roue qui relierait non seulement Montréal à Québec, mais toutes les régions du Québec, ce projet est fabuleux, c’est un projet à faire rêver n’importe qui. C’est ce type de projet qu’il faut mettre en oeuvre avec un développement réel et un enrichissement réel de l’exploitation intelligente et cohérente de nos ressources humaines, minières et naturelles.

 

Nos valeurs

Disons que dans mon homme de Léonard de Vinci, le développement économique, on va mettre ça dans la main droite. Je veux vous parler aussi de la main gauche. Cette main représente pour moi les valeurs. Évidemment, les valeurs quand on en parle au Québec, on s’est rendu compte qu’on parle toujours de trois valeurs : la langue, l’égalité entre les femmes et les hommes et la séparation de l’État et de l’Église, la séparation de l’État, donc la laïcité de l’État. Mais, en même temps, il faut savoir qu’il y a d’autres valeurs, il y a d’autres valeurs dont nous vivons et dont nous vivons depuis longtemps.

Bon, pour le français, j’ai plusieurs amis qui vont reconnaître ce passage, mais dans le fond, il y a eu deux études que j’ai faites. La première s’appelle L’esquisse du vrai visage du français au Québec, Le grand Montréal s’anglicise, la deuxième s’appelle L’application de la Charte de la langue française au collégial, un prolongement nécessaire. Dans le fond, on peut dire qu’au Québec, le français se porte bien. Il y a une certaine quiétude dans l’ensemble du Québec, les gens vivent en général majoritairement dans une langue commune, une langue officielle, leur langue d’usage, leur langue maternelle qui est le français. Il y a deux lieux où il y a des problèmes. Il y a dans la grande région métropolitaine de recensement, c’est-à-dire Montréal, l’île de Montréal, la couronne nord, la couronne sud et il y a la grande région métropolitaine d’Hull-Ottawa, c’est-à-dire essentiellement Gatineau. C’est là que les problèmes sont présents.

On sait qu’à Montréal, il y a 300 000 anglophones, 600 000 allophones, 900 000 francophones. Donc, un rapport de 3 personnes de langue maternelle française pour une personne de langue maternelle anglaise, un rapport de 3 pour 1. Quand on regarde la langue d’usage, ce rapport-là n’est plus de 3 pour 1, c’est un rapport de 2 pour 1. Les raisons sont les suivantes. On évalue à 200 000 les francophones qui ont migré de l’île vers les banlieues en 20 ans. On sait que chez les anglophones, le déficit entre ceux qui arrivent et ceux qui quittent est maintenant presque nul. Donc, les anglophones restent à Montréal et ne partent plus du Québec. On s’en réjouit et c’est très bien. Il y a 600 000 allophones dont un très grand nombre a glissé vers l’anglais, vers la langue anglaise, vers la culture anglaise. On a évalué avec un critère que l’anglais à Montréal était 5 fois plus attirant que le français. On a identifié trois raisons pour lesquelles les allophones choisissent en grand nombre l’anglais. La première raison, c’est le logement, donc le lieu où ils s’établissent. Le quartier, l’environnement dans lequel ils vivent. La deuxième est le travail, le premier travail qui est souvent dans de petites entreprises, mais aussi dans des moyennes et dans des grandes entreprises et on sait que dans le milieu du travail, depuis un certain temps il n’y a pas autant de francisation. L’effort de francisation dans les grandes entreprises m’apparaît comme être difficilement comparable à ce qu’il a déjà été. Dans les moyennes entreprises, c’est un peu le même scénario. Là où c’est moins organisé et c’est très difficile de savoir avec précision, c’est dans les petites entreprises de moins de 50 employés. Là, on n’a rien, on ne sait pas dans quelle langue les gens travaillent quand il y a entre 10 et 50 employés, on ne sait pas. Il n’y a pas d’étude de l’Office québécois de la langue française, il n’y a pas de document fiable, on néglige cela et ce sont les lieux où souvent les gens qui arrivent vont trouver leur premier emploi. Parfois ça se passe en français, des fois en anglais, des fois dans d’autres langues. Ce que l’on sait surtout, c’est que toutes ces petites entreprises sont dépourvues même si la Charte s’applique partout, sont dépourvues de moyens pour servir d’outil de francisation pour les gens qui arrivent. Alors, les conséquences, c’est qu’en 2031, 43 % des Montréalais auront comme langue d’usage le français, 43 % seulement. Le résultat, on le voit. Montréal s’affiche de plus en plus en anglais. Montréal s’anglicise dans la représentation qu’elle a d’elle-même. Montréal qui a toujours été le coeur francophone du Québec, un coeur francophone qui a servi à l’ensemble du Québec est en train de s’affaiblir et dans la mesure où le coeur de Montréal s’affaiblit au niveau de la production des contenus et de la culture francophone, cela a des effets sur le reste du Québec.

Si Montréal est aspiré par le grand remous anglo-saxon, le reste du Québec va suivre.

Ajoutez à cela un nouveau phénomène que l’on ne connaissait pas qui est une contamination virale par des fragments anglophones qui affaiblissent notre immunité linguistique. Je vous donne des exemples. Savez-vous ce que ça veut dire LOL? Lots of laughs. Savez-vous ce que ça veut dire TGIF, c’est Thank God it’s Friday, BTW, by the way, OMG, Oh my God.

Ce langage, c’est de la contamination virale, ça rentre dans nos intimités, dans nos salons, dans notre chambre, dans nos blackberrys et dans nos Ipods. Ça rentre partout, tout le temps, d’une manière constante. C’est un langage qui est de plus en plus utilisé. Si vous croyez que ça n’a pas d’effet, moi je vous garantis qu’une répétition constante de ces fragments va nous affaiblir et que notre système immunitaire a besoin d’un sérieux coup de boostage pour pouvoir résister à ce genre d’attaque. Alors, si nous ne renforçons pas notre immunité, la langue française risque de s’anémier et de disparaître et avec elle, la culture. Nous devrions nous en inquiéter beaucoup.

Shakespeare a dit : « Nous sommes faits de l’étoffe de nos rêves » et moi je dis, au Québec, nous sommes faits de l’étoffe de nos mots. Ce sont les mots qui ont nommé le pays. C’est le français qui a nommé les lacs, les rivières, les montagnes, les forêts, les villages et les familles. C’est le français qui est chanté, qui est célébré et qu’on écrit. Bien sûr, il a été mâtiné d’un peu d’anglais, d’un peu d’autres langues, mais fondamentalement, le monde n’existait pas au Québec avant d’être nommé et nous  l’avons nommé par la langue française. C’est ce qu’il y a de plus précieux. La langue crée le monde, elle porte l’accent de notre identité, elle est garante de notre cohésion, d’une compréhension du sens partagé des mots que nous utilisons pour parler du monde qui nous entoure, de nos sentiments et de nos vies. Quelles sont les solutions?  Vous les connaissez. Les solutions sont le renforcement de la Loi 101, le renforcement de la Loi 101 surtout dans ses aspects de la langue de travail, la langue de l’Administration, c’est l’application de la Loi 101, dans les cégeps. C’est la francisation des services de garde en milieu allophone, c’est fondamental. C’est jeune qu’on apprend et qu’on pratique une langue.

C’est également la révision de la loi sur l’affichage, le renforcement de notre réseau national de télévision. C’est la fréquentation des productions culturelles de langue française et la tentative d’y attirer un bassin de plus en plus important de gens dont la culture est autre et qu’on réussit mal à attirer dans notre culture d’expression française. Et évidemment, c’est la réussite de l’immigration et de la francisation. Il y a le magnifique livre de Benoit Dubreuil et Guillaume Marois que vous connaissez, Le remède imaginaire, qui décrit cela admirablement. Dans le fond, il y a deux solutions : soit on réduit le nombre de gens qu’on accueille, mais on s’assure qu’on leur fournit de véritables services de francisation et d’intégration. Soit, il faut augmenter considérablement les ressources disponibles pour s’assurer de réussir complètement cette francisation et cette immigration. Si on n’agit pas d’une façon claire, d’une façon ferme, il est certain que nous allons perdre le combat. Nous sommes à prendre ou à laisser. Nous sommes à nous posséder et à nous déposséder et il n’en tient qu’à nous.

Je veux parler aussi d’une autre valeur, une valeur qui est compliquée et je vais essayer d’être clair. Je veux parler de la laïcité parce que souvent on a le sentiment d’une perte identitaire par rapport à la langue et souvent quand on a le sentiment de perdre au niveau de l’identité, on a tendance à accuser l’autre. C’est l’autre qui est responsable de notre perte identitaire, c’est à cause de l’autre si nous sommes fragilisés. Ce sentiment de perte, il est fort et quand on regarde la laïcité, c’est assez révélateur. À un moment donné dans notre histoire, nous avons décidé que nous allions séparer l’État de l’Église et en même temps, on a abandonné la pratique religieuse. En faisant cela, on a tourné le dos à tout un pan de notre identité collective. Les francophones en Amérique, les Québécois, étaient des catholiques et quand on a fait cette migration, un pas démocratique avec lequel tout le monde était d’accord, on s’est trouvé à abandonner la religion, mais pas les valeurs portées par cette religion. On ne les a pas jetées en même temps qu’on jetait la pratique religieuse. Souvenez-vous, les institutions scolaires étaient de véritables incubateurs des valeurs, des valeurs explicites, ça servait à ce moment-là la citoyenneté, ça s’appelait le cours d’hygiène, le cours de bienséance. On pratiquait l’économie parce qu’il y avait des caisses populaires scolaires. Ça transportait un tas de valeurs extrêmement fortes, des valeurs de coopération et d’ouverture sur la communauté. Des valeurs de travail, d’économie, des valeurs intelligentes d’investissement dans ce que nous sommes. C’est avec ces valeurs qu’on a réussi énormément de choses au Québec. Avec ces valeurs, on a réussi à réduire la différence entre les riches et les pauvres d’une façon remarquable. On est probablement en Amérique l’endroit où il y a le moins de différence entre les riches et les pauvres. Avec ce modèle nous avons réussi à avoir l’équité salariale, les services de garde pour les jeunes enfants. On a financé tout ça avec ces principes, avec cette pensée. Le fait d’avoir des services de garde a permis aux femmes d’avoir accès au marché du travail. D’un coup, on a réduit considérablement la pauvreté dans bien des milieux, dans bien des familles de l’ensemble du Québec. On est devenu tout à coup une société prospère. Tout cela a été lié à l’ensemble des valeurs qui étaient en quelque sorte sous-jacentes, qui soutenaient ou qui ont été soutenues ou qui faisaient partie du modèle chrétien. On a abandonné la pratique mais on a quand même su maintenir ces valeurs et les concrétiser. Mais, en même temps, dans le discours, on a choisi de donner l’apparence que nous avions opté pour un pluralisme des valeurs. On s’est dit, ce pluralisme va indiquer que nous sommes des gens ouverts. Nous sommes ouverts aux autres, nous sommes capables de nous ouvrir, capables de tolérance et capables d’adaptation. En soi, ce n’était pas un mauvais concept mais, ce faisant, on n’a plus privilégié aucune valeur. Les valeurs portées par cet historique ont été mises en oeuvre. Elles ont produit de bons résultats mais, tranquillement, dans le discours, on a cessé de les véhiculer et on a laissé entrer une valeur forte, une valeur dominante qui est la consommation.

On a laissé tranquillement la notion de consommateur remplacer graduellement celle d’un citoyen conscient de sa communauté. On a provoqué un repliement sur chacun pour soi. On a provoqué un endettement majeur des familles qui fait que maintenant le premier souci c’est d’abord de se sortir de cette dette et qu’il est de plus en plus difficile de s’ouvrir aux autres et d’être ouvert aux communautés. Nous avons en quelque sorte négligé de remplacer les valeurs humanistes et chrétiennes par des valeurs humanistes laïques. Il faut redresser ce discours et l’endroit pour le faire, c’est inévitablement l’école. Il faut redessiner l’école. Je ne dis pas que cela s’applique partout, plein de gens y travaillent, mais il faut encourager le retour dans les écoles d’un humanisme laïque qui dise clairement quelles sont les valeurs qui nous ont fondés, quelles sont les valeurs qui se sont déployées et quelles sont les valeurs avec lesquelles nous allons continuer à marcher vers notre avenir. Il faut réinventer une école qui soit soucieuse d’une solidarité qui s’effrite et il faut redonner à cette solidarité-là une âme et il faut lui redonner des défenseurs. Ces défenseurs, ce seront les enfants, ce seront les jeunes.

Alors, voilà donc la main gauche avec des valeurs d’entraide, de coopération, d’équité intergénérationnelle, d’égalité, de répartition de la richesse, de justice sociale, d’accès à la santé, à la justice et à l’éducation. Toutes ces valeurs, il faut les nommer et les intégrer dans ce que nous souhaitons être un pays.

 

Nos institutions démocratiques

Parlons maintenant du soc, les deux pieds de cet homme de Vitruve de Léonard de Vinci. Ses deux pieds solidement ancrés dans le sol et dans l’imagerie, ce sol-là, ce sont les institutions démocratiques. C’est là-dessus que les citoyens doivent se tenir debout. Parlons d’abord des dérives du système démocratique. La première dérive, c’est le bipartisme, j’ai eu l’occasion d’en parler assez souvent. Le bipartisme crée ce qu’on voit constamment, c’est-à-dire une guerre incessante entre deux partis qui sont d’accord pour se faire la guerre parce qu’ils savent profondément que la règle de l’alternance va jouer et qu’après que l’un aura quitté le pouvoir, l’autre prendra sa place. Donc, l’opposition ne peut et ne fait que s’attaquer au pouvoir qui est en place en sachant que lorsqu’elle prendra le pouvoir, ceux qui sont au pouvoir feront la même chose lorsqu’ils seront dans l’opposition. C’est vraiment navrant comme comportement et c’est navrant quand vous y êtes jour après jour, période de questions après période de questions. Ça devient plus que navrant, ça devient fâcheusement lassant.

Évidemment, pour que cette guerre de groupes ait lieu, il faut qu’il y ait une ligne de parti solide, quel que soit notre parti. Il faut que nous ayons la même pensée, qu’on soit tous capables d’applaudir en même temps à l’attaque virulente qui n’aura aucune réponse. Voilà donc une dérive forte.

Parlons des chefs. Quand on devient chef d’un parti, on devient, si on est élu, chef de gouvernement, chef de l’État. On est chef de tout et quand on est chef de tout, les autres, les députés deviennent des numéros. Les ministres mêmes n’ont plus de pouvoirs. Le chef nomme les ministres quand il le veut, les dénomme, il nomme les sous-ministres et les autres députés, il s’en préoccupe peu. Il est le chef comme sur une île entourée d’eau. Mais, tout à coup dans cette eau limpide au départ parce qu’il n’y a pas de contre-pouvoir – ce n’est pas vrai que l’opposition est un contre-pouvoir aux prérogatives du chef d’un parti – donc, il n’y a pas de contre-pouvoir et dans ces eaux libres, tout à coup, vous voyez apparaître de grands navires. De grands destroyers qui sont les grands groupes financiers, les grands groupes de compétence en ingénierie, en informatique, en pharmaceutique, les grands groupes syndicaux et les grands groupes mafieux. Vous voyez de plus en plus, autour de cette île, croiser des destroyers parce que cet homme isolé sur son île, cette femme isolée sur son île a besoin d’abord des destroyers pour mettre en oeuvre ses consignes, pour gérer les grands ensembles, pour créer de l’emploi, pour mener à terme des investissements majeurs dans nos infrastructures. C’est ça la dérive dans laquelle nous amènent le bipartisme et les chefs. Et pour ces grands destroyers, inutile de vous le dire, leur but est de faire main basse sur l’État, sur les coffres de l’État. Et c’est logique, ils sont faits pour ça. Finalement, on est déterminé par notre naissance, ils sont nés pour s’emparer de notre bien.

 

La troisième dérive est celle des trois pouvoirs que sont le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif, le pouvoir judiciaire, et que ces pouvoirs ne sont plus étanches. C’est évident qu’entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif, il y a actuellement des liens incestueux, fréquents, constants, qui font l’objet même de toutes nos revendications pour un grand nettoyage. Ce qu’on a vu apparaître avec cette étrange commission d’enquête. On a vu tout à coup que la cloison ou le mur entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif était aussi un lieu friable. Il y a donc un effritement au niveau des grands pouvoirs qui sont constitutifs de l’État, qui sont les bases mêmes sur lesquelles le pouvoir citoyen repose.

Alors, les réformes, vous pouvez les imaginer. Il faut rétablir de toute urgence un mur étanche entre les différents pouvoirs et ça m’apparaît être la première réforme probablement la plus complexe, la plus délicate, néanmoins la plus essentielle. L’autre réforme qui m’apparaît aussi fondamentale, c’est évidemment la réforme du mode de scrutin. Il faut s’assurer que le nombre de sièges attribués aux partis correspond proportionnellement au nombre de votes qu’ils ont reçus. Ça apparaît simple, mais si on arrivait à changer cela, si on arrivait à instaurer une représentation proportionnelle, et je sais qu’il y a des débats sans fin là-dessus et ce serait intéressant que nous les ayons. Je suis convaincu que nous réussirions à changer la dynamique complète de l’Assemblée nationale. Plutôt que d’avoir un affrontement continuel, nous aurions tôt ou tard des coopérations entre des groupes dont la coopération serait nécessaire. Je ne pense pas que ce soit une panacée. Ce n’est pas parce que des pays ont des systèmes proportionnels qu’il y a plus de gens qui vont voter mais néanmoins, il n’empêche qu’au Québec, ça m’apparaît drôlement urgent.

Bon, les autres mesures. Est-ce qu’il faut avoir des élections à date fixe? Oui, je pense que c’est assez simple. Est-ce qu’il faut élire un Premier ministre ou est-ce qu’il faut élire un Président au suffrage universel? Je crois que la discussion doit être ouverte. Est-ce qu’on doit avoir un référendum d’initiative populaire qui soit uniquement réservé à notre changement constitutionnel ou est-ce que le mandat d’initiative populaire devrait s’appliquer à plusieurs autres questions? Moi je pense que toutes ces réformes-là doivent être discutées. Ce qui est clair, c’est qu’il y a la nécessité que l’on fasse une consultation populaire sur ces institutions démocratiques et sur le type de réformes qu’on doit mettre en oeuvre. Il faut qu’on ait un mandat clair pour ce faire.

 

Les pouvoirs

Mais dans le fond, on a les pieds dans la même bottine actuellement, c’est ça qui est particulier pour ce personnage de Léonard de Vinci, on se pile sur les pieds. Vitruve, s’il sortait de sa boîte, s’enfargerait et se casserait la gueule tout simplement parce que les deux pieds sont vraiment en pleine confusion. Donc, après qu’on ait parlé de la main droite, de la main gauche, des pieds, il faut parler un petit peu de la tête. Ce sera assez bref parce que finalement, la tête n’est pas dans les nuages, mais la tête est dans les pouvoirs.

Quels sont les vrais pouvoirs que nous avons? Et, ma foi, quand on se met à faire la liste, elle n’est pas exhaustive mais quand même. On a les pleins pouvoirs en éducation, en santé. On a les pleins pouvoirs dans les terres et forêts, on a les pleins pouvoirs sur les municipalités, on a les pleins pouvoirs sur la célébration du mariage, mais pas sur le mariage et sur le divorce, sur la célébration seulement. On a les pleins pouvoirs sur le droit civil, on a les pleins pouvoirs, ma foi, sur la Constitution, on peut se faire une constitution, et d’ailleurs quand on parlait des institutions, quand on parle de faire une consultation populaire, il est bien évident que cette consultation populaire va nous donner les bases de ce qui sera contenu dans une constitution. C’est clair.

Quand on lit la Constitution des États-Unis, la Constitution de la France, ce qui est d’abord écrit dans ces constitutions, c’est comment l’État fonctionne. Donc, cette consultation populaire, nous allons pouvoir immédiatement l’utiliser. Donc, on contrôle très peu. On contrôle une partie de nos politiques linguistiques, une partie des politiques de l’emploi, une partie de la justice, on l’a vu, pas la justice criminelle, une partie de l’immigration - la réunion des familles, ça ne nous appartient pas. Nous contrôlons une partie de la culture, une partie des télécommunications, une partie de la fiscalité. Il n’y a pas de rapport d’impôt unique qui nous appartienne.

Nous contrôlons une partie de notre territoire. Il y a une partie de notre territoire qui ne nous appartient pas. Nous n’avons aucune représentation internationale sauf le strapontin de l’Unesco, c’est un strapontin qui s’est refermé. Nous n’avons aucun contrôle de nos frontières dont on apprend et on découvre qu’elles sont floues. Nous n’avons aucun contrôle sur l’armée, sur la monnaie, etc. etc.

Bref, au niveau des pouvoirs, je comprends que l’on en parle en dernier parce que la tête est relativement vide. Il faudrait bien que cette tête-là se remplisse de l’ensemble de ces pouvoirs et là encore, je crois que nous avons besoin d’avoir une consultation populaire. Cette consultation populaire, ces simples questions que nous allons poser sur les pouvoirs dont nous avons besoin pour nous accomplir comme peuple, sont aussi le contenu de ce qu’il faudrait écrire dans une constitution d’un pays normal. Après avoir consulté les gens sur les institutions, les avoir consultés sur les pouvoirs, après avoir écrit ensemble, collectivement, d’une façon ouverte et démocratique ce que nous mettrions dans une constitution, dans un texte fondateur, quels seront les gestes à poser? J’ai des préférences sur les gestes qui sont à poser mais je sais que plusieurs ici, ailleurs, ont différentes opinions et dès que l’on commence à discuter de ces moyens, on tombe souvent dans des discussions stériles. Je pense qu’il est plus intéressant de laisser cette question ouverte et d’en débattre.

 

Conclusion

Nous savons qu’il y a environ entre 35 et 42 % d’indépendantistes. Nous savons que 40 % de la population est insatisfaite du gouvernement fédéral mais n’est pas indépendantiste, ce qui veut dire qu’il reste un 18 à 20 % de gens qui sont en faveur du statu quo. Donc, dans les chiffres, nous les indépendantistes, on est deux fois plus nombreux que ceux qui souhaitent le statu quo. Il y a eu deux seules occasions où il y a eu une jonction entre les indépendantistes et les autonomistes : lors du vote de Charlottetown en 1992 et lors du référendum de 1995. Actuellement, l’état réel, c’est vraiment cette image. Nous sommes actuellement, nous, et quand je dis nous ça veut dire l’ensemble des citoyens comme sous tension. Nous avons des gens qui s’occupent des valeurs, et on pourrait les nommer, les gens qui défendent la langue, les gens qui s’occupent d’immigration, qui s’occupent de l’inégalité entre les hommes et les femmes, les gens qui s’occupent de toutes les valeurs dont j’ai parlé. Il y a des gens qui s’occupent du développement économique du Québec, qui veulent le faire entrer dans le XXIe siècle. Des gens qui s’occupent de l’écologie, de l’environnement, qui s’occupent des ressources minières, des ressources naturelles, il y a des gens et des partis qui se préoccupent de nos institutions démocratiques et surtout il y a des partis politiques qui se préoccupent du pouvoir. Et nous sommes au centre, les citoyens, le pouvoir citoyen, il est au centre, il est sous tension. Et l’important actuellement me semble être de ramener l’ensemble de ces gens qui travaillent, qui oeuvrent vers le citoyen luimême, de le ramener vers un citoyen qui marche sur deux jambes, la première étant la démocratie et l’autre, l’indépendance. Il faut ramener toutes ces forces vers le coeur de cette personne, de ce citoyen. Il faut que le coeur se remette à battre et dans la mesure où nous réussirons à ce que le coeur se remette à battre, alors on peut imaginer que les jambes seront capables de faire le premier pas, de s’appuyer sur la démocratie, de faire le pas vers l’indépendance du pays.

Tantôt quelqu’un parlait de sens, et c’est vraiment de cela dont il est question. Il faut que ce Vitruve, cet homme dans son cercle d’énergie redonne un sens à sa vie personnelle et collective. Il faut que nous ayons à coeur de gérer avec rigueur nos richesses, il faut occuper notre territoire, il faut retrouver le sens de la beauté de ce qui est juste, de ce qui est honnête, il faut retrouver le sens et la beauté des gestes que nous posons à chérir notre patrie, notre langue, notre culture, notre humanité. Chérir les gestes que nous posons à nous posséder.

Merci!


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Photo de Pierre Curzi : Jacques Nadeau