Le chantage aux emplois

2012/01/09 | Par Guy Roy

La politique néolibérale prescrit à Québec et Ottawa de se mêler des affaires des banques quand elles sont en faillite, mais exige la plus grande passivité lorsque la classe ouvrière elle-même (qui paie ses taxes autant que quiconque) est attaquée de plein fouet. Alors, on se met à tergiverser, on hésite, on avoue sa « déception » et son impuissance à protéger les emplois.

Les Conservateurs ont saboté sciemment le Chantier Davie et la grande presse s’acharne à dénoncer un contrat de traversiers qui sauverait quelques emplois dans ce chantier de calibre mondial, le dernier d’envergure au Québec.

À Stadacona, tous baissent les bras à l’unanimité sauf les travailleurs eux-mêmes qui songent à une coopérative pour éviter la fermeture, dont un ancien patron de 77 ans à la retraite affirme que l’usine est encore viable pour 10 ans.

À Rio Tinto à Alma, c’est « le capitalisme sauvage et criminel » qui est à l’œuvre dans l’élimination de centaines d’emplois. Mais les ouvriers sont déjà en mode riposte grâce à un syndicat ouvert aux besoins de ses membres et de toute la région.

La région de Québec, celle du Lac Saint-Jean et celle de la Rive-Sud à Lévis sont durement attaquées. Il s’agit d’un véritable « génocide » d’emplois industriels de qualité.

Acculés au pied du mur, « les ouvriers n’ont plus rien à perdre que leurs chaînes », comme on dit. Ils se battront et forceront une stratégie de sauvegarde des emplois ou de compensation pour les futurs retraités.

C’est à Alma qu’un ouvrier exprime le mieux l’essence de ce combat du Québec moderne et de ses ouvriers. Il s’agit selon lui, entre autre, de « préserver des emplois viables pour les générations futures ».

Encore là, le discours hypocrite des Libéraux, confronté à celui d’un seul ouvrier, apparaît dans toute son ineptie : on augmente les frais de scolarité et on capitule bêtement devant une transnationale qu’il s’agirait de forcer à maintenir une production encore tout à fait rentable. Toutes les théories économiques sont bonnes quand elles servent finalement à baisser les bras, renoncer, capituler, détruire, … tel que ce capitalisme prédateur est prêt à invertir comme énergie pour la compétition mondialisée.

Cependant quand le saccage aboutit à une confrontation ouvriers/propriétaires, il y a un espoir : que cette classe de l’avenir, celle du socialisme, s’organise, résiste et se soulève. Nous ne pouvons qu’appeler les citoyens à se ranger aux côtés de ces travailleurs courageux et les appuyer auprès des politiciens responsables par défaut d’une politique d’emploi pour « ceux qui restent ».

Charest parle du plan Nord comme d’emplois, mais sans syndicat comme il s’en est assuré avec la loi abolissant le placement syndical. Mais il reste muet et passif devant ceux d’Alma, de Québec et de Lévis. Les ouvriers manifestent par contre un esprit de lutte exemplaire. Souhaitons que les syndicats et le député Khadir soient à la hauteur du combat nécessaire pour le refus des reculs et même pour des victoires résultant de la mobilisation des ouvriers eux-mêmes comme acteurs politiques de leur propre destin.

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