Reconstruction de Gentilly-2

2012/01/31 | Par Robert Duchesne

Dans un article publié le 24 janvier 2012 dans Le Nouvelliste sous la plume de Marc Rochette, Luc Vermette, PDG de la ?rme de génie-conseil Johnston-Vermette de Trois-Rivières lance un appel à la population. Il plaide en faveur de procéder le plus tôt possible à la réfection de la centrale nucléaire de Gentilly-2. D’un autre côté, on apprend que les chambres de commerce régionales se lancent dans une offensive médiatique d’appui pour Gentilly-2.

Avant de se lancer tête baissée dans un projet impliquant l’avenir de Gentilly-2, Monsieur Vermette et les représentants des chambres de comme.rce peuvent-ils publiquement répondre à la question suivante: le projet de réfection de Gentilly-2 sera-il «rentable» pour Hydro-Québec et pour tous les Québécois ?

Il est bien beau de maintenir des emplois, mais un projet non-rentable serait-il aussi socialement et économiquement acceptable pour tout le Québec en 2012 ? Advenant que l’évaluation du projet de réfection de Gentilly-2 démontrerait sa non-rentabilité, les pro-nucléaires s’obstineront-ils à maintenir la nécessité de procéder à cette réfection?

S’ils soutiennent que ce projet sera rentable pour tout le Québec, il conviendrait qu’ils offrent aux citoyens une démonstration publique de leur thèse appuyée sur des chiffres vérifiables et explicables à madame et monsieur tout-le-monde.

En contexte de non-rentabilité, le maintien d’emplois très bien payés à plus de 100 000$ par année à Gentilly-2 s’apparente davantage à une oeuvre de bienfaisance de la part des payeurs que sont les actionnaires d’Hydro-Québec, soit tous les Québécois, qu’à un véritable projet de développement durable?

Il est également essentiel de considérer que la centrale nucléaire Gentilly-2 est super?ue dans le contexte des besoins annuels d’électricité du Québec. Gentilly-2 en 2010 a produit moins de 2% des besoins du Québec et Hydro-Québec est en situation de surplus de capacité de production.

Surproduire a un coût qu’illustre bien la pénalité annuelle de 150 millions $ assumée par H-Q distribution pour le bénéfice de l’entreprise albertaine TransCanada Energy, depuis le 1er janvier 2008. Cette perte de 600 millions de $ associée à la centrale thermique de Bécancour risque de s’étendre sur quelques années puisqu’un contrat ferme sur 20 ans lie la société d’état à l’entreprise albertaine de 2006 à 2026.

À considérer également une étude toute récente du MSQN concernant la question de la rentabilité de la réfection de Gentilly-2 démontrant que la non-réfection de G-2 permettrait à Hydro-Québec et au Québec de réaliser des économies de plus de 700 M$ pour les deux années hypothétiques de réfection.

Les Québécois seraient également intéressés à recevoir les commentaires de Monsieur Vermette et des chambres de commerce sur cet aspect pour le moins renversant dans ce dossier de la réfection de G-2 : selon les chiffres mêmes de Hydro-Québec, notre Société d’État estime que 70% du budget annoncé en 2008 de 1,9 G$ sortira du Québec, soit 1300 M$. En termes de retombées économiques pour tout le Québec, on a déjà vu mieux.

Les pro-nucléaires auront-ils le courage de leurs convictions en répondant publiquement à notre question concernant la rentabilité, pour tout le Québec, de la réfection de Gentilly-2?

Est-ce qu’au Québec nous serions rendus à soutenir l’économie des régions en offrant à chacune d’elle un projet « Éléphant blanc » ? Dans le cas présent, il s’agirait d’un « Éléphant radioactif » que les générations futures devront nourrir à grands frais pour des centaines d’années.

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