Une solution pour l’usine de Kénogami

2012/02/22 | Par Marcel Lapointe

Mon père m’admonestait quand, ado, je me servais de trop d’épais de la sublime soupe aux légumes de ma mère. Hei! Laisses-en pour les autres. Pour Produit Forestiers Résolu (PFR), c’est pareil.

Je n’ai pas une grosse influence dans le débat qui a cours en rapport avec l’utilisation de la ressource ligneuse ici au Saguenay-Lac-Jean. Cependant, si Richard Garneau, le PDG de PFR, pense mettre un terme au débat selon ses propres règles, il se trompe.

Ce n’est pas vrai qu’on va se laisser montrer le pas par un petit gars de chez nous, porte-parole de la société américaine, Fairfaxe. Qu’avait-t-il de concret à venir nous annoncer la semaine dernière? Rien. Mis à part du réchauffé : mes banquiers vont me prêter si j’ai des garanties?

Les spécialistes en foresterie du ministère disent à monsieur Garneau que les approvisionnements sont suffisants pour opérer sans crainte. Si cela ne suffit pas à le rassurer. Garneau se présentera aux bailleurs de fonds avec, lui-même, la conviction que les approvisionnements sont insuffisants. Résultat : impossible de convaincre ces derniers de lui prêter l’argent nécessaire à une relance des activités. C’est l’impasse.

Qui de mieux placés pour déterminer les besoins en approvisionnement, sinon les spécialistes de la foresterie du ministère? Ces derniers, qui, en même temps que le souci du bien commun, ont, par ailleurs, la préoccupation de répartir équitablement la ressource disponible. Les banquiers, eux, sont qualifiés pour recueillir nos dépôts et les faire fructifier, prêter de l’argent, vendre des produits financiers dérivés de toutes sortes. Chacun son métier.

Par ailleurs, Garneau en venant faire son tour chez nous, n’a pas rencontré tout le monde. Les journalistes deux fois plutôt qu’une, les gens d’affaires, la Chambre de commerce de Saguenay, les élus du Lac-Saint-Jean. Cependant, il y a les travailleurs, avec lesquels il aurait pu aller faire un bout de jasette. Pour s’enquérir, entre autres, de leur santé mentale. Non, fallait surtout pas briser la belle harmonie factice qui régnait sur la région au cours de la visite du PDG de PFR.

Études à l’appui, les travailleurs de l’usine Kénogami sont convaincus que la machine # 6 est rentable pour fabriquer un type de papier nouveau. Si Garneau n’y croit pas, moi je les crois : je serais même intéressé à devenir membre d’une éventuelle coopérative ou petit actionnaire dans une entreprise d’économie sociale. Des bailleurs de fonds comme le mouvement coopératif Desjardins, les deux fonds de travailleurs, FTQ et CSN, Investissement Québec, la Caisse de dépôt, le fédéral qui a tant donné à l’industrie automobile.

Une proposition en bonne et due forme à PFR : d’une part, tu nous laisses une partie de l’usine pour produire en coopérative, d’autre part, tu recouvres tes droits hydrauliques sur la centrale Jim-Gray. La cohabitation entre le capitalisme et le socialisme dans une même usine. Pas beau cela ?

Les utopies d’aujourd’hui peuvent devenir les réalités de demain. Pour peu que tout le monde, on pousse dans le même sens. Pourquoi toujours attendre quelque chose comme un déluge pour mettre ses différends de côté et travailler ensemble ?

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