Pacte entre des partis : Une leçon de l'histoire

2012/02/24 | Par Louis Duclos

L’auteur a été député fédéral de Montmorency-Orléans (1974-1984)

On dit souvent que l'histoire est riche d'enseignement. Aussi, les leaders des partis politiques souverainistes devraient se rappeler que c'est grâce à un pacte de non-agression conclu entre l'Action libérale nationale de Paul Gouin et le parti conservateur de Maurice Duplessis que les forces de l'opposition réussirent à ébranler sérieusement le régime libéral corrompu de Louis-Alexandre Taschereau aux élections de novembre 1935, pavant ainsi la voie à son effondrement l'année suivante.

En vertu de ce pacte, l'Action libérale nationale présenta des candidats dans 60 des 90 comtés et les conservateurs le firent dans les 30 autres.

Au terme de cette campagne électorale, les libéraux ne conservèrent que 48 des 79 sièges remportés aux élections de 1931, tandis que l'Action libérale nationale ( 26 ) et les conservateurs ( 16 ) se partagèrent les 42 autres.

Cette mince victoire libérale devait entraîner la démission du Premier ministre Taschereau quelques mois plus tard et son remplacement par Adélard Godbout.

Impuissant à rétablir la réputation du parti libéral, celui-ci subit une écrasante défaite aux mains du nouveau parti de l'Union nationale de Maurice Duplessis lors du scrutin d'août 1936.     

Évidemment, il serait présomptueux de prétendre que l'histoire se répéterait nécessairement de la même façon dans un autre contexte politique quelque 75 ans plus tard.

Il tombe néanmoins sous le sens que les souverainistes auraient tout à gagner en s'inspirant de l'entente de 1935 entre l'Action libérale nationale et les conservateurs de Duplessis plutôt que de se présenter devant l'électorat en ordre dispersé.

Il faudra assurément beaucoup de grandeur d'âme et d'esprit de renoncement de part et d'autre pour en arriver à ce genre d'alliance tactique au niveau des comtés en vue du prochain rendez-vous électoral.

C'est pourtant le prix à payer pour parvenir à bloquer le chemin à ces affairistes libéraux et caquistes qui n'ont d'autre idéal que de maintenir le statu quo dans les rapports du Québec avec le Canada anglais et de briser son élan vers son émancipation politique.

En fait, la conclusion d'une entente de cette nature entre les formations politiques souverainistes et progressistes est vitale pour notre avenir collectif.

En effet, si le Québec n'a pas les moyens de se payer le luxe de faire à nouveau confiance à un gouvernement qui a peu à envier à celui de Louis-Alexandre Taschereau au plan de l'éthique, il ne peut davantage s'en remettre au parti de François Legault qui, après avoir renvoyé aux calendes grecques le projet d'accession du Québec au statut d'État souverain, pousse l'irresponsabilité jusqu'à préconiser la passivité dans les relations du Québec avec Ottawa.    

De toute évidence, leschefs souverainistes ont le devoir de se donner la main s'ils veulent avoir une chance raisonnable de faire élire à l'Assemblée nationale une majorité de député(e)s souhaitant donner un pays aux Québecois.

N'est-ce pas là faire les choses autrement comme plusieurs aiment à le dire !