Témoignage : L’intégration des élèves en difficulté

2012/02/24 | Par Annie Desjardins

Je ne suis pas une professionnelle en éducation, mais j’ai eu un vécu difficile par rapport à l’école. J’ai commencé le primaire avec des problèmes d’apprentissage. Je savais lire et écrire, mais j’avais des difficultés à comprendre les explications en classe et les exercices au niveau des bases de français et de mathématiques. De plus, dès le primaire, on me met une étiquette de « débile léger ». Hum, pas fort!

Je commence ma première année avec ces troubles et je ne reçois pas d’aide en classe. Il fallait que je suive le groupe, faire mes exercices, mes devoirs et réussir mon année.

De réussir mon année dans ces conditions, sans écoute et sans aide, je dirais « Impossible »! Avec le temps, j’ai compris : « Y a UN moule pour TOUT le monde »!

Aujourd’hui ça n’a pas changé. Y a que de la place pour les élèves qui apprennent facilement en classe et qui reçoivent leur diplôme à la fin de l’année. Oui, c’est bien de ce moule dont je parle. À mon avis, ça serait de défaire l’idée de ce moule pour permettre de faire une intégration réussie.

Ce qui aiderait, je crois, ça serait d’apprendre aux futurs profs du primaire et du secondaire que, à la base, tous les élèves n’apprennent pas de la même façon et qu’ils n’ont pas tous la même vitesse, de les aider et de les encourager en classe.

Chaque élève a ses problèmes personnels, il faudrait les comprendre plutôt que les juger ou de leur mettre une « étiquette ». Il faudrait les aider et les référer à des professionnels de l’école par exemple orthopédagogue, suivi individuel, etc.

Les profs, en classe, devraient apprendre à leurs élèves le respect entre eux et envers les autres élèves de leur école. Rendre leur cours dynamique et intéressant, et amener du travail d’équipe entre les élèves.

Moi, par exemple, j’ai doublé ma première année et, l’année suivante, je suis tombée sur un super de bon prof. Elle aimait ses élèves et aimait enseigner. En groupe, elle nous faisait épeler nos lettres de l’alphabet à voix haute et j’ai bien appris.

Automatiquement, je me suis sentie bien et acceptée dans le groupe et ça m’a beaucoup aidée par rapport à mes apprentissages et, aussi, au niveau de ma confiance en moi. Grâce à ce prof, j’ai réussi à passer mon année.

Si j’avais eu des profs comme elle, tout au long de mon primaire et de mon secondaire, ça m’aurait beaucoup aidée et ça m’aurait permis de bien mieux réussir.

Mais, malheureusement, en deuxième année, mon prof me criait après et mon prof de troisième année me laissait seule avec mes travaux en classe.

Par la suite, je me suis retrouvée en classe spéciale de la quatrième année primaire jusqu’au secondaire. L’intégration pour les élèves en difficulté n’existe pas non plus dans ces classes.

Je me suis sentie perdue et avec aucun avenir devant moi. Plusieurs années plus tard je me suis inscrite à la Boîte à lettres de Longueuil, un organisme en alphabétisation pour les 16-25 ans. C’est avec eux que je me suis intégrée à la société.

Dommage que les élèves en difficulté ne fassent pas partie de la société! Ça va engendrer davantage la pauvreté. Quel gaspillage! Les jeunes d’aujourd’hui sont l’avenir. Croyez-moi, ne pas avoir d’études, la vie est loin d’être simple!

Aujourd’hui, je suis bénévole à la BÀL et je fréquente une école de couture qui enseigne la « haute couture ». Ça va bien et, à date, je réussis mes cours. D’ailleurs j’ai eu mon tout premier diplôme en couture de base et maintenant je commence le « dessin de patron ».

J’ai un bon prof, l’école respecte mon rythme et ça va bien. J’ai travaillé très fort pour y arriver mais ça vaut la peine d’évoluer et d’avancer!

L’école, ça devrait être un lieu où l’on apprend dans le plaisir et où l’on apprend à se faire des amis et non pas un endroit où on ne se sent pas accepté et où l’on se fait étiqueter.

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