Les incohérences du discours de Mathieu Bock-Côté

2012/03/01 | Par Pierre Dubuc

Dans le cadre de la tournée de promotion de son livre Fin de cycle, Mathieu Bock-Côté était l’invité de Guy A. Lepage à l’émission Tout le monde en parle dimanche dernier où il a tenu des propos à tout le moins incohérents.

D’une part, il attribue l’échec du projet souverainiste au progressisme (et au multiculturalisme) et, d’autre part, il vante la coalition dirigée par René Lévesque, où les progressistes dominaient!

Nous ne pouvons qu’être d’accord avec lui à propos du multiculturalisme et du nationalisme civique que nous avions critiqué bien avant la parution de ses premières critiques.

Mais nous aimerions qu’il nous précise sa critique du progressisme, de la social-démocratie, de l’écologisme et du pacifisme.


Des précisions, svp!

C’est beau les grands discours, Monsieur Bock-Côté, mais pourriez-vous nous éclairer sur votre accord ou votre désaccord avec les politiques progressistes adoptées par le Parti Québécois sous René Lévesque?

Nous imaginons que vous êtes d’accord avec l’adoption de la Loi 101, qui faisait, entre autres, du français la langue de travail, une revendication progressiste, social-démocrate, importante pour le mouvement syndical.

Mais nous aimerions connaître votre opinion sur d’autres politiques réclamées par le mouvement syndical auxquelles le Parti Québécois de René Lévesque a donné suite comme la Loi anti-scab, la Loi sur la santé et sécurité au travail et la Loi sur les normes minimales de travail. Les approuvez-vous?

Il serait également intéressant de savoir ce que vous pensez de d’autres politiques progressistes comme celles sur l’assainissement des mœurs politiques avec, entre autres, la Loi sur le financement des partis politiques.

Êtes-vous d’accord avec l’adoption de la Charte des droits et libertés du Québec (décembre 1977)? Avec la loi qui ouvrait la possibilité d’intenter des recours collectifs (1978)?

Remettez-vous en question la création de l’assurance automobile, de la Régie du logement, de la Loi sur la protection du consommateur, de l’Office des personnes handicapées, des lois toutes adoptées au cours du premier mandat du Parti Québécois?

Que pensez-vous de la Loi sur la protection du territoire agricole?

Et, plus récemment, la loi sur l’équité salariale, adoptée en 1996? Le programme universel de perception des pensions alimentaires?

Condamnez-vous la création de l’assurance médicaments? Les Centres de la petite enfance? La maternelle à temps plein pour les enfants de cinq ans? Les services de garde en milieu familial?

Aujourd’hui, êtes-vous d’accord avec le gel des frais de scolarité? Et le fait que cela a été la politique du Parti Québécois, pendant neuf ans, de 1994 à 2003?

En 1979, auriez-vous appuyé la création du ministère de l’Environnement? La Politique nationale de l’eau en 2002? Aujourd’hui, quelle est votre position sur l’exploitation du gaz de schiste, du pétrole dans le Golfe Saint-Laurent?

Nous vous avons souvent entendu vous en prendre au pacifisme des Québécois. Précisez-nous si vous étiez au nombre des 200 000 Québécois qui ont bravé un moins 20 degrés pour protester contre la guerre en Irak? Reprochez-vous au Bloc québécois d’avoir à deux repdises voté contre le prolongement de la mission en Afghanistan? Souteniez-vous, dernièrement, la mission en Libye? Êtes-vous pour une intervention en Syrie?


Mathieu Bock-Côté a tout faux

Ce n’est pas la social-démocratie qui a coulé le PQ, c’est son abandon! D’abord, avec Lucien Bouchard. Souvenez-vous du Sommet du Déficit Zéro qui a eu pour conséquence la destruction de la coalition rassemblée par M. Parizeau au sein des Partenaires pour la souveraineté.

Puis, avec André Boisclair. Qui, s’inspirant du New Labour de Tony Blair, voulait rompre avec le mouvement syndical et les forces progressistes. Souvenez-vous de sa dénonciation des soi-disant « soupers bien arrosés des leaders politiques avec les chefs syndicaux ».

Jusqu’à tout récemment, Mme Marois marchait dans ses traces avec ses déclarations sur « l’enrichissement individuel ». Tout cela dans le vain espoir de conquérir la clientèle adéquiste.

Saluons l’abandon de cette stratégie suicidaire et le retour du discours progressiste au Parti Québécois. Qui explique la remontée dans les sondages.

Mathieu Bock-Côté a tort d’opposer les valeurs progressistes au projet national québécois. Elles sont la chair sur le squelette de notre projet de libération.

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