L’entente secrète avec Rio Tinto Alcan

2012/03/06 | Par Marcel Lapointe

Cachons cette entente que le bon peuple ne saurait voir. Est-ce en ces termes que John James Charest et Dick Evans se sont quittés après l’avoir signée en 2006?

Une entente conférant à Alcan des privilèges commerciaux contre des engagements à participer au développement économique du Saguenay-Lac-Saint-Jean assortis de clauses perverses.

Qu’avons-nous appris de la fuite concernant cette entente que nous ne savions déjà? L’existence d’une stratégie commerciale unique en son genre? L’élaboration d’une vision économique que des concurrents pourraient s’approprier? Un nouveau procédé de fabrication révolutionnaire crypté à double tour? Pas du tout!

On a plutôt eu droit à la révélation de secrets qui ont semé la colère chez les lockoutés et la stupéfaction dans l’opinion publique.

Entre autres, rien de précis sur la création future d’emplois, mais la porte grande ouverte à la compagnie pour se soustraire à certaines obligations de l’entente si elle décrète son lockout.

Moi, qui croyais, naïvement, que ce type d’entente n’avait cours qu’au Mexique ou au Guatémala.

Selon Denis Bouchard, dans son dernier éditorial au Quotidien de Saguenay, des ententes secrètes de ce type, il en existe à la tonne, ici même au Québec.

Selon lui, elles sont nécessaires pour assurer des investissements, même si elles comportent des faiblesses au plan éthique, politique et économique. Oups!

Et de poursuivre, le secret est nécessaire pour préserver des clauses commerciales. La confiance envers les signataires de ces ententes secrètes est essentielle. Le chèque en blanc quoi ! Bon, très bien! Mais, si ces contrats cachés contiennent des clauses fourbes imaginées par des Tartuffe, le peuple peut-il, au moins, sourciller, se questionner?

N’en déplaise au journaliste, la découverte de cette entente imprègnera la reprise éventuelle des discussions à la table de négociation. Le public va assister aux prochaines péripéties avec un regard différent.

Du doute à la conviction, le pas est maintenant franchi pour plusieurs. Par exemple, en ce qui me concerne, le prospectus livré à ma porte par RTA va prendre directement le chemin du bac à récup.

S’il se trouvait encore, parmi les 800 lockoutés, des gars qui mesuraient mal la bonne foi des parties, maintenant, il ne devrait plus y en avoir un seul. De quoi fouetter danvatage les troupes!

La question en fin d’éditorial : « Pourquoi ça revient dans l’actualité en pleine négociation, cette histoire d’entente cachée? »

Sais pas, mais ça démontre, à quel point, cet événement imprévu, soudain et providentiel pour les lockoutés, dérange.

La bataille de l’opinion publique revient hanter les deux parties. Marc Maltais n’est pas en train de faire le tour du monde en 15 jours pour rien. Il espère convaincre celles et ceux qui veulent bien l’écouter qu’un « new deal » en matière de relations de travail dans la grande entreprise est impératif pour, entre autres, réduire les écarts entre riches et pauvres.

Étienne Jacques, de son côté, a livré, en une journée, ses 100,000 circulaires, à nos portes.

Pour rien, en ce qui me concerne.

Photo : Jacques Nadeau

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