Le lock-out à Rio Tinto Alcan

2012/03/27 | Par Francis Ouellet

L’auteur est travailleur en lock-out à l’usine de Rio Tinto Alcan à Alma

Depuis le 30 décembre dernier, nous sommes encore plus sensibilisés au risque de voir disparaître la classe moyenne du Québec. A notre échelle, nous revendiquons des emplois de qualité et un plancher d’emploi.  Mais, à l’échelle du Québec, il devient une évidence que notre combat est beaucoup plus important, que nous sommes seulement la pointe de l’iceberg, car la société doit se réveiller et réclamer ce qui leur revient de droit, des retours sur nos richesses naturelles.

Lorsque les libéraux ont modifié la loi C45 du code du travail du Québec, ils ont marqué le départ officiel de la campagne antisyndicale au Québec et de l’extinction de la classe moyenne.

Dernièrement, grâce au journal le Devoir, nous avons découvert une partie de l’entente secrète entre RTA et le gouvernement du Québec.  Il ne faut pas oublier que cette compagnie est mondiale, donc ce genre d’entente se négocie aussi avec le gouvernement fédéral du Canada et les autres entreprises semblables.

Depuis quelques années, plusieurs entreprises ferment leurs portes ou déménagent, non pas parce qu’elles ne sont pas rentables, mais seulement pour augmenter les bonus des dirigeants et l’avoir des actionnaires. Tiré un maximum de nos ressources et donner un minimum pour la population.  Il ne faut pas oublier qu’aujourd’hui nous ne parlons plus de l’être humain, ou du travailleur,  mais bien des ressources humaines.  Et des ressources, ça s’exploite.

Je parle de coalition contre la classe moyenne, il suffit de regarder le muselagesystématique des revendications de la fonction publique, les lois contre les syndicats de la construction et tous les avantages consentis aux grandes entreprises sans aucune garantie de redevance ou presque.  Le Plan Nord en est un bel exemple.  Demander au plus pauvre de notre société de financer le développement du Nord et ne rien attendre en retour.

Depuis quelques décennies, les médias, financés par les grandes entreprises préparent la population contre le syndicalisme.  Ils implantent dans l’esprit des gens que les syndicats nuisent au développement économique.  Dans un même élan, les emplois de qualité disparaissent lentement, mais progressivement.  S’il n’y avait pas eu de syndicat, croyez vous que nous aurions aujourd’hui cette qualité de vie?

Notre région en l’illustre bien.  Si nous prenons l’exemple de l’Alcan, dans notre région, il y a une cinquantaine d’année, il y avait 12000 travailleurs et la compagnie faisait des profits, malgré que le taux d’imposition dépassait les 30%.

Aujourd’hui, on produit près de quatre fois plus d’aluminium, le taux d’imposition est demoins de 13% et le nombre d’emploi direct est inférieur à 5000.  Et là, je ne parle pas des subventions, des avantages hydro-électriques, des abris fiscaux, des prêts sans intérêt et de l’augmentation du coût la tonne.  Nous pouvons facilement conclure que les profits sont extraordinaires.

Certains vont se permettre l’audace de dire que ces profits sont dus à la modernisation de la technologie.  Il est vrai que la technologie fait diminuer le coût de la valeur de la tonne,fait donc disparaitre des emplois et augmenter les bénéfices des actionnaires.  Mais pour la population en général, quels en sont les impacts financiers réels?  L’extinction des emplois de qualité au profit des actionnaires étrangers.


Présentement, les avantages consentis à RTA, couvrent entièrement nos salaires.  Ce sont les Québécois au grand complet qui paient nos salaires avec l’ensemble des avantages consentis. Ce qui représente approximativement 9% des dépenses de production.  Ce n’est pas suffisant pour cette entreprise. Ses dirigeants veulent tirer encore plus de profitsen siphonnant davantage dans le peu de retombées directes qu’elle distribue en salaires.
 
Là, je ne parle que d’une entreprise, mais il y a plusieurs grosses entreprises qui exploitent notre belle province.  Elles ont sûrement le même genre d’avantages.

Présentement, les étudiants donnent une leçon de solidarité collective aux travailleurs du Québec. Il est grandement le temps que chacun sorte de son petit confort, pendant que nous en sommes encore capables.  Car l’attitude des grandes entreprises d’épuiser nos ressources naturelles se fait sentir de plus en plus, partout en Amérique du nord.  Il est temps de réagir.


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