Endettement étudiant : vers une bulle spéculative?

2012/03/28 | Par IRIS

La hausse des droits de scolarité se traduira par une augmentation sans précédent de l’endettement étudiant, le tout dans un contexte où les ménages canadiens n’ont jamais été aussi endettés. Cette situation inquiétante laisse présager la formation d’une bulle spéculative dans le marché des prêts étudiants. C’est ce que révèle une note socio-économique dévoilée aujourd’hui par l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS).

« On prétend que le recours à l’aide financière annulera les impacts négatifs de la hausse. Or, comme on le voit au Canada anglais et en Grande-Bretagne, les hausses de frais de scolarité sont une occasion de réduire le financement public de l’éducation et de généraliser le recours au crédit et aux emprunts chez les étudiant-e-s », explique Eric Martin, chercheur à l’IRIS. « Les étudiant-e-s n’ont pas les moyens de payer les frais de scolarité élevés, alors il n’ont d’autre choix que de s’endetter à des niveaux records, qui atteignent en moyenne 27 000$ au Canada et 84 000$ en Grande Bretagne ».

Cet endettement élevé aura des impacts limitatifs sur l’autonomie de choix des étudiant-e-s, qui seront poussés vers des domaines réputés lucratifs, ce qui réduira à la baisse la diversité de l’offre de programmes.

La note démonte aussi l’argument qui veut que l’endettement étudiant soit compensé par des bénéfices futurs pour les individus, ce qui en ferait un « investissement personnel » rentable.

« Ce qu’on voit poindre à l’horizon, dans un contexte de chômage très élevé des jeunes et de précarisation de l’emploi, c’est un scénario de bulle spéculative semblable à celle des subprimes lors de la dernière crise économique. Le prix de l’éducation augmente sans cesse, les gouvernements encouragent les jeunes à s’endetter plus que jamais en promettant des retombées positives. Mais au final, on risque de produire une génération d’insolvables », explique Simon Tremblay-Pepin, co-auteur de la note.

« En situation de crise, le pari des gouvernements est d’utiliser l’endettement des étudiants et des ménages comme moteur dans une stratégie de relance économique que l’on pourrait appeler ‘‘la croissance par l’endettement’’. C’est ce type de situation qui nous a mené à l’effondrement immobilier de 2008. À l’heure où les ménages canadiens sont endettés de 153%, la pire politique semble être de hausser les frais de scolarité et d’encourager le recours à des emprunts de dizaines de milliers de dollars. Cela est, pour le moins, imprudent. Et déjà nombre d’indicateurs et de signaux semblent pointer vers la formation d’une bulle spéculative dans le marché des prêts étudiants. », explique Simon Tremblay-Pepin.

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