Cessez les déportations des Mexicain(e)s

2012/04/02 | Par L’aut’journal 
Quoi: rassemblement devant la Commission de l'immigration et du statut de réfugié (CISR) afin de demander la régularisation des demandeurs d’asile et sans statut mexicain(e)s. 
Le groupe Mexicain(e)s uni(e)s pour la régularisation (MUR) et leurs allié(e)s ont organisé un rassemblement devant la CISR le 31 mars afin d’exiger que soient mis en place par le gouvernement fédéral un moratoire sur les déportations et les expulsions des Mexicains vers leur pays d’origine ainsi qu’un programme de régularisation leur permettant d’accéder à la résidence permanente. 
Lors de cette troisième manifestation mensuelle, une emphase particulière a été mise sur les drames vécus par les femmes mexicaines, autant au Mexique, où la violence, la pauvreté et la discrimination dont elles sont l’objet menacent leur vie et leur liberté, qu’ici au Québec, où les politiques migratoires inhumaines causent la séparation forcée de leurs familles.

En effet, ces femmes sont souvent obligées  de faire le choix cruel entre laisser leurs enfants canadiens ici, en sécurité, mais privés du droit de grandir auprès de leur mère, et les ramener avec elles au Mexique, leur niant ainsi toute possibilité d’une vie digne et à l’abri du danger. 

Qui sommes nous? 

Nous sommes un groupe de Mexicain(e)s et allié(e)s qui luttons pour la régularisation du statut migratoire de tous les Mexicain(e)s vivant au Québec. Nous demandons un programme de régularisation complet, continu et ouvert à tous(tes) les  Mexicain(e)s établis au Québec. 

À cause de l’irresponsabilité du gouvernement canadien et de son refus de reconnaître la violence extrême qui enflamme le Mexique ainsi que l’incapacité de l’État mexicain à protéger ses citoyens, des milliers d’entre nous, craignant pour notre vie si nous devions retourner dans notre pays d’origine, avons été, sommes ou serons contraints de demeurer ici sans papiers; cela  nous condamnera à coup sûr  à une situation d’extrême vulnérabilité.

En effet, les personnes sans papiers sont les plus exploitées sur le marché du travail et dans la société en général. Elles sont privées de droits fondamentaux et vivent généralement dans la peur, l’angoisse et l’isolement. 

Pourquoi de telles demandes? 

En décembre 2006, le gouvernement mexicain a déclaré une « guerre aux narcotrafiquants» en déployant l’armée à travers tout le pays, malgré ses antécédents historiques de violation des droits humains et d’impunité. Ainsi, plutôt que de contribuer à la diminution de la violence associée au crime organisé, les forces de sécurité ont elles-mêmes commis assassinats, torture, viols et autres abus. 

À mesure que cette sanglante « guerre » s’est déployée, la violence s’est dirigée de plus en plus vers la population civile. Les membres du crime organisé terrorisent la population mexicaine en pratiquant l’extorsion, des enlèvements contre rançons, le recrutement forcé, le trafic de personnes et l’assassinat de journalistes ainsi que de quiconque ne se soumet pas à leurs règles.

Les fusillades, massacres, explosion de bombes, découverte de corps décapités, torturés et jetés sur la place publique font désormais partie du quotidien au Mexique. Après 5 ans de cette guerre meurtrière, le bilan est d’environ 50 000 morts (dont 1322 enfants), entre 10 000 et 20 000 personnes disparues ainsi que 230 000 personnes déplacées.

Le gouvernement canadien affirme que l’État mexicain est en mesure de protéger ses citoyens. Or, de multiples études démontrent que la corruption et l’infiltration par les groupes criminels existent à tous les échelons du gouvernement et des forces de sécurité, ce qui rend cette tâche impossible. 

Malheureusement, la violence associée au narcotrafic et à la militarisation ne représente pas l’unique phénomène qui fait que nous, Mexicains ayant trouvé refuge au Canada, ne puissions pas retourner dans notre pays. S’ajoutent, entre autres : 

Des formes extrêmes de violence envers les femmes, perpétrées dans la plus complète impunité.  
Des attaques, intimidations et assassinats fréquents des défenseurs des droits humains, journalistes, activistes et militants. 
Une hausse de la paramilitarisation, ce qui mène plusieurs à parler de la « colombianisation du Mexique ». 
Un État de droit gravement affaibli, un système judiciaire dysfonctionnel et un accès à la justice inexistant pour la majorité des Mexicains, ce qui engendre et perpétue la violence et l’impunité.
Une persécution généralisée des minorités sexuelles


Le gouvernement canadien affirme que nous sommes de « faux réfugiés » abusant de la générosité du Canada. Or, selon nous, cette façon de présenter les choses est malhonnête et hypocrite. Il n’est pas ici question de générosité, mais plutôt d’une responsabilité de la part du Canada d’accueillir les réfugiés mexicains, étant donné que, par ses politiques impérialistes d’intégration néolibérale (ALÉNA et Partenariat pour la sécurité et la prospérité), il est en partie responsable de la misère, de l’essor de la criminalité et de la violence, des déplacements forcés et de la désintégration sociale qui sévissent au Mexique actuellement.

Le gouvernement canadien affirme que le Mexique est un pays démocratique, mais les politiques néolibérales profitant à ses intérêts économiques ont plutôt causé un retour vers l’autoritarisme et la violation des droits de la majorité de la population au Mexique 

Pour toutes ces raisons, nous considérons comme criminel notre renvoi, par les autorités canadiennes, vers cette violence inouïe qui nous a fait fuir notre pays. Nous demandons donc que cessent tous les renvois des Mexicains au Mexique et exigeons l’accès à un programme de régularisation. 


NOUS SOMMES ICI ET NOUS NE PARTIRONS PAS!
MEXICAINS UNIS POUR LA RÉGULARISATION


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