Contribuables en grève; unies et unis!

2012/04/10 | Par Hélène Rochon et al
Maude Bouchard, Barbara Jomphe, Brittaney Caron, Danny Polifroni, Linton Garner, Liz Colford, et Hélène Rochon

Étudiants et étudiantes de deuxième cycle de l’École des affaires publiques et communautaires de l’Université Concordia.


Nous sommes des travailleurs et travailleuses à temps plein, pour la majorité dans des groupes communautaires. Nous sommes également étudiants et étudiantes de cycle supérieur dans un programme facilitant la conciliation travail/études. Nous avons joint sans hésiter le mouvement de grève générale illimitée il y a un mois afin de freiner les politiques néolibérales du gouvernement de Jean Charest et l’application d’une hausse fulgurante des frais de scolarité universitaires.

Notre graduation approche à grand pas. La hausse prévue qui prendra son plein en 2017 ne nous affecte donc presque pas individuellement. Nous aurions très bien pu choisir la voie de la facilité et continuer à étudier sans tracas. Or, nous avons tout mis de côté pour nous investir dans l’un des plus grands soulèvements étudiant de l’histoire du Canada. 

Plusieurs clament que ce sont seulement les étudiants et étudiantes « pauvres » qui se mobilisent pour que nous, les « contribuables », leur donnent ce qu’ils veulent « tout cuit dans le bec » sans faire leur « juste part ». À cela nous répondons « NON » haut et fort! Non seulement il est faux de croire que tous les contribuables pensent cela, mais nous sommes en grève pour le prouver, et pas les seulEs! Et notre « juste part », comme étudiantEs et travailleurs et travailleuses, nous la faisons dans la rue avec les personnes qui s’unissent pour un meilleur accès à l’éducation.
 
Sur cette lancée, nous voulons à tout prix éviter que triomphent ces dogmes quant à la lutte étudiante:

-Cessons de croire que nous, citoyenNEs, avons tous des intérêts différents et que la population est divisée. Contre l’austérité, nous sommes tous uniEs. Travailleurs, travailleuses, étudiantEs et citoyenNEs de la Grèce, du Chili, de la Tunisie ou du Québec, d’Alma à Montréal, nous luttons pour préserver les droits économiques de la population. Tenir un discours haineux envers une lutte ou une autre ne fait que nuire aux mobilisations qui pourtant reviennent toutes aux mêmes. Cessons de nous désunir pendant qu’une minorité s’enrichit. UniEs, nous ne serons jamais vaincuEs!
  
-Luttons contre la perception selon laquelle l’éducation est un bien de consommation, une marchandise. L’éducation est un investissement collectif, dont nous bénéficions tous et toutes. L’éducation ne doit pas seulement être vue sous un angle privé, mais plutôt comme un bien commun. Instruits et instruites, imaginez quel monde nous pouvons nous offrir ? Un peuple instruit jamais ne sera vaincu!

-Et finalement, rappelons-nous que nous avons tout à gagner par l’union. Le rapport de force se construit via une mobilisation massive. N’oublions pas les neuf grèves générales illimitées de l’histoire du Québec, depuis les années soixante. Rien n’aurait été gagné sans mouvement d’opposition. Étiez-vous vous-même dans ces luttes ? 

Ayons donc confiance en la lutte citoyenne et cessons d’infantiliser et d’opprimer ceux et celles qui luttent pour une société plus égalitaire. Mobilisons-nous!

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