Jos Louis Vachon et consorts

2012/04/17 | Par Michel Rioux

Mais y m’reste plus rien à vendre !
It’s already sold…
Keep away private !
Members only !


Félix Leclerc


Dans un Québec qui permet encore et toujours que ses richesses naturelles soient siphonnées sans vergogne par l’étranger ; un Québec où on apprend que la vice-première ministre de Jean Charest, dans le temps, se faisait financer par des entrepreneurs et des firmes d’ingénierie, ce qu’elle considérait comme de « simples tapes sur l’épaule » pour la féliciter de son bon travail ; un Québec qui a un gouvernement avec les oreilles grandes ouvertes aux sirènes du Plan Nord, mais qui les a bouchées ben dur aux revendications légitimes de ses étudiants ; un Québec où une multinationale australienne finance un lock-out contre 800 travailleurs grâce à la vente à Hydro-Québec, qui n’en a pas besoin, de kilowatts tirés de nos propres cours d’eau d’une valeur de 15 millions $ par mois, il se trouve, en revanche, une infime minorité qui sait comment tirer les marrons du feu. En témoigne ce dialogue entendu ces derniers jours :

-On ne peut pas dire qu’il n’en a pas, celui-là !
-Qu’il n’a pas quoi ?
-Du flair, batème !
- Qui a du flair comme ça ?
-Louis Vachon, le patron de la Banque Nationale ! Il a vite compris qu’il y avait pas mal plus d’avenir dans la finance que dans les petits gâteaux. 

Il y en a, comme Pierre Beaudoin, qui ont un nom avant même de commencer, étant le fils de l’autre, Laurent, ce qui l’a sûrement aidé à encaisser 8,17 millions $ à la tête de Bombardier.

Il y en a d’autres pour qui la filiation fonctionne autrement. Comme par exemple Louis Vachon, l’arrière-petit-fils de Rose-Anna Giroux, qui était la vraie chef de cette famille de pâtissiers de la Beauce dont il a certainement hérité du sens des affaires. Or jamais n’aurait-il pu prétendre à des émoluments de 8,4 millions $, une hausse de 47 % s’il était demeuré dans les petits gâteaux !

Pour ces élites du monde des affaires, il a été calculé que le 3 janvier, à 11 h 43, soit en moins de deux jours et demi, 44 366 dollars $ avaient été encaissés, ce qui demande 52 semaines à la moyenne des mortels.

Le PDG en disgrâce Pierre Duhaime n’a certes pas été mis à la porte pour avoir redoré à l’excès le blason de SNC-Lavalin, le navire amiral de l’ingénierie québécoise.
Mais dans ce curieux monde où ce sont les sans grades qui casquent et les puissants déchus qui ramassent la cagnotte, on peut présumer qu’un parachute doré de 4,9 millions $ sert sans doute de baume à une réputation avariée.

Et dans ce monde des plus curieux, le droit de propriété ne semble pas avoir de limites.

Ainsi, bien que le mot oasis soit d’origine grecque et qu’il ait selon toute vraisemblance été transporté en Égypte au 4e siècle avant Jésus-Christ par les armées d’Alexandre le Grand, une entreprise bien de chez-nous y a vu une propriété qui ne pouvait souffrir aucun partage.

Une petite entreprise au chiffre d’affaires de 250 000 $, qui fabrique un savon à l’huile d’olive, l’a appris à ses dépens, - le mot est approprié, les frais juridiques s’élevant à 125 000 $. Pas touche à ce mot, oasis, qui figure pourtant dans le répertoire littéraire de l’humanité depuis plus de 25 siècles ! On peut comprendre qu’il ne soit pas dans la nature de l’éléphant de se préoccuper du sort de la souris, m’enfin !
Québec – Tiers-monde

Si on n’assiste pas à la tiers-mondialisation du Québec avec Jean Charest comme chef d’orchestre, il faudra revoir rapidement nos concepts. On nous fait ici le même coup que les compagnies minières québécoises et canadiennes font aux Africains, soit de les dépouiller de leurs richesses naturelles pour les transformer ailleurs.

Les nouvelles tombent les unes après les autres. 

Il n’y a pas si longtemps, un Jean Charest plastronnant annonçait un investissement de 800 millions $ à Port-Cartier, ce qui justifiait qu’on accorde à l’indienne ArcelorMittal un taux préférentiel de 4,5 cents le kilowattheure alors qu’il nous en coûte 10 cents pour le produire.

Depuis, ArcelorMittal branle dans le manche et remet en question l’usine de bouletage, tout en espérant bénéficier du même taux préférentiel. Une usine de bouletage, ça ne fait pourtant que transformer en boulettes du minerai qu’on expédie par bateau aux quatre coins de l’univers, où il sera transformé en acier, l’opération la plus payante.

Et l’entreprise Novelis, au Saguenay, qui a envoyé promener les élus régionaux qui tentaient d’empêcher la fermeture de cette usine qui emploie 160 travailleurs… Délocalisés aux États-Unis, ces emplois, et transférée en Chine, la technologie ! Et la route de 186 millions $ pour la mine de diamants Amish… 
Taillés à l’étranger, nos diamants !

Après les rivières à saumon, c’est l’acier, l’aluminium, les diamants, l’électricité, les universités, le pétrole, le gaz. Ma foi ! C’est la chanson L’encan, de Félix Leclerc. 


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