François Saillant, militant des causes sociales

2012/04/19 | Par Pierre Dubuc

Partout, au Québec, François Saillant est connu comme Monsieur FRAPRU. Depuis près de 35 ans, ce fils d’une famille ouvrière de la Basse-Ville de Québec est associé au Front d’action populaire en réaménagement urbain.

Dans l’autobiographie qu’il vient de publier, il relate, de façon extrêmement bien documentée, le combat pour le logement social qu’il a incarné pendant toutes ces années. Ne serait-ce que pour cet historique, le livre mérite d’être lu. On l’oublie trop souvent, habiter un logement décent – et même, à certaines occasions, avoir tout simplement un toit au-dessus de la tête – est un droit qui est nié à de larges secteurs de notre population.

Mais l’action de François Saillant déborde largement ce cadre. Tout naturellement, pourrions-nous dire, il a été de tous les luttes contre la pauvreté. Son récit démontre comment, malgré leurs beaux discours, le Parti Libéral et le Parti Québécois comptent comme quantité négligeable les centaines de milliers de « bénéficiaires » de l’aide sociale.

Le 9 juin 1990, Saillant était au nombre des 20 000 personnes assemblées au Champ-de-Mars à Montréal pour voir et entendre Nelson Mandela. Il relate comment l’évocation de la lutte contre l’apartheid l’a amené à s’engager en appui à la lutte de ceux qui sont victimes d’un apartheid semblable au Canada : les autochtones.

Son compte-rendu de différentes phases de cette lutte, de la crise d’Oka jusqu’à l’adoption par l’ONU de la Déclaration des droits des peuples autochtones, est sans complaisance. Il ne tait pas la violence et la présence du crime organisé dans les communautés autochtones.

Mais il pointe surtout du doigt – et avec raison – ce que j’appellerais « l’indifférence annexionniste » des Québécois, particulièrement présente dans le mouvement souverainiste. Pourtant, ils constituent un enjeu fondamental. Saillant rappelle que les Cris, les Inuits et les Innus ont organisé leur propre référendum en 1995, ont voté en grand nombre (plus de 70%), et contre l’indépendance du Québec à 95%.

Un autre chapitre du livre retrace son parcours politique. Membre actif du Parti Québécois en 1968, il se radicalise à la faveur de la Crise d’Octobre. Puis, il est attiré par la perspective mise de l’avant par Pierre Vallières dans L’urgence de choisir qui qualifie le Parti Québécois de « principale force stratégique du mouvement indépendantiste ». Mais, il cèdera finalement aux arguments de Charles Gagnon, ralliera le groupe « m-l » En Lutte et deviendra le principal responsable de l’équipe rédactionnelle de ce journal.

Saillant raconte en détails la dissolution du groupe En Lutte, mais il en minimise une des principales causes: le mot d’ordre d’annulation lancé lors du référendum de 1980. Tout en reconnaissant que c’était une erreur, il en réduit la portée en disant qu’elle était « sans conséquence ».

Bien sûr, comme il le signale, le nombre de bulletins annulés n’a pas fait la différence entre le Oui et le Non. Mais son importance n’est pas là. Elle réside dans la théorie et le programme politiques qui ont conduit à ce mot d’ordre.

Dans L’autre histoire de l’indépendance(1), j’ai montré l’importance capitale pour la gauche du débat Vallières-Gagnon, qui s’est traduit par la victoire des forces fédéralistes avec Charles Gagnon, une victoire par défaut, par suite de la capitulation d’un Pierre Vallières, abandonnant le combat indépendantiste au profit de la contre-culture.

Après la dissolution d’En Lutte, François Saillant se joint au journal anarchiste Révoltes, renoue avec l’idée d’indépendance du Québec en participant à l’organisation de l’événement Octobre chaud, commémorant le 20e anniversaire des Événements d’Octobre.

Progressivement, comme plusieurs militants de sa génération, il démontre un nouvel intérêt pour la politique à la faveur de la création du RAP et de l’UFP. Mais son implication militante se fera aux côtés de Françoise David dans le groupe D’abord solidaires, qui deviendra Option citoyenne, avant de fusionner avec l’UFP pour donner Québec solidaire.

François a été candidat de QS dans la circonscription de Rosemont à deux reprises. À sa première tentative, en 2007, il obtient 9,33% des voix. À l’élection suivante, il recueille 8,2% des voix, soit 963 de moins. Il sera candidat à la prochaine élection.

Si le score n’est pas fondamentalement différent à cette occasion, je lui conseille, bien amicalement, une relecture du livre de Paul Cliche, Le scrutin proportionnel – qui démontre comment ce mode de scrutin est assassin pour les tiers-partis – et de L’Urgence de choisir de Pierre Vallières!

(1) L’autre histoire de l’indépendance, de Pierre Vallières à Charles Gagnon, de Paul Desmarais à Claude Morin, Éditions Trois-Pistoles, 2003.

Invitation

François Saillant et Pierre Dubuc participeront
à un débat dont le thème est
« Comment envisager la souveraineté du Québec ? »
Dimanche, 22 avril, de 10 heures à midi
au 222 Alphonse-Desjardins, à Valleyfield





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