Note d’intervention sur la démographie (2)

2012/04/19 | Par IREC

Dans une deuxième note d’intervention sur la démographie, l’économiste Gilles L. Bourque poursuit son analyse des enjeux liés au vieillissement, cette fois sous l’angle des problématiques de la retraite, de la santé et de la croissance.

« L’enjeu de la retraite est probablement celui qui fut le plus abordé au cours des récentes années. Malgré tout ce qu’on en a dit, on peut cependant prédire que celui sur la santé va prendre de l’ampleur au fur et à mesure que la cohorte des baby-boomers va s’approcher du seuil des 80 ans. Quant à l’enjeu de la croissance, s’il est davantage un débat pour les initiés, il reste néanmoins d’une importance majeure puisqu’une partie importante des solutions aux enjeux du vieillissement passent obligatoirement par une reconfiguration du modèle de développement », a expliqué le chercheur de l’IRÉC.

Rappelons que dans une note précédente, l’économiste a démontré que le vieillissement ne nous menait pas à l’apocalypse. « Lorsque nous regardons les tendances démographiques à plus long terme dans le monde et au Québec, disait-il, nous constatons que le Québec est en phase avec ce qui va se passer ailleurs. Nous allons vivre une transition démographique qui se rapproche de celle de la moyenne des pays industrialisés ».

« Mais, a-t-il poursuivi aujourd’hui, même si plusieurs éléments nous indiquent que les conditions sont favorables au développement, il n’y a jamais d’automatismes. Il faut, simultanément à une croissance plus élevée des salaires, une croissance de la productivité, sinon cela peut se traduire par une hausse continue du coût du travail, une perte de compétitivité et une détérioration à terme des facteurs de développement ».

Des facteurs de croissance

Certaines études indiquent que le Québec pourrait faire face à une pénurie de main-d’oeuvre, à une croissance plus faible et à des dépenses publiques élevées. « Par contre, a souligné le chercheur, l’avantage sera de voir augmenter de façon importante l’épargne retraite des Québécois et des Québécoises pendant les deux prochaines décennies. La crise financière que nous venons de traverser a révélé que la sécurisation de cette épargne collective est étroitement associée à son contrôle. Il est plus que temps d’en reprendre le contrôle pour la mettre au service du développement. Si nous agissons avec intelligence, les enjeux socioéconomiques du vieillissement sur la croissance peuvent être résolus en adoptant une stratégie proactive de reconversion écologique de l’économie et en canalisant les surplus de capitaux vers le renouvellement des infrastructures ».

Gilles L. Bourque a affirmé qu’il lui apparaît urgent de reconfigurer le modèle de développement pour assurer sa durabilité dans le contexte du vieillissement de la population notamment avec la régulation des pratiques financières, dont celle du système de retraite.

« Il nous faut garantir, a-t-il dit, la sécurité financière des futurs retraités sur la base de sa capacité à financer des investissements stratégiques pour l’économie et l’emploi, sur un horizon long ».



La santé

Enfin, en ce qui a trait au système de santé, une revue de la littérature scientifique faite par le chercheur montre que le gouvernement possède une marge de manoeuvre pour maîtriser la croissance des dépenses et qu’il a également un délai raisonnable d’une vingtaine d’années pour réaliser les rajustements des services de soins de santé.

Ce qui amène le chercheur à proposer que le gouvernement adapte les pratiques médicales et les soins de santé aux besoins des personnes âgées. « La lutte aux maladies dégénératives grâce au contrôle des facteurs externes qui affectent le vieillissement devra s’intensifier. Des efforts supplémentaires devront être faits pour aider les personnes âgées à améliorer leur espérance de vie en bonne santé et à assurer le plus longtemps possible leur autonomie. Dans cette optique, le Québec devra développer une offre de services à domicile plus adéquate qu’elle ne l’est présentement. Il devra aussi remettre en question sa politique du médicament qui privilégie une politique industrielle de plus en plus caduque aux dépens des coûts astronomiques que cela représente pour nos services de santé et pour la population en général », a conclu Gilles L. Bourque.

Pour connaître les résultats des travaux de l’IRÉC, voir www.irec.net

Bookmark