Si j'avais un pavé sous la main…

2012/04/24 | Par Diane Gendron

L’auteure est professeure de philosophie au Collège de Maisonneuve

Je reviens du palais des congrès et je suis en état de choc. J'ai quelques manifs à mon actif et je n'ai jamais rien vu de tel.

Je suis pas une manifestante qui cherche« à en découdre avec les policiers», je ne vais jamais sur la ligne «de front». Mais là, il n'y avait pas de ligne de front. J'étais debout, tranquille, avec un petit groupe, pas top loin du groupe de profs de la CSN.

Je n'ai rien vu venir, les anti-émeute nous ont foncé dessus de tous les côtés, avant de s'engouffrer dans le palais des congrès. Un passant, un homme dans la cinquantaine – même pas un manifestant! – s'est fait casser la jambe d'un coup de matraque juste à côté de moi!

Je me demandais comment l'aider avec quelques autres quand ils ont lancé une bombe de gaz à côté de nous : plus capable de respirer, de voir, j'ai paniqué.

Un collègue plus loin m'a vu et – un foulard sur le visage – est venue me tirer de là. Ça, ce sont les 5 premières minutes. Je ne peux même pas vous raconter ce que j'ai vu pendant les 15 minutes que ça m'a pris pour tenter de m'éloigner de là.

RIEN à voir avec ce qu'on raconte en ce moment sur cyberpresse. Les autres jours, ce n’était pas angélique non plus : hier, un collègue qui manifestait en solidarité avec les étudiants s'est fait casser une côte.

Au moment où je vous écris, j'entends Charest rire à la radio. Et maintenant il dit : «Ça suffit! les manifestants doivent respecter le droit de chacun à circuler librement!». Je ne suis pas un adolescent impulsif, mais pourtant, si j'avais un pavé sous la main, en ce moment, je le lui lancerais en pleine face!

Charest est en train de mettre le feu. J'ai entendu des manifestants crier «Duplessis! Au secours! Vient nous libérer de Charest!» Au secours, en effet!!

Peu importe votre position concernant les frais de scolarité, il faut s'unir pour condamner la dérive totalitaire de ce gouvernement irresponsable!!


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