3 fois 200 000 personnes qui virent à gauche!

2012/05/24 | Par Jean Fournier

3 fois 200 000 personnes! 3 fois oser prendre la rue! 3 fois crier à la face du monde votre raz-le-bol! Vous m’interpellez. Vous me faites encore mieux saisir le prochain virage qui nous attend. Celui de la gauche, celui pour la gauche s’éloignant de la droite.

Nous devrions retrouver à la gauche des mouvements sociaux comme le vôtre, chers étudiants et étudiantes, des syndicats, le mien j’ose espérer, des organismes communautaires, des pacifistes, des féministes, des environnementalistes, des citoyennes du Québec, des citoyens du monde, des profs, des médecins, des ouvriers et des ouvrières, etc.

La gauche pour nous recentrer sur le bien commun! La gauche pour les droits collectifs préservés dans leur intégralité! La gauche pour demeurer uni!

L’engagement du mouvement étudiant, tel un métronome marqueur du rythme qu’il faut prendre, vient enfin ouvrir des voies porteuses. Fougue, énergie vitale, audace et couleurs rassembleuses; voilà vos cris! Ils doivent (re)devenir les miens, les nôtres.

Depuis trop longtemps, la seule droite platonique, individualisante, pernicieuse, mal-à-droite, gauche, excluante, désengageante, occupe l’espace public, est maintenue par le complot médiatique des grands propriétaires de la presse, est portée par l’homme ou la femme publique.

M. Charest vous avez voulu casser le mouvement étudiant et bientôt, d’autres mouvements sociaux! Et bien, nous vous répondons par nos pieds qui marchent, par nos voies qui crient et par nos mains qui portent. La résistance doit se poursuivre. Le droit à l’éducation publique, le droit à l’expression populaire, le droit d’association, le droit à la vie démocratique sont inaliénables.

En ce sens, le respect de la nation et de son identité, de ses cris, de ses audaces populaires est fondamental.

C’est en écoutant avec ma plus jeune des filles le classique des Beatles « Let it be », que je me suis souvenu qu’autrefois nous pouvions espérer laisser être. D’ailleurs, c’est en ramenant à ma mémoire mon expérience fondatrice de militant, lors de cette grève de 6 semaines à mon cégep, car en ces temps-là nous parlions de grève, que je me suis souvenu que mon passage à l’âge adulte s’est opéré dans ce cadre.

Nous avons collectivement expérimenté la notion de citoyenneté agissante. Nous avons mené des délibérantes qui réunissaient plusieurs centaines d’étudiantes et d’étudiants. En ces temps-là, la police ne pouvait franchir les portes menant à notre carrefour, à cet espace nous appartenant.

La direction nous invitait à la table de négociation tout simplement parce qu’elle reconnaissant en nous une parole crédible, autorisée par l’existence même de l’association.

Le gouvernement Charest pose, en forçant l’adoption d’une ignoble législation, un geste de grave provocation. Il ne veut plus négocier… Mais à la face du monde je cri ma profonde indignation : il n’a jamais daigné négocier.

Du haut de sa personnalité monarchique, il a fait la sourde oreille à un mouvement organisé, surprenant, imaginatif, articulé, fougueux, tantôt hésitant, tantôt irritable, mais toujours digne et courageux.

Ce mouvement nous exprime en ces profondes teintes ce qu’est la jeunesse… Elle a été le moteur de révolutions humaines. Du printemps arabe à mai ’68, elle pousse, renverse, choque, questionne, propose, interpelle. Elle est la brise du printemps qui rafraichit.

À certains de ces jeunes, je professe chaque semaine des notions sociologiques, celles liées à la fonction sociétale que j’enseigne, le travail social. Sur ces routes d’apprentissages, mes étudiantes et mes étudiants apprennent à devenir des hommes et des femmes outillés, engagés et responsables.

Mes collègues et moi, nous tentons d’apporter une contribution humaine, sensible, expérimentée et touchante à ce passage de 3 ans au sein de notre maison d’enseignement.

Mes étudiantes et étudiants m’émeuvent au quotidien. Ils sont l’humanité renouvelée. Ils sont aussi le reflet de notre modernité. Ils savent manier l’ordinateur et le cellulaire mieux que moi.

Autrement dit, ils sont de leur temps, comme nous tentions de l’être il y a 30 ans avec notre « walkman » ou nos 45 tours achetés le vendredi soir pour entendre le dernier grand succès provenant d’Oncle Sam.

Cela dit, j’annonce que ce projet de loi, bien au contraire de produire l’effet escompté, c’est-à-dire de tuer un mouvement, va contribuer à lui offrir une seconde vie. Et cette fois-là, je vais tenter à la mesure de mes possibles de m’en approcherencore plus, tout simplement parce que nous estimons que l’université doit demeurer un espace citoyen accessible, ouvert, permettant l’actualisation de savoirs humains et scientifiques. De plus, comme des milliers d’autres l’affirment, l’affichent, l’écrivent, le chantent, le signent, VOS cris doivent aussi être les miens, les nôtres.

Et je me battrai. Dans ma communauté, dans mes responsabilités de commissaires scolaires, de professeur au collégial, de militant syndical, de citoyen, de père, d’homme libre, je me battrai. Je le clamais haut et fort il y a à peine quelques semaines M. Charest, vous et vos sbires, vous devez quitter le pouvoir. Vous êtes tel un despote qui mène sans cœur, ni bon sens, ni direction; vous êtes électoraliste, une bête politique, qui gouverne selon vos seuls intérêts.

Virons à gauche, tous et toutes!

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