Non au projet Matoush

2012/05/29 | Par Minganie sans uranium

La Commission canadienne de sûreté nucléaire tiendra des consultations publiques pour le projet Matoush de Strateco le 5 juin prochain à Mistissini et le 7 à Chibougamau. Minganie sans uranium y sera représenté. Vous êtes invité à participer en grand nombre.

Une marche communautaire pour dénoncer le projet aura lien le 4 juin 2012 à 18h00. À 19h30 le groupe Ceremony, gagnant d’un prix Juno, nous divertira et nous livrera son message. Des invités spéciaux viendront nous sensibiliser aux dangers de l’uranium. Il s’agit de Paul Robinson, directeur du Southwest research and information center (c’est lui qui est venu en Minganie il y a peu de temps), Ramsey Hart de Mining watch, Dre Isabelle Gingras de la Canadian association of physicians for a moratory on uranium mining et Marc fafard de SISUR.

Minganie sans uranium a déposé un mémoire, disponibleen cliquant ici.

Nous avons axé notre mémoire sur l’acceptabilité sociale. Voici un extrait du mémoire :

L’uranium au Québec est un sujet très controversé. À Sept-Îles et dans la Baie-des-Chaleurs les regroupements citoyens Sept-Îles sans uranium et Stop uranium Baie-des-Chaleurs ont gagné leur lutte contre les compagnies uranifères qui ont dû quitter les régions concernées. Dans ces deux régions la population, après s’être bien informée, s’est prononcée contre le développement de l’industrie minière uranifère.

En Minganie, sur la Côte-Nord, le regroupement citoyen Minganie sans uranium œuvre depuis 2010. La totalité des 8 municipalités de la MRC de Minganie, la MRC elle-même ainsi que les innus de Ékuanitshit ont tous voté des résolutions contre l’exploration et l’exploitation de l’uranium sur le territoire.

La compagnie Uracan dit maintenant réfléchir sur son avenir en Minganie et a arrêté ses travaux d’exploration à Aguanish pour l’instant. La population, regroupée au sein de Minganie sans uranium, compte bien veiller au grain et interdire le retour de la compagnie. Noter que la député de Duplessis, Lorraine Richard, est en faveur d’un moratoire sur l’uranium au Québec et que beaucoup d’autres élus du Québec pensent de même.

Au Québec plus de 320 municipalités ont voté des résolutions contre l’uranium. Les Mohawks, les Innus et les Cris se disent contre l’industrie uranifère aussi. Il semble que l’acceptabilité sociale face à cette industrie fait complètement défaut au Québec, comme à plusieurs endroits sur la planète.

Il est intéressant de noter que ces résolutions ont été votées avant la catastrophe de Fukushima. Il y a fort à parier que plus de municipalités se joindrait au mouvement aujourd’hui. (Carte et liste des municipalités ayant voté des résolutions contre l’uranium en pièce jointe)

En 2010 le Conseil des Cris de Mistissini s’est prononcé contre le projet Matoush. Le Grand Conseil des cris l’a appuyé.

Autre point important de notre mémoire, la vérité sur le nucléaire et les gaz à effets de serre (GES). Strateco nous dit que l’uranium est une source d’énergie sans gaz à effet de serre, se présentant comme une solution environnementale, allant même jusqu’à en faire son slogan « Ressources Strateco axée sur l’uranium : source d’énergie sans gaz à effet de serre ».

Cette affirmation est totalement fausse. Dans toute la filière énergétique de l’uranium il n’y a que la fission qui produit moins de GES que les autres énergies, mais en produit quand même. Strateco dit vouloir informer les gens mais comment pouvons-nous avoir confiance alors qu’ils essaient de nous berner sur un sujet de base comme celui-là?

Énergie de France (EDF) elle-même avoue cette production de GES. Selon l’entreprise ses centrales nucléaires sont responsables de l’émission de 2,25 millions de tonnes de CO2 par an. Il est très malhonnête de ne pas parler de la filière entière car elle est indissociable.

Comment les dirigeants de Strateco pensent-ils qu’il est possible d’opérer une mine d’uranium sans émission de GES? Déjà à l’étape de l’exploration des foreuses sont utilisée, et des hélicoptères émettrices d’une grande quantité de GES. Peut-être que pendant l’exploitation ils n’utiliseront pas de camions, de pelles mécaniques, de foreuses, de concasseurs, etc.

À ce sujet il faut ajouter que moins la concentration d’uranium est grande plus il faut déplacer et traiter des volumes de roches importants, augmentant d’autant les émissions de GES. Et que peut-on dire des usines de concentration très énergivore qui produisent beaucoup de GES.

Pour terminer parlons un peu de la gestion des déchets nucléaire dont aucune solution permanente n’existe à ce jour. Le transport de ces déchets, la fabrication de contenants ou de cellules, les nombreux déplacements reliés à cette activité, sont toutes des activités émettrices de GES.

Voilà un peu de chiffres au sujet des GES de la filière nucléaire. Selon l’Institut Pimbina les émissions de GES associées à l'extraction d'uranium, au broyage, au raffinage, à la concentration et à la fabrication et de carburant au Canada est évalué entre 240,000 et 366,000 tonnes de CO2 par an.

Les émissions totales associées au secteur, y compris les émissions associées à la construction de centrale électrique, sont dans la gamme de 468,000 et 594,000 tonnes de CO2 par an, l'équivalent des émissions d'entre 134,000 et 170,000 voitures par an.

Les émissions de GES annuelles associées à la production d'énergie domestique seul sont évalué à entre 267,000 et 289,000 tonnes de CO2 par an. D'autres évaluations récentes suggèrent que les émissions de GES associées à la puissance nucléaire au Canada soit d'au moins 840,000 tonnes par an (Pièce jointe).

Selon la Communauté Européenne, les estimations des émissions carbone des centrales nucléaires varient dans des proportions très larges: de 1.4 à 288 gramme de dioxyde de carbone équivalent par kilowattheure.

En plus du sujet de l’acceptabilité sociale et du mensonge des gaz à effets de serre nous avons documenté aussi les problèmes liés à la santé, à l’environnement, à l’énergie nucléaire non sécuritaire et à l’utilisation militaire de l’uranium pour les armes à uranium appauvri.

Soyons solidaire avec les Cris et les Blancs de cette région où il y a plusieurs projets de mines d’uranium. Et n’oublions jamais que si une seule mine d’uranium voit le jour au Québec nous devenons éligibles pour un projet d’enfouissement de déchet nucléaire par la suite. Un tel projet est déjà dans les cartons de la compagnie Sécurad sur la Basse Côte-Nord…

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