La vision provincialiste de Québec solidaire

2012/08/09 | Par Marc Laviolette et Pierre Dubuc

Respectivement président et secrétaire du SPQ Libre

Qu’un tiers-parti revendique le scrutin proportionnel, rien de plus normal dans notre contexte électoral régi par le mode de scrutin uninominal à un tour dont la « loi d’airain » est de favoriser fortement le bipartisme.

Mais l’argumentaire de Québec solidaire à l’appui de cette revendication est hautement questionnable. D’abord, QS cible toujours principalement le Parti Québécois comme responsable de cette situation, alors que le PQ est absent du pouvoir depuis neuf ans!

Deuxièmement, l’insistance de Québec solidaire à faire de cette question un enjeu prioritaire témoigne éloquemment de sa vision provincialiste de l’avenir du Québec.

Pour les indépendantistes, la réforme du mode de scrutin n’est pas prioritaire dans la séquence des rendez-vous anticipés. Pour l’illustrer, nous pouvons recourir à l’allégorie des trois périodes de hockey. Première période, l’élection du Parti Québécois. Et l’élection, est-il besoin de le répéter, se déroule selon les règles du mode de scrutin actuel.

Deuxième période, la tenue d’un référendum sur la souveraineté au cours du premier mandat, suivi d’une proclamation d’indépendance.

Troisième période, la convocation d’une constituante où seront déterminées les institutions politiques d’un Québec indépendant, dont son mode de scrutin.

Faire de la réforme du mode scrutin une priorité, c’est accepter qu’il y aura d’autres élections « provinciales » avant l’accession du Québec à l’indépendance. C’est reporter l’indépendance aux calendes grecques. C’est s’enfermer dans une approche purement provincialiste.

Cette approche, c’est celle de Québec solidaire.

Avec une telle perspective comme programme politique, il faut être drôlement culotté pour donner des leçons de souveraineté au Parti Québécois!

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