La CAQ ou la Coalition pour l’affrontement au Québec

2012/08/29 | Par Louise Chabot

L’auteure est présidente de la CSQ

Au Québec, il y a eu le camp du Oui et le camp du Non lors du dernier référendum. François Legault l’a affirmé clairement : il ne serait porte-parole ni de l’un ni de l’autre, advenant une consultation populaire sur la question nationale. Un leader qui aspire à devenir un chef d’État, mais qui est incapable de se brancher sur une question fondamentale pour l’avenir du peuple dont il souhaite diriger la destinée à titre de premier ministre. Un politicien ambivalent, un ni-oui ni-non en quelque sorte, ont déploré certains observateurs. En fait, le chef de la CAQ a choisi un tout autre camp, le Camp de l’affrontement pour le Québec (CAQ).


La réingénierie Charest version Legault

Le même homme, qui répète à qui veut l’entendre que les Québécois sont « tannés des chicanes avec Ottawa », se prépare à plonger le Québec dans des disputes sans fin, poursuivant tambour battant la réingénierie inachevée de Jean Charest en la poussant un cran plus loin. Une réingénierie dont on avait même changé le nom tant elle était synonyme de grogne populaire.

Le gars qui ne veut pas de chicane avec ses voisins s’apprête à semer la discorde dans sa propre maison. Après des mois de turbulences sociales qui ont secoué le Québec autour de l’enjeu de l’accès aux études supérieures (un conflit qui n’est toujours pas réglé, faut-il le rappeler ?), François Legault s’apprête à nous plonger dans une crise sociale encore pire.


Un antisyndicalisme primaire

À la création de la Coalition, François Legault y était allé de quelques déclarations antisyndicales incendiaires pour plaire à la clientèle adéquiste qu’il courtisait afin d’effectuer son entrée plus rapidement à l’Assemblée nationale.

On peut comprendre la stratégie, sauf que là, au fil des mois, le chef de la CAQ multiplie et durcit les attaques contre les organisations représentatives des travailleuses et des travailleurs. Des déclarations populistes à l’emporte-pièce traduisant un antisyndicalisme primaire de mauvais augure pour la paix sociale.

Un jour, il nous annonce la suppression de milliers de postes à Hydro-Québec et dans le secteur public ; le lendemain, il  nous annonce qu’il rouvrira les ententes sur les régimes de retraite et que c’est non négociable ; le surlendemain, il affirme qu’il voit d’un bon œil l’octroi du droit de lock-out dans les municipalités, et là, je ne parle pas du conflit qu’il s’apprête à créer avec les médecins omnipraticiens. Ouf ! tout un programme.

Tout pour séduire le milieu des affaires qui le soutient. Bon prince, il annonce qu’il compensera les syndicats pour les pertes de cotisations syndicales résultant des abolitions de postes massives qu’il prévoit, réduisant ainsi le rôle de nos organisations à une simple relation d’affaires.

Une déclaration de comptable qui témoigne d’une profonde méconnaissance du rôle d’acteurs de changement social des syndicats et qui en a choqué plus d’un dans nos milieux, moi la première.


Qui sème le vent… récolte la tempête

François Legault annonce qu’il va « venter fort au Québec » si la CAQ est élue. Croyez-le sur parole, c’est exactement ce qui arriverait !

Dans les jours qui viennent, les météorologues nous annoncent qu’Isaac, la dépression tropicale, pourrait se transformer en un vaste ouragan. Il se pourrait bien aussi que la tempête que le chef de la CAQ appelle de tous ses vœux en semant ses attaques contre les syndicats à tout vent suive la même malheureuse évolution.

Bref, François Legault nous propose de relancer l’économie du Québec en supprimant des milliers d’emplois bien rémunérés et en multipliant les conflits sociaux.

Les propositions d’affrontement de la CAQ pourraient-elles conduire le Québec sur la mauvaise trajectoire ? Le Québec a-t-il besoin de matamores ou de visionnaires ? Ces questions méritent d’être posées.

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