Gabriel Nadeau-Dubois au tribunal

2012/10/02 | Par Yves Claudé

Gabriel Nadeau-Dubois est poursuivi pour des propos tenus à RDI, dans un moment fort du mouvement, alors qu’il faisait état des principes de la démocratie étudiante.

Le juge Denis Jacques, de la Cour supérieure, au dossier, ne doit pas ignorer, au delà des technicalités juridiques qui sont le lot d’un savoir artificiellement technicisé et détourné par des pseudo-spécialistes du droit, que le procès de Gabriel Nadeau-Dubois est aussi et avant tout le procès politique du mouvement étudiant !

Il s’agit du procès de la démocratie étudiante, initié par une idéologie individualiste et néolibérale qui veut nous faire croire que l’enseignement est une marchandise et que les étudiants sont des clients, que les droits individuels priment nécessairement sur les droits collectifs.

Si le juge Denis Jacques prenait le parti, politiquement explicite, de condamner Monsieur Gabriel Nadeau-Dubois, ce serait de toute évidence la mobilisation étudiante qu’il susciterait et appellerait, mettant ainsi en péril à la fois la paix sociale d’une manière générale, mais aussi un climat d’étude qui a été malgré tout rétabli dans les institutions scolaires, alors qu’il avait été mis à mal par la stratégie de confrontation et de pourrissement du conflit planifiée et déployée par le PLQ. 

En se masquant éventuellement derrière des technicalités juridiques, le représentant du système judiciaire ne serait pas à même de dissimuler le fait qu’il orchestre un procès politique, qui résulte d’une offensive néolibérale contre le mouvement étudiant, et qu’une condamnation politique prendrait nécessairement la forme d’une déclaration de guerre de l’État contre le mouvement étudiant !


Rappel de quelques faits à propos de la poursuite contre M. Nadeau-Dubois

Selon La Presse (29-5-2012), le requérant, M. Morasse a affirmé qu’«une peine de prison serait «méritée»» contre M. Nadeau-Dubois.

Rappelons que Loi 78 (alias 12) avait suspendu les injonctions obtenues par des requérants pour obtenir la reprise de leurs cours, et que c’est la clause 32 de cette loi très controversée, appelée aussi “Clause Nadeau-Dubois”, qui autorisait cette poursuite judiciaire contre le représentant de la CLASSE. Or cette loi a été abrogée par le gouvernement du PQ, son application est donc très peu légitime !

Selon Radio-Canada (19-5-2012), M. Morasse aurait appelé les citoyens à manifester contre la Loi 78, et ceci en ces termes : «J'invite les gens à manifester verts comme rouges. On a encore le droit à nos opinions». C’est pourtant ce droit qu’il déniait à Monsieur Nadeau-Dubois, alors qu’il utilisait la Loi 78 contre lui !

On peut s’interroger sur la cohérence de la démarche de M. Morasse, alors que, selon Le Soleil (9-5-2012), dans une assemblée étudiante de l'Université Laval, «M. Morasse a quitté l'assemblée avant même de passer au vote». De plus, M. Morasse reconnaît que son injonction a été respectée : «J'ai eu mes cours, ça, il n'y a pas eu de problème» (16-5-2012). 

Selon le quotidien 24 Heures (29-5-2012), M. Morasse a affirmé ne pas être motivé par un «quelconque militantisme politique». Cependant, La Presse (29-5-2012) nous apprend que son avocat, Me Maxime Roy-Martel, a effectué des contributions financières au bénéfice du Parti libéral du Québec. Celui-ci, «souhaite une peine plus sévère» que «des travaux communautaires ou encore une amende» contre Monsieur Nadeau-Dubois : «S'il y a culpabilité, j'entends demander l'emprisonnement» (La Presse, 29-5-2012) ! Or, à propos du Projet de loi C-10 (Le Soleil, 25-2-2012) cet avocat plaidait justement contre la sévérité, et en particulier contre l’emprisonnement et ses effets contre-productifs. 


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