Brèves syndicales

2012/10/12 | Par Maude Messier

Grève chez Walmart : vers une solidarité syndicale mondiale?

Le ras-le-bol des employés de Walmart aux États-Unis s’est manifesté par une grève d’une journée la semaine dernière à Los Angeles. Puis, le mouvement s’est rapidement étendu à une douzaine de villes américaines, dont Dallas, Sacramento, Seattle, Chicago, Los Angeles, Miami, Orlando et Washington D.C.

United Food and Commercial Workers (UFCW), dont le pendant canadien est le Syndicat des Travailleurs Unis de l’Alimentation et du Commerce (TUAC), affirme que les employés de 200 magasins ont débrayé.

Il s’agirait, selon le syndicat, d’une première grève chez le géant mondial de la vente au détail, un moment historique dans l’histoire des relations de travail.

Walmart, via son porte-parole David Tovar, affirme plutôt que ces manifestations, puisqu’il n’est pas question de grève à son avis, « ne sont pas représentatives de l’ensemble de la base des associés » (traduction libre), affirmant plutôt qu’il s’agit du fruit d’une orchestration syndicale pour promouvoir leur propre agenda politique et financier.

Bien que largement supportée par le milieu syndical, la campagne américaine en cours émane de OUR Walmart, un regroupement d’employés qui a vu le jour il y a environ un an et dont les membres militent pour le droit au respect et à la dignité.

Ils réclament des conditions de travail décentes, de meilleurs salaires, des horaires prévisibles et la fin des représailles pour ceux qui osent réclamer des améliorations à leurs conditions de travail.

Rappelons que les employés de Walmart ne sont pas syndiqués et que les TUAC multiplient les tentatives de syndicalisation dans différents magasins de l’entreprise depuis quelques années. Les parties croisent d’ailleurs le fer tant aux États-Unis qu’au Canada, que ce soit sur le terrain, dans les médias ou devant les tribunaux.

Les TUAC ont d’ailleurs annoncé cette semaine le lancement d’une alliance mondiale d’organisations syndicales dénonçant l’attitude anti-ouvrière et antisyndicale de Walmart.

Des militants en provenance de l’Argentine, du Brésil, du Canada, du Chili, de l’Inde, du Nicaragua, de l’Afrique du Sud, du Royaume-Uni, des États-Unis et de la Zambie ont été accueillis par le président international des TUAC, Joe Hansen, la semaine dernière à Los angeles pour appuyer les grévistes.

Fondée 1962, l’entreprise compte 2,2 millions d’employés, dont 1,4 million aux États-Unis seulement, dans 4 500 succursales, ce qui en fait l’un des plus importants employeurs privés au monde.

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Lock-out chez Acier Leroux : à quand la refonte de la Loi anti-briseurs de grève?

Une centaine de travailleurs du centre de distribution d’Acier Leroux, à Boucherville, sont en lock-out depuis le 10 septembre dernier.

La Fédération de l’industrie manufacturière-CSN dénonce le fait que l’entreprise puisse poursuivre ses activités sans entrave grâce à la sous-traitance, déséquilibrant ainsi le rapport de force entre employeur et employés, élément pourtant essentiel dans un processus de négociation.

La convention collective a expiré le 1er mai dernier et les parties ont, de part et d’autre, soumis leurs revendications. En dépit des nombreuses rencontres de négociations et de la présence d’un conciliateur du ministère du Travail, l’employeur s’est opposé systématiquement aux demandes syndicales, « tout en se disant prêt à discuter… des offres patronales »!

Le président de la Fédération de l'industrie manufacturière (FIM-CSN), Alain Lampron, rappelle que le lock-out est survenu alors que les offres salariales n'avaient pas encore été abordées dans la négociation.

Pour Lucien Dallaire, président du syndicat, la mauvaise foi de la direction ne fait aucun doute. « […] ce qu'elle veut, c'est agir au Québec comme elle le fait partout, c'est-à-dire pouvoir tout décider en ne laissant aucun pouvoir de contestation aux travailleurs. Elle exige un retour en arrière de quelques décennies dans nos conditions de travail. »

Devant l’attitude de leur employeur, les syndiqués se sont dotés d’un mandat de grève générale le 19 août dernier, à utiliser au moment jugé opportun.

Pour faire pression, ils ont prolongé leur pause du matin le 10 septembre, il n’en fallait pas plus pour que la direction décrète un lock-out.

Pour la CSN, il s’agit d’un exemple éloquent de la désuétude de la Loi anti-briseurs de grève. « Dans le cas qui nous concerne, les matériaux sont envoyés dans d'autres usines puis, de là, expédiés chez les clients… C'est amoral ! Le conflit s'étire indûment puisque l'employeur peut user de ce stratagème », insiste la présidente du Conseil central de la Montérégie, Pierrette Poirier.

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Une entente avant l’échéance de la convention collective pour les cols bleus de Montréal

Jeudi midi, la ville de Montréal et le Syndicat des Cols bleus regroupés de Montréal (SCFP 301) annonçaient, dans un communiqué conjoint, la conclusion d’une entente globale concernant l’épineuse question des régimes de retraite ainsi que pour le renouvellement de la convention collective… soit plus de deux mois avant l’échéance de la convention en vigueur!

Pour la petite histoire, depuis les fusions municipales en 2000, les conventions collectives ont été imposées par arbitrage. La première convention négociée est survenue en 2010, les cols bleus étant demeurés sans contrat de travail pendant trois ans puisque les négociations se sont éternisées.

Michel Parent, président du 301, affirme que son syndicat a choisi de prendre le taureau par les cornes sur la question des régimes de retraite et de ne pas attemdre « que des solutions nous soient imposées ou nous tombent du ciel. Le Syndicat a pris une approche responsable. Nous avions pris des engagements et nous livrons aujourd'hui la marchandise. »

La Ville souligne, quant à elle, que cette entente est la démonstration « qu'il est préférable de choisir la voie de la négociation à celle de la confrontation », de déclarer M. Michael Applebaum, président du comité exécutif.

Le directeur principal du Service du capital humain et des communications, M. Jean Yves Hinse, ne cache pas que cette entente pave la voie pour les autres à venir avec les différents groupes d’employés de la Ville.

Les parties refusent de commenter les détails de l’entente de principe avant qu'elle ne soit soumise, pour approbation, à leurs instances décisionnelles respectives.

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Un revers pour l’administration Labeaume

« Nous avons toujours dit que les coupures de l'administration Labeaume ne respectaient pas notre contrat de travail », a commenté le président du syndicat des cols bleus de la Ville de Québec (SCFP 1638), Marc-André Dufour.

C’est précisément la conclusion à laquelle arrive l’arbitre Me Denis Gagnon dans une décision rendue mardi dernier, confirmant que, pour l’année 2010-2011, les employés cols bleus ont travaillé « 131,000 heures de moins qu'au cours de la période de référence » prévue au contrat de travail.

Pourtant, une clause de la convention collective des employés interdit formellement la réduction des heures de travail, stipulant que « l'employeur s'engage à maintenir la quantité de travaux actuellement effectués par les employés », mais la Ville en a fait fi.

Le syndicat se réjouit de cette décision et souligne qu’il s’agit d’un nouveau revers pour l’administration Labeaume. « Je vous rappelle que notre convention a été signée par le maire lui-même, déclare Marc-André Dufour. Ce qu'il faut retenir, c'est que c'est une grave erreur de ne pas respecter sa signature. »

Soulignons que les quelque 1350 cols bleus de Québec sont en grève légale des heures supplémentaires depuis le 24 mai dernier. Leur contrat de travail est échu depuis le 31 décembre 2010.

Suspendues depuis le mois d’avril en raison d’un autre litige portant sur des licenciements, les pourparlers ont repris en septembre, sous la présence d’une conciliatrice du ministère du Travail.

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Vote historique sur la création d’une nouvelle force syndicale pancanadienne

Quelque 1 500 délégués se réuniront à Québec à compter de dimanche pour le congrès national du Syndicat canadien de l’énergie et du papier (SCEP).

À cette occasion, les délégués se prononceront lundi sur la proposition de la création d’un nouveau syndicat pancanadien avec les TCA.

Rappelons que le Syndicat national de l'automobile, de l'aérospatiale, du transport et des autres travailleurs et travailleuses du Canada (TCA) s’est déjà prononcé unanimement en faveur du projet le 22 août dernier.

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