Le monorail…un rendez-vous à ne pas manquer!

2012/10/23 | Par Réjean Porlier

L’auteur est président du Syndicat des technologues d’Hydro-Québec

Selon une étude réalisée par l'Institut Macdonald-Laurier, le Québec serait la province canadienne dont les finances publiques sont les moins à risque de vivre une crise de solvabilité, tandis que l'Ontario et l'Alberta seraient plus fragiles à moyen et long terme.

Surprenant non ?, alors qu’on tente par tous les moyens de nous dépeindre le Québec comme la terre de tous les maux économiques.

Voilà ce qu’a écrit à ce sujet Rudy Le Cours dans la Presse du 19 octobre 2012 :

« Le portrait des finances publiques québécoises à long terme est plus reluisant parce que Joffe exclut l'endettement de 53,7 milliards d'Hydro-Québec de la dette nette de la province. ‘‘La société a toujours été rentable et fournit un service essentiel, écrit Joffe. Il est donc très peu probable que ses obligations retombent sur les épaules des contribuables de la province.’’ »

Encore une fois, la vision qu’a eue René Lévesque au début des années 60 en nationalisant l’hydroélectricité, démontre à quel point cet actif collectif peut changer la donne lorsqu’il est question d’analyser le bilan global de la province.

À l’époque, il fallait du courage pour couper court à une politique de développement colonialiste, où la fuite de capitaux était devenue la norme. Du courage, mais surtout, beaucoup de vision.

Ça ce passait sous Jean Lesage, un gouvernement Libéral. Comme quoi les Libéraux n’ont pas toujours été redevables qu’aux multinationales et aux amis du parti.

Si une occasion semblable s’était présentée au cours des dernières années, dans le contexte d’un discours néolibéral plus répandu que jamais, et dans un climat où la corruption et la collusion atteignaient des niveaux records, il y a fort à parier que nous aurions manqué ce rendez-vous historique.

D’ailleurs, le vol collectif auquel nous a convié Jean Charest en 2008, lorsqu’il commandait à Hydro-Québec de se départir de tous ses droits d’exploration de pétrole et gaz sur l’ensemble du territoire du Québec, illustre assez bien la dérive du Parti Libéral des dernières décennies.

Une chose est sûre, c’est dans les moments difficiles, où la facilité commanderait de s’en tenir au discours d’austérité ambiant, que l’on reconnaît les grands leaders. Ceux et celles qui osent sortir des sentiers battus et pensent à préparer l’avenir, malgré toute cette pression qui demande à ce qu’on se concentre sur le moment présent. Innover pour sortir de la tempête plutôt que se concentrer uniquement à colmater les fuites.

René Lévesque fut sans contredit l’un de ces leaders, qui a su préparer l’avenir et faire en sorte que les générations qui ont suivi ont bénéficié d’une qualité de vie des plus enviables.

Cinquante ans plus tard, c’est le Maître chez nous 21eme siècle qui se pointe à nos portes. Celui que Daniel Breton et bien d’autres progressistes ont tant réclamé.

C’est à ce moment précis de l’histoire que, toutes et tous, nous souhaitons voir se lever ces leaders, ces visionnaires alors que partout autour, la droite réclame le retour de l’austérité.

Il ne faut jamais perdre de vue que les riches traversent très bien les crises et trouvent souvent le moyen de s’enrichir davantage. C’est ce que nous apprenait la Presse quelque part en 2010 en faisant référence à la crise économique de 2008.

Si la vie appartient à ceux qui se lèvent tôt, l’avenir appartient à ceux qui savent saisir les occasions et décoder les momentums.

Les astres sont alignés pour que le monorail 100% québécois voie enfin le jour. Une étude de l’IRÉC (Institut de Recherche en Économie Contemporaine) produite en décembre 2010, met en évidence l’énorme potentiel de cette filière.

Tous auront compris que, même s’il allait de soit pour l’institut de recherche de mettre l’accent sur le volet économique de la chose, les gains environnementaux et même sociaux n’en seraient pas moins appréciables pour autant.

Pour Robert Laplante, directeur de l’IRÉC, il s’agit de rien de moins que la première étape devant mener à notre indépendance énergétique.

L’électrification des transports en commun, appuyée principalement sur le déploiement d’un réseau de monorail, représente une occasion en OR de stimuler l’économie du Québec pour le court, le moyen et le long terme et ce, autour d’un projet stimulant, structurant et mobilisateur.

Ce sont des dizaines de milliers de bons emplois qui sont à notre portée, mais aussi un outil pour renverser notre dépendance aux énergies fossiles, principale cause de notre endettement collectif.

À cela s’ajoute d’énormes possibilités d’exportation d’une technologie purement québécoise et donc, à valeur ajoutée. On est bien loin de l’exploitation de nos ressources naturelles pour lesquelles on ne reçoit que des peanuts et qui traversent les frontières en vrac.

Le monorail, c’est de l’électricité de chez-nous, de l’aluminium de nos usines en sol québécois, le moteur-roue de l’IREQ, de la main-d’œuvre et du savoir-faire d’ici, et plus encore. Le monorail, c’est un rendez-vous à ne pas manquer.

Les gens de Trens-Québec l’ont bien compris et c’est pourquoi depuis quelques temps, ils planchent sur un montage financier qui permettrait au projet de voir le jour. Pour avoir rencontré ces gens passionnés, je peux vous dire que le projet est on ne peut plus sérieux et réalisable à court terme.

Il n’y manquera que la volonté politique, bref, l’essentiel. Un tel projet nécessite la participation du gouvernement et dieu seul sait si, par les temps qui courent, le Parti Québécois va être en mesure de faire part de vision, ce qui pourrait lui permettre de renouer avec nombre de citoyens et de citoyennes qui espèrent toujours en silence voir émerger un projet porteur.

Le PQ a débuté son mandat sur les chapeaux de roues, annonçant en grandes pompes la mise en place de quelques éléments de sa plate-forme électorale. Il était sans doute animé par l’urgence de démontrer qu’il pouvait livrer la marchandise, malgré son statut de gouvernement minoritaire. Cependant les maladresses accumulées ont fait craindre le pire aux militants quant aux chances du parti de revenir en force.

C’est dans ce contexte que l’équipe de Pauline Marois doit tenter de tirer avantage des opportunités où elle saura faire la preuve qu’elle est capable de grandes choses. Pas ce genre d’opportunité où on mise sur la faiblesse des autres, mais celles avec un grand O où les vrais leaders se démarquent.

Reste à souhaiter que l’équipe péquiste ne s’enferme pas dans une logique de gestion de crise à court terme. Je sais que plusieurs ministres et députés croient dans ce projet porteur et sincèrement, moi qui ai souhaité avec cette élection que le parti de René Lévesque renoue avec ses racines progressistes, j’espère de tout cœur ne pas m’être trompé.

Pour ceux et celles qui ne l’ont pas déjà fait, je vous invite à prendre connaissance de l’étude sur le site Web de l’IRÉC (Cliquez ici) et à suivre de près les démarches du groupe Trens-Québec auquel s’est joint M.Claude Béland, ancien président du mouvement Desjardins.

Au plaisir de vous rencontrer dans les airs, à discuter dans ce monorail qui survolera à grande vitesse une de ces autoroutes que nous aurons contribué à décongestionner et qui éventuellement permettra d’occuper ce vaste territoire moins obsédé par la contrainte du temps.

Le rêve n’est plus si loin!

Bookmark