Rapatriement de l’assurance-emploi : QS est pour ou contre?

2012/11/01 | Par Pierre Dubuc

Devant les effets dévastateurs des contre-réformes de 1990, 1993, 1994, 1996 et 2012, le Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC) réclame aujourd’hui le rapatriement au Québec de l’assurance-emploi.

Chaque contre-réforme a touché le Québec très durement. La dernière, qui pénalise les travailleurs saisonniers, est éloquente. 40% des travailleurs saisonniers qui seront affectés se trouvent au Québec, alors que la population québécoise ne représente que 23% de la population canadienne.
C’est une expression claire et nette de l’oppression nationale du Québec.

Elle explique la plus grande mobilisation du Québec contre les modifications à la loi au cours vingt dernières années. Cela s’est vérifié une nouvelle fois, le 27 octobre dernier, alors que 1200 travailleurs et travailleuses manifestaient à Thetford Mines.

De nombreuses organisations syndicales et populaires, des élus locaux, des progressistes et, bien évidemment, des souverainistes appuient la campagne du CNC et de son président Pierre Céré pour rapatrier au Québec un pouvoir provincial récupéré par Ottawa en 1940 avec un amendement constitutionnel, adopté sans consultation de l’Assemblée législative du Québec.

Tous y voient un élément central à l’établissement d’une véritable politique de la main d’œuvre. Tous? En fait, presque tous, car on ne connaît toujours pas la position de Québec solidaire.

Certains de ses militants proches du NPD – qui est contre le rapatriement par le Québec – expriment leur opposition au nom de « l’unité de la classe ouvrière ».

Dans un texte publié sur le site Presse-toi à gauche, un des ténors de cette tendance, André Frappier, écrit : « Si la question du rapatriement de l’assurance-emploi au Québec se pose, elle doit l’être dans le cadre du débat sur un Québec souverain, et du nécessaire contrôle des travailleurs et travailleuses sur l’emploi. Mais ce débat ne doit pas servir à un repli sur le Québec ni à remplacer la lutte essentielle la plus large et unitaire possible au Québec et avec le reste du Canada. »

Autrement dit, Frappier n’appuiera le rapatriement que dans la perspective d’un Québec indépendant contrôlé par les travailleurs. C’est la position classique d’une tendance trotskyste qui se proclame souverainiste, mais n’appuie le projet indépendantiste que dans la perspective d’un Québec socialiste.

Maintenant, il serait intéressant que Québec solidaire fasse connaître sa position sur cette question.

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