Brèves syndicales

2012/11/23 | Par Maude Messier

Black Friday : grèves spontanées dans 1 000 magasins Walmart

États-Unis - Le Back Friday est une véritable religion aux États-Unis et une mine d’or pour les commerçants. Cette année, certains d’entre eux, dont Walmart, ont décidé d’ouvrir leurs portes plus tôt, voir même la veille, pour profiter de la manne. C’est comme si les magasins ouvraient leurs portes ici le 25 décembre au soir pour maximiser le « boxing day ».

Paradoxalement, cette décision survient au moment où les employés de près de 1 000 magasins Walmart s’apprêtent à déclencher des grèves spontanées.

Après une série de grèves et de manifestations dans différentes villes américaines cet automne, les employés du plus gros détaillant au monde veulent envoyer un message en choisissant de perturber la journée la plus achalandée de l’année.

Walmart nie complètement l’existence d’un mouvement de protestations émanant de ses employés et affirme plutôt qu’il s’agit d’une petite portion de mécontents.

Elle ajoute que sa politique de « porte ouverte » permet à tous les employés qui ont un problème ou une demande de s’exprimer librement.

Dans les faits, c’est précisément l’inverse que dénoncent les membres de OUR Walmart, une organisation d’employés de Walmart, soutenue par la United Food and Commercial Workers (UFCW).

Ils demandent que l’entreprise cesse les représailles contre les employés qui osent parler et revendiquer, ils veulent des salaires décents et un nombre d’heures de travail suffisant pour leur permettre de vivre de leur emploi.

Le journal The Guardian rapporte l’exemple d’une femme qui, malgré un emploi à temps complet chez Walmart, ne gagne que 14 000 $ annuellement.

L’entreprise fait valoir que les récentes manifestations, tout comme celles prévues pour le Black Friday, ne sont que des orchestrations des organisations syndicales qui cherchent, depuis de nombreuses années, à syndiquer ses employés.

Du côté de la UFCW, on assure que les manifestations, grèves et autres activité sont initiées par des employés et que ce sont eux qui se retrouvent sous les piquets de grèves, pas des membres dépêchés par les syndicats.

Les activités sont coordonnées par l’organisation OUR Walmart, principalement via les réseaux sociaux, mais pas organisées par elle.

Même si l’entreprise dit ne pas se soucier de ces perturbations, elle a tout de même déposé une demande d’injonction pour empêcher la tenue des manifestations, injonction d’ailleurs rejetée par le Conseil national des relations de travail.

OUR Walmart promet que ce n’est qu’un début et que le mouvement gagne rapidement en importance à travers le pays.

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Contre la marchandisation de l’éducation

Montréal - Quelque 60 000 étudiants collégiaux et universitaires étaient en grève, ce jeudi, pour participer à la manifestation de solidarité internationale contre la marchandisation de l’éducation, à Montréal. La marche a culminé par un rassemblement au parc Émilie-Gamelin.

D’autres manifestations ont eu lieu ailleurs dans monde à l’appel de l'International Student Mouvement (ISM) pour une grève générale du 14 au 22 novembre en guise de protestation contre l'austérité, la marchandisation du savoir et les valeurs néolibérales.

L’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) souhaite que la manifestation de Montréal attire l’attention sur le caractère international des enjeux de l’éducation et témoigne de la solidarité du mouvement étudiant québécois avec les étudiants des autres pays.

« Ce contre quoi nous nous battons, c'est la marchandisation de l'éducation, c'est-à-dire l'arrimage de nos cerveaux aux impératifs de profit des entreprises », de déclarer Jérémie Bédard-Wien, porte-parole de l’ASSÉ.

Dans une perspective québécoise, l’ASSÉ s’est dite inquiète du budget déposé le 20 novembre par le gouvernement péquiste. «Le gouvernement Marois semble partager l'obsession du gouvernement Charest pour le déficit zéro et la tarification des services publics. »

Il a rappelé que l'objectif de l'association est d'obtenir la gratuité scolaire et qu’à ce titre, l’ASSÉ dénonce l’indexation des droits de scolarité qui se dessine à l’approche du Sommet sur l’enseignement supérieur.

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Aluminerie A.B.I : Moments cruciaux à Bécancour

Bécancour - La convention collective des quelque 900 employés syndiqués de l’Aluminerie A.B.I. de Bécancour arrivait à échéance jeudi soir, à minuit.

Au moment de publier ces lignes, on ne savait pas encore quelle serait l’issue des négociations entre le syndicat des travailleurs, affilié au Syndicat des Métallos (FTQ), et la direction de l’Aluminerie, propriété de Alcoa et de Rio Tinto Alcan. Rappelons que si aucune entente n’est conclue, une grève ou un lock-out pourrait être déclenché.

Mercredi, les travailleurs ont rejeté la dernière offre de l’employeur, estimant que les concessions exigées étaient trop importantes.

L’entreprise allègue que cette négociation est décisive pour demeurer concurrentielle, prévoyant que les coûts d’alimentation en électricité augmenteront annuellement de 100 millions $ d’ici trois ans.


Le président de la section locale 9700, Clément Masse, explique que les travailleurs ont déjà fait leur part.

« En 2009, nous avions accepté de faire des concessions, c’était en plein pendant la crise. Maintenant la crise est passée et on s’attendait à un retour d’ascenseur. L’aluminium est un secteur d’avenir où la demande devrait être au rendez-vous pendant les prochaines années. L’employeur ne tient pas compte des efforts qui ont été faits et ne répond pas aux principales revendications des travailleurs. »

Le dirigeant syndical indique que le syndicat est disposé à poursuivre les négociations. L’objectif n’étant pas « de faire la grève, mais d’avoir un bon contrat négocié ».

Le syndicat refuse toutefois de révéler les tenants des discussions et n’accorde aucune entrevue avant vendredi.

Dans une entrevue accordée plus tôt cette semaine au journal Le Nouvelliste, Clément Masse dit avoir suivi le lock-out de six mois à l'aluminerie de Rio Tinto Alcan à Alma. « On les a supportés grandement, mais la protection de l'emploi touche la plupart des syndicats par rapport à la sous-traitance et ce n'est pas unique à Bécancour ou Alma. »

Avec l’annonce de la fermeture définitive de la centrale Gentilly-2 (plus de 700 emplois), puis la fermeture de l’aluminerie Rio Tinto Alcan à Shawinigan d’ici à la fin de 2014 (400 emplois) et la fermeture de la machine no. 10 de l'usine Laurentide de Produits forestiers Résolu le 26 novembre prochain (11 emplois), on ne peut que constater l’accumulation de mauvaises nouvelles pour la région de la Mauricie et du Centre-du-Québec.

***Dernières nouvelles***
Pas de grève ou de lock-out avant le 27 novembre prochain, minuit.
Les parties ont convenu de respecter un délai additionnel de cinq jours sans possibilité de déclencher un conflit de travail afin de laisser une chance aux négociations.

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Coupures chez Hydro : le gouvernement choisit mal sa cible

Montréal - Le premier budget du gouvernement Marois, présenté mardi, annonce la suppression de 2 000 postes chez Hydro-Québec. Pour les quatre principaux syndicats d’Hydro-Québec, cette annonce témoigne d’un manque de vision du gouvernement et rate la cible des gains d’efficacité.

Marcin Kazmierczak, conseiller syndical et coordonnateur du secteur Énergie du SCFP-Québec (FTQ), indique que c’est surtout la façon dont le gouvernement présente les choses qui dérange. « Pourquoi annoncer des suppressions de postes? On aurait préféré que le gouvernement fixe une demande monétaire plutôt que de nous couper l’herbe sous le pied. »

Alors même que les syndicats dénoncent le recours accru à la sous-traitance qui coûte cher aux contribuables, l’annonce d’abolition de postes ne fera qu’aggraver le problème. « La sous-traitance engendre une perte d’expertise public et fait grimper les coûts. Il y aurait pourtant bien d’autres options pour économiser. Nous invitons le gouvernement à regarder le dossier dans sa globalité. »

Par exemple, la centrale thermique au gaz naturel de Bécancour de TransCanada Energy coûte 200 millions $ par année à Hydro-Québec pour demeurer fermée. Le syndicat vise aussi l'ensemble des achats d'électricité à des producteurs privés (Rio Tinto Alcan pendant le lock-out à Alma) alors qu'Hydro est en situation de surplus énergétiques, ce qui représente des pertes annuelles de centaines de millions $. À cela s’ajoutent les projets Système information clientèle (SIC) et Optimisation des systèmes clientèles (OSC), qui devaient coûter initialement 320 millions $et qui en coûteront plus d’un demi-milliard.

À noter que des 2 000 postes à couper, il faut inclure les récentes annonces de coupures liées à l’implantation des compteurs intelligents et de la fermeture de Gentilly-2. « Il en reste donc environ 500 pour lesquels on ne sait pas ce qui en est. »

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Ballons roses à l’hôtel de ville de Montréal

Montréal - Des centaines de fonctionnaires municipaux ont manifesté devant l’hôtel de ville de Montréal, lundi soir, pour rappeler au nouveau maire, Micheal Applebaum, que la Ville a une dette envers les travailleuses.

Armées de ballons rose, symbolisant l’équité salariale, les manifestant demandent au maire de ne pas « se dégonfler face à la Loi sur l’équité salariale ».

C’est que le Syndicat des fonctionnaires municipaux (SCFP 421 –FTQ) conteste l’interprétation de la Ville de la Loi sur l’équité salariale. La Ville soutient que les femmes en progression dans l’échelle salariale n'auront droit à l'équité que lorsqu'elles seront au maximum de leur classe. Le syndicat prétend que les correctifs doivent s'appliquer à toutes les personnes qui occupent ou ont occupé un emploi, et ce depuis le 21 novembre 2001.

« L'équité salariale a été réglée pour la majorité des femmes au Québec, c'est maintenant l'heure pour les travailleuses et les travailleurs de la Ville. Cela fait 11 ans que nous travaillons sur le dossier », d'indiquer Francine Bouliane, secrétaire générale du SFFM.

La Commission de l’équité salariale a remis à la ville, en septembre, un préavis favorable au syndicat. Un jugement final est attendu au cours des prochaines semaines.

Le SFFM s’insurge du fait que la ville ait détourné l’application de la loi de cette façon et demande une rencontre avec le maire le plus rapidement possible pour connaître sa position sur le dossier. Le SFFM souligne avoir déjà reçu l’appui de Vision Montréal et de Projet Montréal.

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Sous-traitance dans la fonction publique : le gouvernement détourne les règles

Québec - Le rapport annuel de la Commission de la fonction publique du Québec (CFP), rendu public cette semaine, conclut que le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale (MESS), la Régie du logement du Québec (RLQ) et le ministère des Transports du Québec (MTQ) contreviennent à la Loi sur la fonction publique en octroyant des contrats de service à l’entreprise privée.

C’est précisément ce que dénonce depuis longtemps le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ), prétendant que la sous-traitance engendre une hausse des coûts de la main-d’œuvre et crée une dépendance de l’État envers le secteur privé.

Au ministère des Transports, par exemple, 80% des contrats octroyés en sous-traitance sont dû à la pénurie de personnel. Dans le secteur informatique, les consultants et le personnel d'entreprises figurent dans les organigrammes officiels des ministères comme étant des membres de l'organisation.

Le rapport souligne que le recours à la sous-traitance est justifié, dans la majorité des cas, par le manque d'expertise, le gel d'embauche et la pénurie de main-d'œuvre dans certains secteurs d'activités, conséquence directe de la politique de non-remplacement d’un départ sur deux à la retraite.

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