À propos de la « méthode Toyota »

2012/11/30 | Par Jacques Fournier

L’auteur est organisateur communautaire retraité

Lire les documents de l’Association québécoise d’établissements de santé et de services sociaux (AQESSS) au sujet de l’ « optimisation » des services, c’est se plonger dans un univers merveilleux et aseptique où les pleurs et les hoquets des usagers n’ont pas leur place.

Selon l’AQESSS, la « méthode Toyota », de son vrai nom « lean manufacturing », a augmenté, entre autres, le temps de présence des intervenantes auprès des usagers à domicile.

Évidemment ! Les intervenantes transportent dorénavant leur portable chez l’usager pour y remplir leurs statistiques, passer les commandes de matériel, etc. au nez de l’usager (bonjour la présence de qualité), au lieu de faire ce travail technique au bureau. Certaines hausses artificielles, pour plaire au ministère, frisent-elles la fumisterie ?

Les syndicats ne sont pas contre la réorganisation du travail pour rendre les choses plus efficaces quand le contexte technique et clinique s’y prête.

C’est ainsi que la CSN, grâce à une démarche paritaire syndicat-employeur, a amélioré l’efficience aux soins intensifs de l’hôpital Ste-Justine et au bloc opératoire de Sacré-Coeur.

Mais dans le domaine éminemment imprévisible et diversifié des services sociaux, les actes ne sont pas aussi faciles à minuter et à gérer.

Et surtout, les administrateurs doivent, d’une part, accepter que leur droit de gérance n’est pas absolu et, d’autre part, tenir hautement compte des apports du personnel - et des syndicats qui le représente - dans la réorganisation des services.

Il est difficile de remettre en question les diktats de la fine fleur de la technocratie qui règne dans le réseau : elle est sûre d’avoir raison, malgré ce que constate le personnel sur le terrain. Leur modèle est sans faille : autrement, un peu d’oxygène et de lumière pourrait y pénétrer.