Brèves syndicales

2012/11/30 | Par Maude Messier

Syndicalisation des « McJobs » à NY

New York – Jeudi dernier, des centaines d’employés de restaurants « fast food » ont débrayé et manifesté dans les rues de New York pour dénoncer les mauvaises conditions de travail, les salaires de misère et les mesures de représailles à l’encontre des employés sympathiques à la syndicalisation.

C’était la première action d’une campagne lancée cette semaine, Fast Food Forward. Selon des experts américains des relations de travail, il s’agirait du plus gros effort de syndicalisation de restaurants « fast food » jamais entrepris aux États-Unis.

40 organisateurs ont été embauchés à temps plein avec pour objectif la syndicalisation de douzaines de restaurants à New York, rien de moins. Les chaînes McDonald’s, Wendy’s, Domino’s, Taco Bell, Burger King, PFK sont visées, de même que plusieurs autres.

L’industrie du « fast food » compte des dizaines de milliers d’employés à New York, qui gagnent à peine de quoi les maintenir au-dessus du seuil de la pauvreté. Leur salaire médian est de 18 000 $ US par année, soit 9 $ de l’heure. Fast Food Forward réclame des salaires décents, 15 $ de l’heure, et l’élimination des iniquités salariales.

Ce n’est pas un hasard si la Grosse Pomme a été choisie pour cette campagne. La ville a des racines syndicales importantes et les travailleurs sont reconnus pour être plutôt sympathiques aux syndicats, comme en témoignent les nombreux témoignages recueillis par le New York Times.

D’autres tentatives de syndicalisation de restaurants « fast food » ont été entreprises par le passé, mais sans grand succès. Les organisations syndicales ont dû faire face à différents obstacles, notamment les pratiques antisyndicales de certaines entreprises ainsi que le taux élevé de roulement du personnel qui complique considérablement l’organisation syndicale traditionnelle.

Cette fois, la campagne orchestrée par le Service Employees International Union (SEIU), également supportée par de nombreux groupes communautaires, groupes de défense des droits civils et groupes religieux, impressionne par son envergure et par ses stratégies d’organisations novatrices.

La bataille ne sera pas facile. Les chaînes d’alimentation rapide pourraient bien, elles aussi, faire preuve d’une grande « solidarité » pour contrer la syndicalisation et empêcher cette initiative de faire boule de neige ailleurs au pays.

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Grève en vue à la BAnQ

Montréal – Les quelque 450 employés de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) se sont majoritairement prononcés en faveur de six journées de grève à exercer au moment jugé opportun, souhaitant ainsi accentuer la pression sur leur employeur.

La convention collective est échue depuis un an et les négociations sont au point mort malgré la présence d’un conciliateur au dossier.

Le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) estime avoir fait sa part de concessions. Les négociations achoppent principalement sur les questions salariales et les conditions de travail des employés surnuméraires.

« L’employeur a proposé des augmentations salariales de 0,5 % pour les deux premières années et de 1 % pour la troisième année. Les efforts consentis par la partie patronale pour en venir à une entente sont insuffisants », indique Christian Daigle, vice-président du SFPQ. Le SFPQ précise que ces offres sont en deçà des conditions salariales en vigueur pour l’ensemble de la fonction publique.

Le climat des relations de travail est tendu à l’interne, particulièrement depuis la demi-journée de grève qui s’est tenue le 30 octobre dernier. Selon nos informations, certains employés soutiennent que l’employeur exerce même une surveillance accrue des informations échangées sur les réseaux sociaux par les employés.

Aucune rencontre de négociation n’est prévue pour le moment. Le SFPQ souhaite que le conciliateur rappelle les parties à la table rapidement.

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Aluminerie A.B.I. : rencontre avec la haute direction à Pittsburgh

Bécancour - Les négociations à l’Aluminerie A.B.I. de Bécancour pourraient prendre une nouvelle direction : la section locale 9700 du Syndicat des Métallos rencontrera la haute direction d'Alcoa, à Pittsburgh, lundi prochain.

Au terme de cinq jours de discussions intensives, la partie syndicale a sollicité cette rencontre, estimant être allée au bout des négociations possibles avec la direction locale de l’usine.

« Dans un ultime effort pour éviter un conflit, nous demandons maintenant la possibilité de livrer notre message à la haute direction d'Alcoa », de déclarer le président de la section locale 9700, Clément Masse. Aucun autre commentaire ne sera émis sur cette rencontre, « pour laisser la place à la négociation ».

L’aluminerie est la propriété d’Alcoa (74,95 %) et de Rio Tinto Alcan (25,05 %).

Rappelons que les quelque 900 travailleurs syndiqués de l’aluminerie ont voté, le 21 novembre dernier, en faveur d’une grève à exercer au moment jugé opportun. Ils ont alors rejeté la dernière offre patronale, estimant les concessions exigées trop importantes.

Puis les parties ont convenu d’une trêve de cinq jours, sans déclenchement de grève ou de lock-out possible, pour la tenue d’un blitz de négociations. Depuis mercredi, les parties ont retrouvé leur droit de déclencher un conflit de travail.

Depuis la grève qui a duré plus de quatre mois en 2004, les relations de travail sont ponctuées d’épisodes difficiles à l’aluminerie de Bécancour. Rappelons que les travailleurs ont fait des concessions importantes en 2009, notamment une réduction de 15% des heures travaillées après que l’employeur eut menacé de fermer une série de cuves, ce qui aurait entrainé la perte de 275 emplois.

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Chantier La Romaine : des emplois pour la Minganie

Havre-Saint-Pierre – De passage sur la Côte-Nord samedi dernier, la ministre des Ressources naturelle, Martine Ouellet, a annoncé que le centre de service du complexe La Romaine serait finalement établit à Havre-Saint-Pierre, mettant ainsi fin à une saga qui dure depuis plus d’un an.

Initialement, Hydro-Québec prévoyait installer le centre à La Romaine 1, soit à 48 km de la municipalité de Havre-Saint-Pierre, dans une zone complète isolée, non urbanisée, où aucune communication téléphonique n’est possible.

« Ça ne se compare pas aux zones urbanisées comme Beauharnois, par exemple, où tu as le choix de t’établir près de la centrale ou pas. Ici, ça signifiait que les travailleurs devaient faire 100 km par jour, à leurs frais, à leurs risques, sans avoir le choix… il n’y en a pas de développement urbain là », d’expliquer Bertrand Méthot, représentant régional de la FTQ, en entrevue à l’aut’journal.

110 emplois seront créés par la mise en place du centre de service : électriciens, techniciens, mécaniciens, entretien, personnel administratif, etc.

M. Méthot précise que les démarches auprès d’Hydro-Québec ont été multipliées notamment par le Conseil régional FTQ, les maires de la région, des représentants de la MRC, les gens d’affaires de la Minganie et ultimement, la population.

Après deux refus de la part d’Hydro-Québec et des discussions avec les deux gouvernements successifs qui n’avaient mené jusque-là à aucune entente, la communauté s’est mobilisée et a exercé un blocus de près de 30 heures, bloquant l’accès au chantier de La Romaine. Leur détermination et leurs arguments ont finalement été entendus.

« Hydro-Québec ne peut pas développer un projet de 7 milliards $ sans que les travailleurs, la population et les entreprises locales en tirent des bénéfices. Ça n’a pas de bon sens. Parce que là, c’est surtout les grosses entreprises qui en tirent des bénéfices. »

Mais les travailleurs ne devront-ils pas prendre la route pour aller travailler au complexe La Romaine de toute façon? « Oui, mais sous la responsabilité d’Hydro-Québec et pas à leurs frais. Au Havre, ce sera le point central. Comme ça se fait d’ailleurs partout au Québec, comme pour le complexe de Baie-Comeau par exemple. Il n’y avait pas de raison valable pour que ce soit différent ici. »

Il ajoute que le gouvernement et Hydro-Québec se sont engagés par écrit à ce qu’il n’y ait pas de « fly in/fly out ». Autrement dit, pas de travailleurs de l’extérieur; ce seront des emplois locaux, pour les travailleurs de la région.

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Péripéties autour de la privatisation de la collecte des ordures à Québec 

Québec – Le Syndicat des cols bleus de Québec (SCFP –FTQ) et la Ville de Québec n’arrivant pas à s’entendre, c’est un arbitre qui établira les compensations pour les préjudices subis par les cols bleus dans le dossier de la privatisation de la collecte des ordures.

Rappelons que le 9 octobre dernier, Me Denis Gagnon, arbitre du travail, donnait raison aux employés cols bleus et concluait que « l'employeur n'a pas respecté son engagement de maintenir la quantité de travaux effectués par les employés, qui a diminué en raison de l'octroi de contrats à forfait aux matières résiduelles ».

Le Syndicat des cols bleus estime que la perte de volume de travail pour la période 2009-2011, représente environ 5 millions $, ce que réfute la Ville de Québec. Le litige se retrouve donc à nouveau en procédure d’arbitrage.

Or, les cols bleus déposent un nouveau grief concernant les travaux confiés à la sous-traitance, pour la période du 1er juin 2011 au 31 mai 2012, soit la période suivant celle concernée par la décision de Me Gagnon.

Bien que la collecte des ordures ait déclenché la cascade de contestations par les cols bleus, la sous-contraction touche également d’autres secteurs, notamment l’horticulture et l’entretien ménager des édifices, selon le SCFP.

Les quelque 1350 cols bleus de la Québec sont sans contrat de travail depuis le 31 décembre 2010. Alors qu’ils n’avaient pas exercé leur droit de grève depuis plus de 25 ans, ils sont en grève légale des heures supplémentaires depuis le 24 mai dernier.

Un blitz de négociations de cinq jours a été entamé ce mercredi. Ces pourparlers intensifs seront suivis de trois autres rencontres, soit les 12, 17 et 18 décembre. Les négociations ne seront pas terminées avant Noël selon le négociateur syndical du SCFP, Eddy Jomphe, mais il indique néanmoins que « ces journées intensives vont permettre de nombreuses discussions et d'avancer sur plusieurs sujets. »