Accessibilité aux études supérieures

2012/12/11 | Par IREC

Dans une note d’intervention de l’IRÉC publiée aujourd’hui à quelques jours de la deuxième rencontre gouvernementale avant le Sommet sur l’enseignement supérieur, le chercheur Pierre Avignon recentre le débat sur l’accessibilité aux études supérieures en montrant qu’il faut tenir compte d’autres facteurs que la nécessaire baisse des frais de scolarité pour favoriser l’égalité des chances d’accéder à l’université.

Il propose des pistes de solution pour inverser une tendance forte. « Le système d’éducation québécois a connu un certain épuisement après les transformations et les investissements majeurs des années 1960 et 1970.

À titre d’exemple, malgré une augmentation très importante des effectifs à l’enseignement supérieur, la proportion des enfants d’ouvriers parmi l’ensemble des étudiants et des étudiantes n’a que très faiblement augmenté, variant de 27 % à 29 % entre 1960 et 1991 », a expliqué Pierre Avignon.

Ce dernier a précisé que l’accessibilité ne doit pas être comprise comme étant la simple augmentation du nombre d’inscriptions. « Elle doit s’inscrire, dit-il, dans un véritable processus de démocratisation pour l’égalité des chances afin qu’il y ait une juste représentation des différents groupes sociaux au sein de la population étudiante.

L’échec scolaire, comme la maladie, ne touche pas les individus indépendamment de leurs conditions sociales. De ce point de vue, malgré des avancées indéniables, l’accès à l’éducation demeure inégal selon l’origine sociale, la langue et le genre de la population étudiante. En fait, les efforts pour une meilleure accessibilité ont été accompagnés d’une démocratisation qualitative un peu trop tranquille ».

L’étude constate qu’une surreprésentation universitaire de la population anglophone par rapport à son importance dans la société n’a pas complètement disparu même si l’écart s’est réduit, que les jeunes femmes continuent d’être sous-représentées dans les études doctorales et qu’elles ont tendance à être surreprésentées dans certaines filières - tout en notant qu’elles sont maintenant plus présentes que les hommes à l’enseignement postsecondaire et que les jeunes issus de familles moins bien nanties n’ont pas accès aux études supérieures dans la même proportion que ceux issus de milieux plus favorisés.

Au début des années 2000, les enfants de cols bleus ne sont que 25 % à accéder à l’université contre près de 60 % pour les enfants de professionnels. D’autres données permettent également de rappeler que les enfants, dont les parents ont fréquenté l’université, ont trois fois plus de chance de la fréquenter que les autres. En outre, ceux et celles dont les parents gagnent plus 75 000 $ ont deux fois plus de chance de poursuivre des études universitaires.


Revoir la perspective

Selon le chercheur, l’accès plus démocratique à l’université devra être pensé en amont. C’est pourquoi, il propose de revoir les mécanismes de sélection et de classement, de favoriser le curriculum commun le plus long possible plutôt que de diviser en filières dès le secondaire, de renforcer les services éducatifs à la petite enfance, d’offrir des projets particuliers dans l’ensemble des écoles secondaires du Québec, de stabiliser l’offre de formation notamment pour les CÉGEPS et de mettre fin au financement public des écoles et des collèges privés. « C’est par l’introduction de telles mesures que l’on peut espérer contrer l’élimination par la sélection de jeunes issus majoritairement de milieux moins favorisés », a conclu Pierre Avignon.

On peut télécharger la note d’intervention no 23 L’accessibilité aux études supérieures au Québec : des réformes à compléter sur le site de l’IRÉC à www.irec.net