L’aut’revue de presse

2012/12/21 | Par Pierre Dubuc

La famille Desmarais a fait son choix : Raymond Bachand

Si l’on en croit l’article de Denis Lessard de La Presse (Dons aux candidats à la direction du PLQ : Des avocats sortent leur chéquier), la famille Desmarais a fait son choix dans la course à la chefferie du Parti Libéral du Québec : Raymond Bachand.

Selon Lessard, « André Desmarais, Robert Gratton et Edward Johnson, de Power Corporation, ont tous trois donné 1 000 $ à M. Bachand. John Rae et Peter Kruyt, aussi de Power, ont fait de même avec respectivement 500$ et 700 $ ».

Rappelons que 1 000 $ est le montant maximum autorisé par la loi.

De toute évidence, la famille Desmarais n’a pas pardonné à Philippe Couillard d’avoir favorisé la construction du CHUM au centre-ville, alors que le choix des Desmarais était la cour de triage d’Outremont.

Dans une course à la chefferie, on peut appuyer un candidat, mais on peut aussi tout mettre en œuvre pour nuire à un autre candidat.

Dans cette perspective, il faut lire attentivement la série d’articles de La Presse sur le Dr Arthur Porter, l’ancien directeur général du Centre universitaire de santé McGill. (CUSM).

Dans l’édition du 19 décembre, le journaliste Vincent Larouche cite le ministre de la santé Réjean Hébert qui demande des comptes à Couillard sur ses liens avec Porter : « Ça m’étonne qu’on ne demande pas de comptes à Philippe Couillard. Je crois qu’on devrait lui poser des questions sérieuses sur ses relations avec le Dr Porter à cette époque-là ».

La Presse rappelle qu’« après avoir quitté la politique, en 2008, M. Couillard est resté lié à Arthur Porter. Les deux hommes se sont impliqués dans une entreprise minière, Canadian Royalties. Ils ont siégé au Comité de surveillance des activités du renseignement, organisme fédéral chargé de surveiller les services secrets canadiens. Ils avaient aussi fondé ensemble une entreprise de consultants qui n’a finalement jamais décollé.

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The Economist et la survie du gouvernement Marois

Selon les bruits qui nous parviennent des officines du Parti Québécois, le gouvernement a établi sa stratégie sur la base d’un mandat d’une durée de 18 à 24 mois.

The Economist évoque un autre calendrier. Dans la page consacrée au Canada dans son supplément The World in 2013, le magazine britannique y va d’un entrefilet sur le Québec qui se lit comme suit : « Hopes of Quebec’s separatist prove short-lived with the collapse of the Parti Québécois’s minorité government there ».

Un simple souhait… ou une prédiction ?!

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À surveiller en 2013 : les oléoducs à travers le Québec

Dans son édition du 20 décembre 2012, le Globe and Mail fait sa manchette avec le mauvais état des finances publiques de l’Alberta. La richissime province est victime de la chute du prix des matières premières, particulièrement du gaz naturel et du pétrole. La province tire le quart de ses revenus des redevances des produits énergétiques.

Une des principales causes identifiées est l’obligation pour la province d’exporter son pétrole vers les États-Unis, où les prix sont inférieurs de 20 à 30% aux prix mondiaux.

Dernièrement, la banque Nomura évaluait à 2,5 milliards $, les recettes mensuelles dont le Canada était privé à cause de l’absence d’oléoducs pour acheminer le pétrole vers les lucratifs marchés asiatiques (Le Devoir, 13 décembre).

Des projets d’oléoducs existent, comme le Northern Gateway vers le port de Kitimat, mais les délais de construction seront longs, si jamais on parvient à vaincre l’opposition des Autochtones, des environnementalistes et des principaux partis politiques de la Colombie-Britannique.

Dans ce contexte, la possibilité de faire transiter du pétrole par les oléoducs existants devient particulièrement intéressante.

D’où le projet d’inverser le flux dans l’oléoduc Sarnia-Montréal et dans celui de Montréal-Sarnia.

Sachant qu’un tel projet suscitera une vive protestation des environnementalistes, les pétrolières et leurs haut-parleurs dans les médias appliquent la technique du saucisson.

Le projet est découpé en sections. Pour le moment, on ne parle que de la section Sarnia-Montréal, faisant valoir qu’il est plus économique et écologique d’importer du pétrole de l’Alberta par oléoduc que de l’Algérie ou de la Mer du Nord par bateau.

Mais on omet sciemment de parler du tronçon qui alimente présentement Montréal à partir de Portland.

Pourtant, pas besoin d’un doctorat en génie civil ou en économie pour comprendre que l’industrie ne laissera pas inutilisé l’oléoduc Montréal-Portland.

Montréal est un petit marché pour les pétrolières de l’Ouest. Montréal ne représente qu’une étape dans leur plan. Leur véritable objectif est de faire transiter le pétrole par le Québec pour rejoindre les marchés asiatiques.

Les promoteurs de ces projets écartent d’emblée tout droit de regard du Québec dans ce dossier. André Pratte de La Presse écrivait en éditorial « Le projet de renverser le flot de l'oléoduc 9B, entre l'Ontario et Montréal, ne relève pas des gouvernements des provinces, mais de la société propriétaire du pipeline, Enbridge, et de l'Office national de l'énergie » (L’autoroute du pétrole, La Presse, 24 novembre 2012).

Faut-il rappeler que le journal La Presse est propriété de Power Corporation qui est le principal actionnaire de la pétrolière Total qui prévoit des investissements de plusieurs milliards de dollars dans les sables bitumineux de l’Alberta?!

Le ministre Daniel Breton avait déclaré à propos de ce projet : « Aujourd'hui, c'est le 50e anniversaire de la nationalisation de l'électricité. C'est important de tenir compte de ça parce que je vois ce que les Albertains veulent faire de leur pétrole, de l'amener sur notre territoire, sans notre consentement. Est-ce qu'on est maîtres chez nous ou pas maîtres chez nous? »

Sa déclaration a déclenché la campagne que l’on sait et l’industrie a eu sa tête. À surveiller maintenant ce que fera son remplaçant le ministre François-Yves Blanchet qui promet, lui aussi, que son gouvernement affirmera son autorité sur le territoire du Québec.