Retour sur 2012, perspectives pour 2013

2012/12/21 | Par Sylvain Martin

L’année s’achève et le temps des Fêtes se veut une période de joie, de festivités, de retrouvailles et également un temps d’arrêt pour réfléchir aux mois passés et ceux à venir.



Ce que nous avons vécu chez les TCA-Québec

Depuis mon élection au poste de directeur québécois, beaucoup d’événements sont survenus que j’aimerais commenter.

Cependant, avant toute chose, je tiens à souligner le travail de toute l’équipe des représentants, du personnel administratif et de nos représentants dans chaque unité de négociation.

Tous travaillent chaque jour pour améliorer la vie des gens qui les entourent en négociant de meilleures conditions de travail et en faisant du syndicalisme social leur choix de syndicalisme parce qu’ils sont convaincus que leur travail ne doit pas se limiter au seul lieu de travail.

L’événement majeur de 2012 est sans aucun doute la décision des membres des TCA et du SCEP d’aller de l’avant avec la création d’un nouveau syndicat. Six groupes de travail sont déjà à l’œuvre afin de préparer le Congrès de fondation qui aura lieu la fin de semaine de la fête du Travail en 2013.

Au dernier Conseil québécois, nous avons collectivement décidé d’appuyer trois énoncés politiques qui ont comme but la création et le maintien de bons emplois au Québec, parce que nous sommes tous conscients que le maintien de nos programmes sociaux passe par un niveau élevé de tels emplois.

Nous avons également choisi de présenter ces trois énoncés politiques d’abord à nos membres et, par la suite, aux représentants politiques parce que nous sommes convaincus que nos membres doivent faire partie du processus.


Ce que nous avons vécu en politique provinciale

L’élection du 4 septembre a porté au pouvoir le Parti Québécois, mais « très minoritaire » avec une majorité de seulement quatre députés. Cette élection constitue également une date marquante de l’histoire du Québec avec l’élection de la première femme première ministre, assombrie toutefois par le premier attentat politique contre un chef d’État québécois. Un événement traité par l’ensemble des médias comme un vulgaire fait divers. Il faut s’en désoler.

Un mot revient sur les lèvres de tous ceux qui ont analysé les cent premiers jours du PQ au pouvoir : déception. Déception à cause du recul sur la taxe santé, déception à propos d’un budget élaboré pour faire plaisir aux agences de notation, déception face à une gouvernance improvisée.

Cependant, je suis d’avis qu’il faudrait comparer les cent premiers jours du gouvernement Marois aux cent premiers jours du gouvernement Charest en 2003.

Tout le monde devrait se souvenir du fameux « Nous sommes prêts » et de la « Réingénierie de l’État ». Qui ne se rappelle pas d’avoir participé à au moins une des nombreuses manifestations organisées par les centrales syndicales et les groupes sociaux, jusqu’à ultimement bloquer les ports et les grandes routes du Québec. Tout un contraste avec les cent premiers jours du PQ.


Ce que nous avons vécu en politique fédérale

On est toujours surpris de voir à quel point un gouvernement peut détester sa population. La liste serait longue des groupes auxquels le gouvernement Harper s’en est pris. Mentionnons seulement les femmes, les chômeurs et les syndiqués avec la réouverture du débat sur l’avortement, la réforme de l’assurance-emploi et le projet de loi C-377 sur la « transparence syndicale ».

Avec le gouvernement Harper, l’économie est roi et maître, nous dit-on. Ce qu’on ne dit pas, c’est que ce roi c’est l’économie du libre marché en fonction des intérêts des plus puissants. Avec la signature, entre autres, de nombreux traités de libre-échange adoptés à la sauvette.

Ce qu’on ne dit pas, c’est qu’une autre économie est possible. Une économie axée sur les besoins de la population, une économie qui respecte l’environnement et le développement durable.

De façon insidieuse, un petit pas à la fois, Harper est en train de faire du Canada un paradis pour la droite. Quand le ministre conservateur Maxime Bernier qualifie de « grand jour pour le Canada l’adoption du projet de loi C-377 », qui constitue le premier pas vers l’élimination des syndicats au Canada, on comprend que le gouvernement Harper déteste vraiment les travailleurs!



Que peut-on se souhaiter pour l’avenir au plan politique?

Je dirais un gouvernement pour les citoyens. Cela semble une évidence. Mais le long règne de gouvernements à la solde du patronat et le pouvoir des médias rendent la tâche difficile à tout gouvernement qui ose aller contre les diktats de la droite. Le Parti Québécois en est la preuve.

À Ottawa, il faut se débarrasser du gouvernement Harper. Malheureusement, les élections n’auront lieu qu’en 2015 et il ne faut pas sous-estimer l’appui de certaines couches de la population à ce gouvernement.

Dans cette perspective de changement de gouvernement, je pense que les centrales syndicales et les groupes de défense des travailleurs devraient se concerter et mettre l’énergie nécessaire pour donner une voix et un visage aux victimes des politiques du gouvernement Harper.

Il faut sortir de l’anonymat et donner la parole aux travailleurs qui perdront leur emploi à cause des accords de libre-échange et qui basculeront dans la pauvreté par suite des réformes de l’assurance-emploi.

Nous devons aller voir les députés conservateurs dans leur bureau pour leur demander des comptes sur les effets de leurs politiques. J’aimerais bien voir une délégation des premières victimes de la réforme de l’assurance-emploi se rendre au bureau de comté de Maxime Bernier pour lui demander s’il trouve que c’est « un grand jour pour le Canada » que de voir ces travailleurs sans emploi et sans accès à l’assurance-emploi. De façon respectueuse, nous pourrions également aller sur les places publiques de son comté avec la même délégation et informer ses électeurs des conséquences des lois appuyées par leur député.

De telles actions seraient une excellente façon de combattre le cynisme, dont la principale conséquence est de conduire une bonne partie de la population à l’inaction.

Car la pire chose à faire serait d’abandonner la lutte, de laisser toute la place à la droite, avec ce que cela signifie : davantage d’individualisme, plus d’iniquités sociales, de privatisations et de dérèglementations. Une société où l’économie du libre marché est roi et maître.




Que peut-on se souhaiter pour l’avenir?

À première vue, je serais tenté de dire continuer à faire ce que nous faisons. Quand je regarde tout le travail effectué par l’ensemble des leaders chez les TCA, ceux que j’appelle « ma gang », il est difficile de penser faire plus.

En 2013, nous devrions continuer à faire du syndicalisme social comme nous le faisons, en dénonçant les injustices et les iniquités, en réclamant une meilleure répartition de la richesse et en jouant notre rôle d’agent de changement social. La routine habituelle quoi!

La seule chose que nous devrions faire différemment, c’est de dire ce que nous faisons, le dire à nos membres, le publiciser par tous les moyens et, surtout, le faire sortir de nos rangs.

Il faut que la population sache ce qu’un syndicaliste fait de ses journées et montrer que nous le faisons collectivement. À mon point de vue, une des meilleures armes de la droite, c’est notre relatif anonymat.

La droite présente à la population un portrait biaisé et déformé de ce que nous sommes. À nous de faire savoir ce que nous sommes et ce que nous faisons réellement.

Ce sera là une des tâches, parmi tant d’autres, du nouveau syndicat que nous mettrons sur pied l’automne prochain.

Sa création doit être un succès. La tâche est immense, à la mesure de son importance pour le mouvement syndical canadien et québécois et, en fin de compte, pour nos membres. Sans prétention, nous pouvons affirmer que nous sommes à écrire l’histoire syndicale.


Sylvain Martin
Directeur québécois des TCA