Impasse chez MAPEI à Laval

2013/01/17 | Par Maude Messier

L’année commence comme elle s’est conclue pour les 155 travailleurs de l’usine MAPEI à Laval. Sans contrat de travail depuis décembre 2011, et en grève depuis le 4 mai dernier, il semble que la situation n’est pas près de changer et que les négociations sont toujours au point mort.

Ce mercredi, des syndiqués de la CSN également en conflit de travail sont venus appuyer les grévistes de Laval dans leur lutte. La manifestation a réuni, devant les bureaux du fabricant de colles et de produits chimiques, quelque 200 personnes.

En décembre, un article de l’aut’journal faisait le portrait de ce conflit de travail, expliquant comment les relations de travail, déjà tendues avant même le début des négociations, se sont envenimées et comment ce litige s’est refermé hermétiquement sur une guerre de pouvoirs.

Le président du Syndicat des salariés des produits de céramique et autres-CSN, Éric Caron, soutenait alors que l’escalade des pratiques antisyndicales de MAPEI était une forme de représailles envers le syndicat pour avoir déclencher la grève.

« C’est clair qu’ils nous essaient. Nous sommes tous nouveaux sur l’exécutif; l’ancien président et l’ancien trésorier étaient là depuis 20 ans », soutenait-il.

À ce stade des négociations, ce ne sont pas les salaires ni les avantages sociaux qui sont au cœur du litige, mais bien la question de l’ancienneté, déclinée sous différentes formes : flexibilité de la main-d’œuvre, droit de rappel, etc. Rappelons que le syndicat a déjà abandonné la plupart de ses demandes initiales sur le normatif et fait plusieurs concessions.

Joint par l’aut’journal mardi, Éric Caron estime que c’est maintenant à l’employeur de faire son bout de chemin, « négocier, ça se fait à deux. Il ne peut pas tout avoir. »

Dans un ultime effort pour arriver à conclure une entente avant Noël et mettre fin à une grève de huit mois qui n’aurait jamais dû s’éterniser à ce point, les parties se sont rencontrées pendant trois jours à la mi-décembre, en vain.

« Nous, on voulait continuer de négocier, mais eux, ils ne voulaient rien savoir. Ils ont dit qu’ils ne se présenteraient pas et que s’ils y étaient contraints par le conciliateur, ils enverraient les ressources humaines. »

M. Caron explique qu’aucune rencontre n’est à l’ordre du jour pour l’instant et que cette manifestation vise justement à mettre de la pression sur l’employeur qui refuse de poursuivre les négociations sans qu’un vote ne soit tenu par les travailleurs sur ses dernières offres.

« Il n’y a eu aucune avancée pendant les dernières rencontres. Cette offre est similaire à celle qui a été rejetée dans une proportion de 84% le 19 octobre dernier. Il n’y a rien qui a bougé sur l’ancienneté, presque rien au niveau du monétaire et, en plus, ils coupent dans les libérations syndicales. Ce ne sont que des pacotilles. Nous, on ne retournera pas devant nos membres pour présenter ça, on a un mandat pour travailler sur de nouveaux textes. »

La direction de MAPEI a déposé une requête à la Commission des relations du travail pour forcer la tenue d’un vote sur ces offres. Le syndicat a déposé, quant à lui, une plainte de négociation de mauvaise foi devant la CRT.

Pour le dirigeant syndical, cela fait montre du manque de respect et du mépris de l’entreprise envers ses employés. « Je n’ai pas de problème avec le résultat d’un tel vote, je suis plus que confiant, il sera même plus fort. Notre monde connaît les enjeux et la question de l’ancienneté est non négociable. Notre mandat était de revenir seulement avec de nouvelles offres et ce n’est pas le cas. C’est une autre tactique pour gagner du temps et étirer le conflit. »

Il explique que les demandes de l’employeur relatives à la flexibilité se résument, à toutes fins pratiques, à pouvoir déplacer la main-d’œuvre à sa guise, avec un droit de gérance comme s’il n’y avait pas de syndicat. « Nos travailleurs ne veulent rien savoir de ça. On a fait notre bout de chemin, mais ça, ce n’est pas négociable. »