Kimiq.com

2013/01/24 | Par Julien Beauregard

Avant l’inauguration du studio Ubisoft Montréal, ceux qui envisageaient une carrière dans le domaine du jeu vidéo devaient nécessairement s’expatrier vers des lieux comme le mythique Silicon Valley.

L’arrivée d’Ubisoft dans les années 90 a changé la donne. Depuis lors, Silicon Valley n’est plus le pôle d’attraction des technologies de pointe qu’il était. Par contre, Montréal a attiré dans son bassin d’autres industries du jeu vidéo comme Eidos et Electronic Arts. Cela a favorisé la création de PME sous-traitantes qui ont permis à différents types de créateur de vivre de leur art.

L’industrie du jeu vidéo emploie bien sûr des programmeurs, mais elle donne aussi des opportunités d’emploi à des métiers dont le gagne-pain est généralement moins généreux comme des comédiens, des musiciens, des chanteurs et des artistes visuels.

Le Studio Lounak fait partie de ces PME qui ont émergé grâce à l’industrie du jeu vidéo. Elle se présente comme un regroupement d’artistes indépendants qui offrent des services liés au domaine de l’image. Elle a créé, entre autre chose, des bandes dessinées pour le compte d’Ubisoft , Megabrand et Radio-Canada.

Le volet de la bande dessinée du Studio Lounak s’est ouvert davantage le 27 août 2012, date où il inaugura le portail de diffusion en ligne Kimiq.com.

Kimiq semble être inspiré du magazine hebdomadaire nippon Shonen Jump qui diffuse des planches de BD à la manière des romans-feuilletons, à la différence près qu’il le fait sur une base quotidienne.

La bande dessinée en ligne est en vogue aux États-Unis (que l’on connait sous le vocable «webcomic») mais ne connaissait pas son pareil au Québec.

À tous les jours, le site diffuse une nouvelle planche de l’une des séries qui y ont cours. Il s’agit de Dominique de Yan Mongrain, Jésus en pantalon de singe dans l’espace de Michel Lacombe, Purgatoire de Cécile Brosseau et Yves Rodier, Far out de Gautier Langevin et Olivier Carpentier, L’abominable Charles Christopher de Karl Kerschl, Castro de Gautier Langevin et Thomas Gibault, Dominique de Yan Mongrain et Rivière d’ombre d’Yvon Roy.

Les bédéistes ont des parcours différents. Parmi eux, Yvon Roy dessine des caricatures pour le Huffington Post et le Voir, Michel Lacombe a fait ses marques chez les grands comme Marvel comics, DC comics et Dark Horse comics et Cécile Brosseau a publié au éditions Soleil.

Selon le chef de projet Gautier Langevin, Kimiq se veut un éditeur de bande dessinée. Qui dit éditeur, dit ligne éditoriale. N’est pas diffusé qui le veut sur le site internet. Le site entend respecter une certaine qualité de produit afin de vendre éventuellement des albums en format imprimé.

D’ici là, les auteurs rentabilisent leurs produits grâce aux produits dérivés. La boutique en ligne Totem Collection (www.totemcollection.com) vend différents types vêtements, sacs et affiches portant les images crées par certains artistes de chez Kimiq. D’autres créateurs comme Tripp et Loisel (à qui on doit Magasin général) y voient également leurs œuvres reproduites.

Pour ceux qui se posent la question de la signification de «Kimiq» ou de «Lounak», les mots semblent venir de l’attikamekw ou de l’innu. Une brève recherche sur internet a permis de constater que «Kimiq» voudrait dire «chien». L’origine de «Lounak» est toutefois incertaine.

Espérons que cet artisanat de totems et de chiens puisse mener à implanter toujours davantage une littérature de l’image issue d’Europe et métissée d’une façon proprement québécoise en terre d’Amérique.