Notre position sur la question des frais de scolarité

2013/01/29 | Par Têtes blanches carré rouge

Qui sommes-nous?

Nous sommes de divers horizons politiques, culturels et professionnels. Nous avons en commun l’âge et une certaine vision du monde et de la société québécoise à laquelle nous avons contribué de diverses façons dans les dernières décennies.

En militant au sein de syndicats, de groupes populaires ou communautaires, d’organismes de défense de droits, de coalitions, nous avons été partie prenante des luttes liées aux droits des femmes, des peuples autochtones, des personnes réfugiées et immigrantes, à l’environnement, à l’élimination de la pauvreté, contre la privatisation des services publics, contre la mondialisation néolibérale et à tant d’autres causes conjoncturelles. D’où notre refus net d’emboîter le pas au démantèlement et à la liquidation de cet héritage.

Dès le début, nous nous sommes senti-e-s interpellé-e-s par la lutte étudiante et nous avons appuyé jour après jour cette grève historique parce qu’elle constituait un rappel et un appel à faire du droit à l’éducation un des fondements de notre société.

Nous voulons apporter notre contribution au débat en cours en tant qu’aîné-e-s solidaires des étudiantes et des étudiants et en tant que citoyennes et citoyens préoccupés par le sort des générations à venir.



Notre position:

Nous affirmons, d’entrée de jeu, que l’éducation devrait être « gratuite » de la petite enfance à l’université, non seulement au Québec, mais dans toutes les sociétés du monde. C’est la position que nous entendons défendre au sein de la société québécoise, avant, pendant et après consultations et Sommet sur l’enseignement supérieur. Nous savons en effet que cette lutte sera longue, mais qu’il serait irresponsable de ne pas poursuivre dans cette voie hélas trop peu fréquentée que nous ont indiquée une large portion du mouvement étudiant.

Soulignons par ailleurs que la formulation de « gratuité » scolaire que nous utilisons ici ne nous satisfait pas. En effet, cette formulation laisse entendre que l’éducation serait un bien de consommation comme un autre, et « gratis », alors que justement nous contestons cette perspective marchande, consumériste et individualiste. Nous concevons l’éducation comme un droit à faire appliquer maintenant, comme service public auquel tous et toutes devraient avoir accès.

Le mot « gratuité » donne l’impression que personne ne paie rien et que les étudiant-e-s ne font pas « leur juste part »... Or, l’éducation gratuite suppose des ressources financières importantes, mais dont le coût est assumé, au nom d’une solidarité sociale consentie par le biais d’une fiscalité que nous voulons la plus juste et équitable. Ainsi, chaque citoyen et chaque citoyenne contribuent selon ses moyens. Nous préférons donc, dans la mesure du possible parler d’abolition de frais de scolarité ou alors d’accès libre, voire massif, à l’enseignement supérieur, même si l’association entre gratuité et éducation semble devenue inévitable.


Quelques éléments d’histoire:

Forcément, pour nous, il faut resituer la problématique dans une perspective historique. Plusieurs d’entre nous ont connu/vécu le temps où, au Québec, l’accès à l’enseignement supérieur par la voie des collèges « classiques » était le privilège d’une infime minorité. D’une part, les coûts étaient prohibitifs et représentaient pour la très grande majorité des familles des sacrifices que peu pouvaient se permettre.

D’autre part, le système d’éducation sous l’autorité de l’Église était à son image : patriarcal et sexiste. Dans les meilleures années, le nombre de ces institutions réservées aux filles se comptait sur les doigts d’une main. D’autre part, visant clairement la reproduction du système social canadien-français, plusieurs d’entre nous se rappelleront que dans le cadre des « visites paroissiales » le curé informait ses ouailles des garçons qui, triés sur le volet par ses bons soins, auraient la chance de poursuivre des études dans un collège de sa communauté pour devenir... prêtre, ou alors avocat, notaire ou médecin!

Sur ce plan, leur dépendance financière à l’égard de l’Église ne laissait que peu de choix aux « élus ». Société distincte à cette époque, les francophones d’Amérique étaient donc nettement défavorisés sur le plan de l’accessibilité à l’enseignement supérieur et sur son orientation, avec les conséquences que l’on sait : un peuple de « porteurs d’eau et de scieurs de bois nés pour un p’tit pain » dominé par une élite cléricale et une petite bourgeoisie professionnelle.

Sur le plan de l’éducation, le Père Georges-Henri Lévesque contribuera à ébranler cet édifice quasiment bicentenaire en créant en 1938 la faculté des sciences sociales de l’Université Laval où s’enseigneront, entre autres, la sociologie, l’économie, les relations industrielles et le service social. Cette école allait produire plusieurs des penseurs du Québec moderne et des artisans de la Révolution tranquille : Jacques Parizeau, Maurice Tremblay, Albert Faucher, Jean-Charles Falardeau, et autres Guy Coulombe et Michel Bélanger par exemple... les femmes pionnières elles aussi de cette Révolution tranquille étant alors encore reléguées dans l’ombre.

Puis, dans la cadre de la Révolution tranquille, le célèbre Rapport Parent sur l’éducation allait mener à la création des écoles polyvalentes, des Cégeps et à la mise ne place du réseau de l’Université du Québec et de ses composantes régionales, permettant ainsi l’accessibilité à l’enseignement supérieur tant aux filles qu’aux garçons et ce sur une grande partie du territoire national.

C’était là une des assises de l’essor phénoménal qu’a connu le Québec qui entrait enfin de plain-pied dans la modernité : progrès social, développement économique, essor au plan culturel... Rappelons que le Rapport Parent prévoyait la gratuité scolaire au niveau universitaire, mais considérant les coûts à court terme de la mise en place des Cégeps et du réseau de l’UQ, cet objectif était reporté dans le temps et d’ici l’atteinte de cet objectif, le gel des frais de scolarité devait tenir lieu de politique sur ce plan.

Comme plusieurs autres acquis de la Révolution tranquille, le projet d’un accès libre à l’enseignement supérieur fut remis en question. Dans la foulée des crises économiques à répétition, de la domination d’un capitalisme financier de plus en plus rapace, de la montée du néolibéralisme et du conservatisme et malgré les échecs et les conséquences catastrophiques aux plans social et humain des politiques d’austérité (qu’admettent désormais des économistes du FMI), la nouvelle élite québécoise composée de gestionnaires et de technocrates veut réorienter la société sur la base de politiques néolibérales : allègements fiscaux pour les entreprises et les nantis, dérèglementation, privatisation des entreprises et services publics, équilibre budgétaire, coupures et tarification des services publics...

Bref, « à tribord toute » et fin de la société distincte sur ces plans! C’est dans ce contexte historique qu’il faut situer les hausses successives des frais de scolarité de 1989 à 2012, passant de 520 $ à 2200 $, puis à 3793 $ avec la hausse qu’a tenté d’imposer le gouvernement du PLQ sous la direction de Jean Charest à l’hiver 2012. En fait, nous avons troqué une religion pour une autre, nous sommes passés d’une Église à l’autre : de la foi à l’évangile du marché.


Une sorte de nouveau Refus global:

C’était sans compter sur le courage et l’intelligence politiques du mouvement étudiant qui a entamé une grève historique et suscité une mobilisation populaire tout aussi historique, devenue le « Printemps érable ». Rapidement la lutte contre la hausse des frais de scolarité s’est effectivement transformée en une critique radicale de la gestion affairiste des universités, en une opposition à la marchandisation du savoir, bref, en une remise en question non seulement du système d’enseignement supérieur, mais aussi des politiques néolibérales et des inégalités et injustices économiques et sociales qu’elles engendrent. Nous avons vécu une sorte de nouveau Refus global (Borduas, 1948), lequel avait, en son temps, fortement contribué à ébranler les assises d’une société québécoise sclérosée.

Pour nous, il est clair que c’est dans une perspective historique et politique qu’il faut comprendre la lutte contre la hausse des frais de scolarité et pour la gratuité ou l’accès libre à l’enseignement supérieur. Trêve donc de réductions économicistes, où la comptabilité tient lieu d’analyse, où les moyens (équilibre budgétaire, rentabilité économique, croissance et augmentation incessante de la production) deviennent des fins en soi. Nous sommes donc au cœur d’une dynamique politique parce que le mouvement étudiant nous a conviés à des débats et à des choix de sociétés qui vont contribuer à déterminer l’avenir du Québec.

Les arguments que nous présentons dans la partie du texte qui suit ici ont été développés de façon beaucoup plus précise par de nombreuses personnes ou groupes de recherches qui l’ont fait sur la base de compétences que nous n’avons pas la prétention d’égaler. Sans vouloir répéter ces arguments dans le détail et pour aller à ce qui nous semble l’essentiel, considérant ce qui a été dit plus haut, voici quelques grands traits de notre « analyse ».



Contre la hausse et l’indexation:

Nous sommes contre ces deux options parce qu’elles renforcent les inégalités sociales. Si la sélection est moins évidente que du temps des « visites paroissiales » de monsieur le curé, elle n’en est pas moins bien réelle.

En effet, hausse ou indexation, il s’agit d’une augmentation des frais de scolarité qui aura comme première conséquence une baisse des taux d’accès aux études supérieures, conclusion à laquelle arrivent et le Ministère de l’Éducation des Loisirs (voir Indicateurs du MELS 2010) et la Fondation canadienne des bourses d’études du millénaire (voir Changements dans la politique relative aux frais de scolarité; Expérience naturelle effectuée dans 5 pays, 2004). À moins qu’ils soient issus de milieux privilégiés, l’augmentation des coûts en amène plusieurs à abandonner l’idée même de faire des études supérieures.

Dans le meilleur des cas, toujours à moins d’être issu de milieux privilégiés, hausses et indexation accentuent la précarité au plan financier des étudiantes et des étudiants, les forçant à s’endetter et à tenter de concilier travail et études. Or, cette conciliation se fait trop souvent au détriment des études et de nombreuses recherches démontrent que le travail salarié est une des causes de l’échec scolaire et du décrochage.

Dans de telles circonstances, les étudiantes et les étudiants issus des classes populaires, voire de la classe moyenne, et qui malgré tout persistent, peuvent finalement être conduits à réorienter leur parcours scolaire, étant incités à choisir des études plus courtes, reproduisant ainsi les inégalités sociales et économiques. Ou encore en choisissant des domaines plus rentables au plan financier au détriment des arts, de la culture, de la philosophie ou des sciences humaines.

Quant à la solution des prêts et bourses, elle ne règle en rien ces problèmes à moyen terme, sinon que les institutions financières prêteuses touchent des intérêts sur les prêts garantis par l’État! Qui plus est, considérant l’incertitude économique devenue permanente, nombre de finissantes et de finissants risquent de se retrouver après leurs études sans pouvoir occuper un emploi leur permettant de « remplir leurs obligations ».

Dans tous ces cas de figure, il y a renforcement des inégalités économiques et sociales qu’on retrouve en amont du système scolaire : c’est la raison première de notre rejet de ces solutions.



Contre le gel des frais de scolarité

Le gel des frais de scolarité ne représente en rien une solution valable. Rappelons-nous que pour les auteur-e-s du Rapport Parent, le gel devait être une solution temporaire. Or, l’histoire démontre que c’est une solution pour le moins inefficace. Même si les tenants de la hausse ou de l’indexation ont fait valoir que les frais de scolarité n’avaient pas augmenté depuis trop longtemps, ils sont passés de 540 $ en 1990 à 1668 $ en 1994, puis après quelques autres tentatives à 2168 $ en 2012. La nouvelle hausse, bloquée par la grève étudiante devait être de 1625 $ par année. Au Québec, le gel n’a définitivement rien de permanent et chaque printemps, on risque de devoir ressortir pancartes, bannières et carrés rouges!

Bref, le prétendu « gel » des frais de scolarité ne saurait donc constituer une solution aux problèmes mentionnés plus haut, l’endettement étudiant et la reproduction des inégalités économiques et sociales au premier chef.



Pour la gratuité ou l’accès libre et massif à l’enseignement supérieur:



Parce que l’éducation est un droit

Une des raisons fondamentales qui nous amène à nous opposer aux trois solutions précédentes et à choisir la gratuité scolaire est une différence non pas d’ordre quantitatif, mais qualitatif. Les trois premières alternatives ont en commun de se situer dans le droit fil de l’idéologie néolibérale selon laquelle la société est d’abord et avant tout un marché où tout doit être objet de commerce, les citoyens étant réduits au rôle de consommateur. Il en va ainsi de l’éducation, comme de la santé ou du logement d’ailleurs, domaines dans lesquels l’intervention de l’État doit être minimale et où s’applique le principe de « l’utilisateur/payeur » selon la formule consacrée. Il suffit d’ailleurs d’inverser les deux termes pour constater ce que cette formule sous-tend et à quel point cela est inique : seuls ceux et celles qui pourront se le payer auront accès aux services publics!

Or, pour nous l’accès à l’éducation est d’abord et avant tout un droit, lequel fait partie intégrante de la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée par les pays membres de l’ONU en 1948. L’article 26 prescrit que « Toute personne a droit à l’éducation. L’éducation doit être gratuite au moins en ce qui concerne l’enseignement élémentaire et fondamental. L’enseignement élémentaire est obligatoire. L’enseignement technique et professionnel doit être généralisé; l’accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en fonction de leur mérite ». À ce titre le droit à l’éducation n’est pas plus monnayable que le droit à la libre expression ou le droit de vote.

D’autre part le Canada, dont le Québec fait toujours partie, est signataire du Pacte international relatif aux droits économiques sociaux et culturels (PIDESC) adopté par l’Assemblée générale de l’ONU en 1966 et qui prévoit à l’article 13, entre autres, que « l’enseignement supérieur doit être rendu accessible à tous en pleine égalité, en fonction des capacités de chacun, par tous les moyens appropriés et notamment par l’instauration progressive de la gratuité ».

Plusieurs États signataires, dont certains n’ont pas les moyens du Québec soit dit en passant, ont effectivement fait le choix de réaliser cet engagement. C’est le cas notamment de Cuba, du Mexique, mais aussi de la Finlande et de la République tchèque par exemple, ces deux derniers n’ayant pas la possibilité de troquer une partie de leurs ressources naturelles contre une éducation gratuite comme le Québec le pourrait. À noter : parmi les 10 pays les plus scolarisés de l’OCDE, 6 n’exigent pas de frais de scolarité, en plus de la Finlande et de la République tchèque, il s’agit du Danemark, de l’Islande, de la Norvège, et de la Suède.



Parce que le savoir n’est pas une marchandise

Sur un autre plan, tout aussi fondamental, la gratuité scolaire de l’enseignement supérieur permettrait de quitter les ornières de l’idéologie néolibérale et sa conception du savoir comme marchandise utile à la réussite individuelle pour développer un rapport au savoir comme patrimoine collectif qui doit servir à développer une conscience sociale et servir le bien commun. Cégeps et universités doivent devenir des lieux de diffusion de ce patrimoine culturel, de cette culture générale, laquelle pour reprendre les termes du dernier numéro de la revue Argument « constitue un socle commun sur lequel se fonde dans toute société un dialogue social commun important dans une démocratie [...] un moyen d’appréhender le monde non pas comme un espace neutre débarrassé de toute dimension historique, mais comme un lieu signifiant à être habité véritablement [et qui] permet de former son jugement, de se repérer dans la réalité complexe et de prendre du recul par rapport au présent. » (Argument, Vol.15 No 1 automne/hiver 2012).

Ou comme l’écrivait David Desjardins dans Le Devoir, ce qui permettrait que l’école, en plus de fabriquer des techniciens, « redevienne une fabrique d’humains qui peu importe leur travail et leur statut social, sont capables de réfléchir, d’organiser leur pensée [...] des citoyens qui se rejoindraient ainsi dans un autre langage que celui du marché » (Le Devoir, 4 octobre 2012).



Parce que l’éducation est un bien précieux pour les étudiant-e-s et pour l’ensemble de la société

Les avantages de la gratuité scolaire pour les étudiantes et les étudiants vont de soi : fin de l’endettement, et même s’ils devront faire face à l’augmentation du coût de la vie, une précarité moindre, une plus grande liberté de choix de leur parcours académique et de leur orientation professionnelle et un accès libre quelle que soit leur classe sociale d’origine.

L’accès libre à l’enseignement supérieur a aussi des avantages évidents pour l’ensemble de la société : les personnes scolarisées ont les moyens d’être moins dépendantes de l’aide sociale, d’être en meilleure santé, de participer davantage à la vie démocratique et au développement culturel. Que la scolarisation soit un vecteur déterminant de progrès et de cohérence sociale n’est plus à démontrer. « Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance», pouvait-on lire sur des pancartes lors du Printemps érable.


Perspective intergénérationnelle et donc d’avenir:

Si le passé est important pour nous permettre de mieux saisir cette problématique dans un contexte plus large, notre perspective n’est en rien passéiste, bien au contraire. Nous pensons la problématique de l’accès à l’enseignement supérieur en fonction de l’avenir et de ce qui attend dès maintenant les jeunes générations. Or, nous sommes très préoccupés par le sort qui les attend. Parce que l’histoire récente de l’humanité a démontré que science sans conscience n’est pas que ruine de l’âme, mais ruine tout court, favoriser le développement de cette conscience, celle dont parlent Desjardins ou les responsables d’Argument devient une nécessité dans le contexte actuel.

En effet, sur le plan de l’environnement, d’aucuns s’entendent pour constater que la lutte contre les changements climatiques est perdue et qu’il faut désormais tenter de faire face aux conséquences dramatiques qui s’ensuivront. De la Fondation David Suzuki au Comité consultatif fédéral sur le climat des États-Unis d’Amérique, de la Banque mondiale (qui prévoit un réchauffement de plus de 4 degrés Celsius) au Forum économique et social qui se tient à Davos début 2013, tous identifient les mêmes défis immenses et sans précédent auxquels les générations à venir seront confrontées (sécheresses dramatiques par endroits, super tempêtes, raz-de-marée et inondations ailleurs, pénuries d’eau potable, déficits agricoles et crises alimentaires, migrations massives de « réfugié-e-s climatiques »). Et on ne peut qualifier ces gens de gauchistes, « d’écolos financés par des groupes étrangers ennemis du Canada », ou de « gratteux de guitare »).

Au plan socio-économique, l’accroissement des inégalités (même le rapport du Forum de Davos le mentionne parmi les risques mondiaux en plus des catastrophes environnementales) au sein des sociétés et entre les sociétés, de même que le type de développement capitaliste boulimique qui les reproduit décennie après décennie, constituent des défis colossaux auxquels se sont déjà confrontées les jeunes générations. Il en va de même au plan culturel, alors que les jeunes sont appelés à vivre dans des sociétés de plus en plus pluralistes et qui requièrent de comprendre plusieurs mondes à la fois. Enfin, au plan politique, c’est à travers le renouvellement et le redéploiement de toutes les formes de démocratie (représentative, directe, participative, délibérative) que les jeunes seront appelés à construire le « vivre ensemble ».

Dans ce contexte, l’accès gratuit et massif à l’enseignement supérieur devient prioritaire. Il faut dès maintenant donner à la jeunesse les moyens de commencer à penser, analyser, comprendre les immenses problèmes auxquels l’humanité sera confrontée, de pouvoir développer un esprit critique face aux idées dominantes pour être en mesure d’agir, de transformer le monde, de le rendre habitable pour toutes et pour tous . L’éducation pour faire société comme nous l’ont si justement rappelé les Profs contre la hausse (Journées de l’éducation, 26 et 27 octobre 2012). C’est un devoir que l’on pourrait qualifier de « moral » pour les générations d’aînées que d’appuyer les jeunes dans leur lutte pour la gratuité scolaire, lutte politique au sens fort du terme, c’est-à-dire qui concerne l’avenir de la société. Le Québec a l’occasion de rejoindre le petit groupe de « sociétés distinctes » qui ont fait ce choix.

Ont signé ce texte :

Ginette Bastien, Céline Beaulieu, François Belpaire, Louise Blais, Gisèle Bourret, Carole Brodeur, Denise Caron, Josette Catelier, Béatrice Chiasson, Eduardo Corro, Guy Demers, Lise Demers, France Desbiens, Marie-France Dozois, Céline Dumas, André Fleury, Jacques Fournier, Winnie Frohn, Kristiane Gagnon, Diane Gariépy, Louise Garnier, Yveline Ghariani, Lorraine Guay, Monique Hamelin, Yves La Neuville, Gérard Laverdure, Pierre Lebuis, France Lemieux, Réjeanne Martin, Serge Mongeau, Claude Perron, Christiane Poisson, Lucille Plourde, Richard Renshaw, René Rioux, Ana Maria Seghezzo Durbano, Claire Séguin, Wendy Stevenson, Gérard Talbot, Marc-André Tardif, François Teasdale, Gisèle Turcot, Sonia Trépanier.

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