Brèves syndicales

2013/02/01 | Par Maude Messier

Le pdg de Couche-Tard au classement des milliardaires du magazine Forbes

Montréal – On apprenait cette semaine que le pdg de Couche-Tard, Alain Bouchard, était le seul Canadien parmi les 30 nouveaux milliardaires du monde à figurer au classement du magazine Forbes.

Interpellé sur cette nouvelle qui se retrouvait jeudi matin dans toutes les manchettes économiques, le vice-président de la CSN, Jean Lacharité, a déclaré à l’aut’journal : « Peut-on au moins souligner que c’est grâce à ses employés si Alain Bouchard est milliardaire et que sa rémunération a bondi de 119 %, passant de 3 300 000 $ à 7 200 000 $. »

Couche-Tard, une entreprise québécoise qui connaît un succès mondial, est régulièrement citée pour son succès en affaires. M. Bouchard a même été nommé « personnalité d’affaires 2012 » par le journal Les Affaires.

Pourtant, depuis plus de deux ans, elle croise le fer avec la CSN dans une campagne de syndicalisation de ses employés.

Payés à peine plus que le salaire minimum, sans journée de maladie rémunérée et aux prises avec des relations de travail souvent conflictuelles parce que les normes minimales du travail en vigueur au Québec ne sont même pas respectées, les employés qui choisissent de s’impliquer syndicalement doivent aussi faire face à des mesures de représailles, ce que dénonce avec véhémence la CSN.

Cette semaine, La Presse Affaires révélait que l’entreprise s’apprêtait à vendre six établissements à des franchisés, dont trois dépanneurs récemment syndiqués: Pierrefonds, Boisbriand et Montréal-Nord. Une stratégie qui n’a rien à voir avec la campagne de syndicalisation de la CSN, assure-t-on du côté de l’entreprise.

Deux autres établissements syndiqués ont également subi le même sort, Saint-Liboire et Saint-Hubert. Jean Lacharité est catégorique : cette stratégie vise à étirer et à complexifier le processus de négociation pour l’obtention d’une première convention collective.

« C’est une stratégie claire contre la présence syndicale », affirme-t-il, expliquant qu’il est beaucoup plus difficile de négocier avec différents employeurs, les franchisés, qu’avec une seule entité, Couche-Tard.

La CSN a d’ailleurs déposé une requête à la Commission des relations du travail (CRT) pour faire statuer qui, du franchisé ou de Couche-Tard, est le véritable employeur. La Commission n’a toujours pas rendu de décision à ce moment.

« Il [Alain Bouchard] se dégage des relations avec les syndicats et de ses obligations envers les employés. Il n’y a pas de franchises depuis le début de la campagne et tout-à-coup, comme par hasard, ça tombe sur des dépanneurs syndiqués! »

Le vice-président de la CSN ajoute qu’à Saint-Liboire, le plus important établissement de l’entreprise au Québec, la décision de vendre à un franchisé est pour le moins questionnable. « Avez-vous vu l’achalandage là-bas? Comment peut-on expliquer cette décision en termes logiques d’affaires? »

La nouvelle stratégie de Couche-Tard concernant les franchises est à ce point soudaine, que le site Internet de l’entreprise indiquait toujours, mercredi en fin de journée selon La Presse Affaires, « qu'il n'est pas possible d'acheter une franchise, puisque tous les magasins sont corporatifs ».

Rappelons que Couche-Tard a aussi fermé, en 2011, deux établissements syndiqués à Montréal : les dépanneurs situés au coin des rues Jean-Talon et d’Iberville de même que celui sur Saint-Denis, au coin de Beaubien.

Fait intéressant : Couche-Tard a récemment ouvert un dépanneur dans le même secteur, sur le boulevard Saint-Laurent, à l’angle de Beaubien, sous la filiale Provi-Soir.


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Réductions d’impôts aux entreprises : l’argent dort dans les coffres… et dans les poches!

Ottawa – Un rapport publié cette semaine par le Congrès du travail du Canada (CTC) révèle que les réductions d’impôts consenties aux entreprises privées canadiennes ne vont à pas la création d’emplois, mais plutôt à renflouer les liquidités des sociétés et à graisser les salaires de leurs dirigeants.

L’étude du CTC démontre qu’entre 2001 et 2011, le total des réserves de liquidités des sociétés privées non financières du Canada est passé de 187 milliards $ à 575 milliards $. Pour l’année 2010-2011 seulement, cette augmentation se chiffre à 72 milliards $, soit plus du double que le déficit fédéral total de 33,4 milliards $ enregistré pour la même période.

« En échange des réductions d’impôt, les entreprises doivent investir dans la création de bons emplois au Canada, mais elles accumulent plutôt des liquidités et versent des rémunérations exorbitantes à leurs PDG », a commenté le secrétaire-trésorier du CTC, Hassan Yussuff.

Le CTC dénonce que ces réductions d’impôt se traduisent par la perte de milliards de dollars en recettes fiscales pour le gouvernement fédéral. Il déplore aussi que le gouvernement ait choisi d’effectuer des compressions dans les services publics pour rembourser la facture de « ses cadeaux fiscaux ».

« Ottawa ne devrait accorder des crédits d’impôt qu’aux entreprises qui investissent réellement dans la machinerie et qui ont augmenté leur productivité au Canada », a indiqué M. Yussuff, ajoutant que le gouvernement devrait également investir dans les infrastructures publiques, le transport en commun, l’alphabétisation, la formation professionnelle et les services de garde.

Le CTC souligne par ailleurs que même le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a décrit ces réserves de liquidités comme « de l’argent qui dort » et que les sociétés privées « devraient l’investir et faire travailler l’argent ».

Pour consulter le rapport : ici.

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Déjà exposé à l’amiante?

Montréal – Le Secrétariat intersyndical des services publics (SISP) réclame la création d’un registre central des établissements québécois comportant de l’amiante plutôt qu’un registre par établissement, tel que proposé par la Commission de la Santé et de la sécurité du travail (CSST) dans le Projet de Règlement sur la santé et la sécurité du travail et le code de sécurité pour les travaux de construction.

Avoir plusieurs employeurs et fréquenter différents milieux de travail au cours d’une vie professionnelle est devenue la norme pour des milliers de travailleurs.

Considérant qu’un mésothéliome peut se développer et être diagnostiqué plusieurs dizaines d’années après une exposition aux fibres d’amiante, « un registre exhaustif des bâtiments où il y a présence d'amiante est nécessaire », de déclarer Lucie Martineau, porte-parole du SISP.

Le SISP fait valoir l’utilité d’un tel outil pour les travailleurs et les retraités confrontés à un diagnostic de mésothéliome ou de toute autre forme de cancer pulmonaire lié à une exposition à l’amiante qui souhaitent entreprendre des recours en justice et faire valoir leurs droits.

Mme Martineau a ajouté qu’il pourrait « en outre constituer une banque d'informations colligées de grande valeur pour les autorités publiques à des fins de dépistage et de recherche en matière de santé publique. »


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Fonction publique : PQ ou PLQ, même politique…

Québec – Le gouvernement du Parti Québécois a décrété le 15 janvier dernier, un gel d’embauche dans la fonction publique, une mesure qui a pris de cours les Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) et le Syndicat des professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) qui n’ont pas manqué de souligner l’incohérence du gouvernement.

Au moment même où il décrétait cette mesure, le président du Conseil du Trésor, Stéphane Bédard, indiquait publiquement ses intentions de se démarquer du gouvernement précédant par un nouveau modèle de gestion des effectifs. M. Bédard faisait alors notamment allusion à la politique de non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux, décriée depuis longtemps par les syndicats de la fonction publique.

Pour pallier au manque de personnel, les ministères et organismes ont recours à la sous-traitance, entraînant une augmentation des coûts de main-d'œuvre et créant une dépendance de l'État envers secteur privé.

Les syndicats ne sont d’ailleurs pas les seuls à s’inquiéter de cette incursion grandissante des entreprises privées au détriment de l’expertise publique, le Vérificateur général du Québec et la Commission de la fonction publique ont récemment émis des réserves quant au recours accru à la sous-traitance.

Le SPGQ ajoute que cette mesure annoncée par le gouvernement péquiste risque de coûter cher aux contribuables québécois, faisant valoir qu’une ressource interne, par exemple un analyste expert en informatique, coûte à l’État au maximum 400 $ par jour (salaire + bénéfices marginaux).

En comparaison, le coût d'une ressource externe (sous-traitance) est au minimum de 571 $ par jour et peut facilement s'élever à 647 $ par jour. Pour certains domaines d'expertise, le coût d'une ressource externe peut atteindre 1200 $ par jour.


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Des AIR MILES contre des soins de santé à domicile

Mississauga – L’entreprise de soins de santé à domicile ontarienne Bayshore a annoncé fièrement, ce mardi, un partenariat avec le programme de récompenses AIR MILES.

Ainsi, « les clients de Bayshore et leurs familles disposent maintenant de plusieurs possibilités pour obtenir des milles de récompense AIR MILES lors de leurs achats de services privés », selon ce qu’on peut lire dans le communiqué publié par l’entreprise.

Par exemple, il est possible de gagner 50 milles de récompenses AIR MILES à l’achat d’un nouveau service de soins de santé à domicile de Bayshore. Pour un service privé 24 heures sur 24, l’offre passe à 500 milles de récompense.

Dans un contexte de vieillissement de la population et de restructuration des soins de santé à domicile, il apparaît évident que l’occasion d’affaires est intéressante, pour différents types d’entreprises.

« Les aînés nous disent que les soins à domicile sont plus appréciés qu'un séjour à l'hôpital, dans un centre de soins de longue durée ou dans une maison de retraite. Par l'entremise de ce partenariat, Bayshore affirme que cette indépendance doit être récompensée », a déclaré le président de l’entreprise, M. Stuart Cottrelle.

Bayshore opère plus de 50 succursales de soins à domicile et deux douzaines de cliniques à travers le Canada. Elle offre des soins infirmiers, des soins personnels, des services de soutien à domicile et des services d'accompagnement de même que des services de dotation de personnel infirmier.


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Pas de grève pour les agents de sécurité

Montréal – Les 14 000 agents de sécurité membres de la section locale 8922 du Syndicat des Métallos se prononceront sur les offres finales et globales déposées par l’Association provinciale des agents de sécurité.

Le Syndicat des Métallos annonce donc que les deux journées de grèves prévues pour le 4 et le 9 février prochain sont annulées. L’organisation a également fait valoir que le comité de négociation ne formulera pas de recommandation quant à l'acceptation ou au rejet des offres.

Aucun détail quant à la proposition patronale ne sera dévoilé avant qu’elle ne soit présentée aux syndiqués.

De façon à rejoindre le plus de travailleurs possible, 44 assemblées se tiendront à travers la province au cours des deux dernières semaines du mois de février.

Les négociations sont amorcées depuis le mois d’avril 2012 et la convention collective est arrivée à échéance le 1er juillet dernier.

Soulignons que les conditions de travail de tous les agents de sécurité au Québec, soit un total de près de 20 000 salariés, sont régies par un décret gouvernemental, lequel est basé sur la convention collective négociée entre les agents membres des Métallos et l'Association patronale.